dimanche 1 juin 2014

Reformer ou Developper le secteur de securite en Haiti : Une obligation de la reforme democratique en profondeur dans le pays

Reformer ou Developper le secteur de securite en Haiti : Une obligation de la reforme democratique en profondeur dans le pays

Jean Laforest Visene, M.A.

A quand la mise en place d’un véritable chantier de Réforme du Secteur de Sécurité (RSS) ou d’un programme de Développement du Secteur de Sécurité (DSS) en Haïti? La question sous-entend qu’une vision stratégique de la reforme ou du développement du secteur soit dégagée par le leadership. Lequel est communiqué, discuté, et qu’un consensus soit trouvé avec l’ensemble des acteurs concernée dans le contrôle et la gouvernance du secteur.  Par la suite, qu’une structuration et un système de management, d’exécution, de contrôle et de suivi soient mise en place pour piloter l’exécution de la reforme ou du développement proposée.

Les verbes reformer et développer ont chacun leur sens opérationnel. En conséquence, cela sous-entend des modes et des types d’opérations et d’appropriation qui ne sont pas tout à fait similaires. Voilà pourquoi, en premier lieu, au travers d’une série de question nous chercherons à dégager un raisonnement compréhensif entre le choix d’une stratégie de réforme ou celle de développement du secteur de sécurité en Haïti. Ensuite, nous aborderons les sous-entendus des reformes du secteur de sécurité. Enfin, aborderons des aspects méthodologiques et procéduraux de la reforme ou le développement du secteur de sécurité dans le pays.

En raison de l’inexistence des Forces armées nationales opérationnelles, permettez-nous d’être floue la question de défense en parlant de la réforme ou du développement du secteur de sécurité en Haïti. Voilà pourquoi nous utiliserons invariablement les sigles FDS (Force de de Défense et de sécurité)  ou FS (Forces de sécurité).

1.       Entre Développement du Secteur de Sécurité (DSS) ou Réforme du Secteur de Sécurité quel est le concept le plus approprié pour le cas d’Haïti ?

Y a-t-il un besoin de réforme du secteur de sécurité en Haïti ?  Pourquoi ne pas parler plutôt du développement du secteur que de sa réforme ? En regardant les nouveaux déploiements et les nouvelles approches, par exemple, au niveau de la Police Nationale d’Haïti (PNH), ne serait-on pas tenté de croire à un développement plutôt qu’a une réforme du secteur de sécurité en Haïti ? Pour en dégager un raisonnement déductif sur cette interrogation posons-nous  certaines questions.

Quel est le mode opération des forces de sécurité dans le pays, Quel est le degré de sentiment de sécurité des membres des communautés en présence des membres du secteur de sécurité ? et quel est le type de collaboration entre les membres des communautés avec les forces de sécurité ? En d’autres termes, y-a-t-il une nécessite de chercher à rapprocher les forces de sécurité des communautés ? En d’autres termes, quelle est la couverture géographique des forces du secteur de sécurité ? Quelle est le degré d’efficacité et de réponse des autres acteurs du secteur de sécurité dans le pays ? Par exemple, qu’est la capacité du système du système judicaires et du système de détention dans le pays. Pourquoi les gens sont-ils plus enclin à se faire justice qu’à se fier aux institutions de la chaine pénale. Y-a-t ‘il un système d’intelligence qui permet d’anticiper sur le crime organisé ?

 Certains pourraient tenter de dire oui, mais la situation actuelle n’est pas comparable à ce qu’on avait vers 2005 – 2007, il y a  eu d’énormes évolutions a date. Cependant, continuons avec nos séries de question pour essayer d’éclaircir un peu. Par exemple, les  nouveaux déploiements et approches en cours dans le secteur de sécurité en Haïti sont-ils, concertés, concordés au niveau institutionnel, ou ne serait-il que des coups d’essai ? Matchent-ils avec le cadre légal de référence à ce secteur, au  mode de fonctionnement, à la pratique, à la superstructure et à l’infrastructure existante ? Est-il toujours possible, à l’heure actuelle, que le politique abuse des maigres ressources de sécurité du pays à d’autres fins que celle de la démocratie ?

Les faits et les ressources informationnelles disponibles laissent comprendre que l’hypothèse d’une réforme, dans le cas où il a été déjà enclenche, la redynamisation de la réforme, est plus plausible que celle de développement du secteur de sécurité en Haïti. Certes, il est probable que la réforme ait été enclenchée sans officiellement dévoiler ses contours de la stratégie. D’ailleurs, ce terme est dans le jargon des communications des opérateurs du secteur.

Par ailleurs nous avons noté que les résolutions subséquentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies relative à la mission des Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH)  (Réf. Résolution : 1542 (2004), 1608 (2005), 1702 (2006), 1743 (2007), 1780 (2007), 1840 (2008), 1892 (2009), 1908 (2010), 1927 (2010), 1944 (2010), 2012 (2011), 2070 (2012) et 2119 (2013) ont mis en relief les différents faiblesses du Secteur de Défense et de sécurités en Haïti.  Parmi ces faiblesses nous relevons particulièrement :

·         La faiblesse au niveau des Capacités institutionnelles et opérationnelles institutions du secteur de sécurité ;
·         Le manque de formation des  agents de la police et de l’administration pénitentiaire;
·         L’incapacité infrastructurelle, en particulier la déficience de correspondance entre les besoins d’infrastructure et la capacité des locaux pour la police ainsi que pour les centres pénitentiaires ;
·         Le manqué d’effectif, certes le plan de développement de la Police nationale d’Haïti pour 2012-2016 voudrait que soit atteint d’ici à 2016  un effectif minimum de 15 000 agents  pleinement opérationnels et de moyens logistiques;
·         Les problèmes de procédure d’agrément, ainsi que  de recrutement et de formation des forces de police;
·         Le problème de contrôle de contrôle aux frontières terrestres et maritimes;

A ceux-là s’ajoutent des problèmes corolaires qui amplifient l’hypothèse d’une reforme au lieu d’un développement du secteur de sécurité en Haïti. Il s’agit de :

·         Problème majeur de violence en bande, la criminalité organisée, le trafic de stupéfiants et la traite d’êtres humains, en particulier d’enfants;  
·         Manque d’indépendance et d’efficacité des institutions judiciaires; 
·         Problème de la détention provisoire prolongée, les conditions de détention ;  
·         Problème d’absence de suite aux plaintes pour viol et de manqué d’accès à la justice des victimes de viol et d’autres crimes sexuels, ainsi que de l’absence d’une législation nationale dans ce domaine;
·         Problèmes dans la législation en vigueur en matière d’importation et de détention d’armes et le port d’armes

Néanmoins nous reconnaissons qu’il y a un plan quinquennal de développement de la Police nationale d’Haïti pour 2012-2016. Vraisemblablement la PNH voudrait se renouveler et se moderniser. Il y aurait aussi un plan de réforme de la justice, bien que ce plan n’ait pas été vulgarisé et, à notre humble avis, le secteur des droits humains n’a pas été véritablement consulté à ce sujet. Or l’un des problèmes majeur du secteur de sécurité en Haïti est au diapason du secteur de la justice. Qu’il s’agisse de l’impunité, du respect des droits de l’homme dans le système pénitentiaire, les détentions provisoires prolongées, de la surpopulation carcérale et les conditions sanitaires, tout cela rime avec les manquements au niveau du système judiciaire du pays.

Si une réforme du secteur de sécurité en Haïti devait, effectivement, être mise en branle, qu’impliquera-t-elle ? Quelle devrait être sa finalité ?

2.       Finalité d’une réforme du secteur de sécurité en Haïti

Qu’il soit RSS ou DSS, la finalité se résume aux concepts : Gouvernance, Contrôle. Cependant, le cadre conceptuel de cet exercice inclut : l’efficience, l’efficacité et la démocratie. Notons que le contrôle et la gouvernance démocratique désigne l’ensemble des normes et principes qui déterminent les relations entre les forces de sécurité et de défense. C’est la supervision par les autorités de l’état élues démocratiquement des forces de défense et de sécurité. Essayons d’en dégager les contours de cette finalité.

2.1. Définition du concept de réforme du secteur de sécurité (RSS)
Le président  de la république de Guinée le  Prof Alpha Conde, dans sa lettre de politique et de défense, eu à dire que : « La sécurité ne peut plus être vue sous l’angle purement militaire. Au contraire, elle doit englober l’ensemble conceptuel des hommes et des biens, de la sécurité humaine, environnementale et territoriale, ainsi que la sécurité politique, économique et sociale ».

Cette considération laisse entrevoir les liens de subordination du développement humain de la qualité de service des forces de sécurités. La reforme du secteur de sécurité n’a d’autre finalité que d’assurer l’adéquation des ressources de sécurité par rapport au véritable besoin des clients. Elles doivent permettre qu’elles soient gérées de manière adéquate, avec efficacité, efficience, et qu’elles soient redevables par devant des autorités civil démocratiquement investies d’un pouvoir de control.

En conséquence, un programme RSS peut éviter que les forces de sécurité et de défense se considèrent comment un état dans l’état et qu’elles soient aussi abuser par le politique pour asseoir un pouvoir arbitraire, autoritaire en dehors des valeurs démocratiques. Elles sont préparées à adresser les menace intérieurs : criminalité, le grand banditisme,  et extérieur ou à dimension international comme le trafic de drogue, le trafic d’arme, le trafic d’être humain, le terrorisme international, le blanchiment d’argent,  pour un état.

2.2. Les aspects génériques de la réforme du secteur de sécurité
Quatre aspects sont généralement pris en compte dans les reformes du secteur de sécurité.

a)      La gouvernance et le contrôle transparent du secteur. En d’autres termes, la gouvernance et le contrôle démocratique du secteur de sécurité.

b)      L’infrastructure et l’équipement des Forces de Défense et de Sécurité (FDS).

c)       La professionnalisation des forces de sécurité.

d)      Des reformes en parallèle au niveau des autres secteurs telle, la justice, les services d’intelligence et de renseignement, le cadre pénale, le contrôle des frontières et des autres portes d’entrées etc.

Certes, il y a des efforts considérables qui se déploient, mais cela ne suffit pas pour parler d’une réforme globale du secteur de sécurité en Haïti. L’approche doit être holistique. On a l’impression que les efforts ne sont pas développés en synergie avec tous les acteurs concernés par le secteur, en particulier les clients et ceux qui ont un rôle important dans le système de contrôle.

2.3. Causes du déficit observé
Les causes majeures du déficit observe dans le secteur de sécurité en Haïti sont au nombre de quatre. Ce sont :

a)      L’insuffisance d’une culture démocratique et la difficulté de convergence des systèmes politiques successivement antagonique ;

b)      Manque chronique des ressources (ressources humaines, ressources financières, ressources matérielles et infrastructurelles) ;

c)       Absence d’une vision stratégique claire, compris et répondant aux véritables besoins et attente des clients du secteur de sécurité ;

d)       Manque de coordination des efforts, de synergie et de praxis dans l’utilisation des ressources.

Ceux-là nous amené à la question de la gouvernance démocratique et contrôle démocratique ? Qui sont les acteurs et comment devront-il jouer leur rôle ?

3.       Comment adresser la réforme du secteur de défense et de sécurité en Haïti ?

Considérant le secteur de sécurité sous un angle holistique, multidimensionnelle et impliquant plusieurs acteurs et institutions nous estimons que la réforme doit être axe d’abord sur le contrôle et la gouvernance du secteur sans négliger les aspects parallèles.

3.1. Acteurs concernés par la gouvernance et le contrôle démocratique
Les acteurs concernés sont les Forces de Défense et de sécurité (FDS), l’administration étatique (Centrale et locale), le parlement (Senat et chambre des députés), le système judiciaire,  les mass-médias, la société Civile.

a)      Les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) 
Très souvent la non-implication de la hiérarchie des forces de défense et de sécurité est les causes des malaises dans la gouvernance et le contrôle de ce secteur. Il en ressort un problème de communication, de rôle et de commandement. Il est impératif que les FDS soient communicationnellement entretenues et incitée à être proactifs / participatif dans les grandes décisions modifiant la structure ou son développement.

Il est un fait qu’il y a en Haïti un besoin de renforcement de la discipline et du professionnalisme des forces de sécurité. La stratégie de renforcement ne devrait pas être une imposition mais plutôt sur la base de compréhension et de besoin interne.

b)      L’administration étatique (Centrale et locale)
Dans un régime politique de démocratie les Forces de défense et de sécurité, en principe, sont subordonnées au commandement du pouvoir civil et politique. Sauf en cas de cahors, d’incapacité des autorités civiles observé et commande par le bon sens qu’il serait acceptable que les FSD agissent de manière autonome pour remplir leur fonction. Qu’il s’agisse au niveau de l’Etat central qu’au niveau des collectivités, il y a des niveaux de responsabilité dans la commande des forces de sécurité. Certainement, le commandement des forces de défense reste la responsabilité de l’Etat central, mais les forces de police devaient être subordonnées aux autorités régionales et locales.

Il convient de souligner qu’il y a un besoin de formation des cadres civils de l’administration, tant au niveau central qu’au niveau régional et local, sur le mode opératoire et de traitement avec les FDS ainsi que sur les moyens de leur contrôle. C’est extrêmement important que les cadrent civils connaissent le processus instrumentaire et la procédure administratives des forces de sécurité et de défense. Le fait de ne pas connaitre le processus et la procédure peut occasionner des offenses dans les deux sens. Par ailleurs, faudrait-il souligner que le pourvoir de gouvernance et de contrôle ne signifie ni asservissement, ni machination. A un certain niveau on peut même parler de coordination.

c)       Le parlement (Senat et chambre des députés)
Le parlement haïtien manifestent par certains par des faits et des gestes son intérêt pour le secteur de sécurité. Cependant, il faudrait beaucoup plus d’action dynamisme et effective. Le concept d’action plus dynamique signifie, implicitement, une plus grande capacité et de vigilance du parlement à orienter la réforme et le développement du secteur de sécurité et aussi à contrôler ce secteur. C’est au parlement de réviser les lois, en fonction des besoins actuels des clients de ce secteur. Sans un cadre légal adapté aux besoins et aussi ‘’opérationnalisable’’, il ne peut pas avoir de gouvernance et contrôle démocratique du secteur. Par ailleurs, il revient au parlement de veiller à ce que les règles et les procédures tracés par le cadre légal soient suivies.

d)      Le système judiciaire
Le système  judiciaire assure, en fait, la souveraineté du contrôle du secteur de sécurité. Qu’il soit intra ou extra des FDS, c’est le secteur judiciaire qui sanctionne de manière coercitive la violation des règles du secteur et s’assure que les agents exécutifs du secteur n’en abusent pas de leur pouvoir.

e)      Les mass-médias
Les Mass-médias sont le pivot de la gestion transparente du secteur de sécurité. Car la sécurité, tout comme l’insécurité est avant tout de l’ordre de l’affectivité. Le sentiment de sécurité ou d’insécurité, la confiance ou la méfiance dans les ressources de sécurité, sont, entre autres, des vecteurs importants du climat observé. Le media n’est pas neutre dans la création de ce climat. L’une des causes est le manque d’accès à l’information réelle. N’ayant pas accès  à l’information de première main, le media n’a souvent recours qu’à l’information de nième main qui est souvent de l’ordre de la rumeur. A ce niveau le media participe à la construction et ou à l’entretien de l’insécurité.

Certes, à part l’accès à l’information réelle, il n’existe pas de journalistes spécialisés du domaine de la sécurité dans les medias en Haïti. On ne parle pas de reporteur des faits et des réalités de violence, mais des journalistes qui auraient une capacité d’analyse et de recul par rapport aux informations, aux  faits et aux réalités de sécurité. Car le journaliste professionnelle n’est pas simplement un élément du canal de transmission communautaire de l’information, il est aussi un analyste et un expert qui peut avoir l’aura de transmettre l’information certes mais de la rendre objectivable pour le récepteur.

Dans cette perspective de gouvernance et de contrôle démocratique des ressources de sécurité, il est de la responsabilité des medias d’outillés l’opinion publique de manière objectif. Ce qui faciliterait a la société civile dans ses rapports d’influence de la prise de décision par rapport au secteur de sécurité.

f)       La société Civile
La société civile doit faire l’effort de dessiner et d’aménager un espace public avec l'État, pour que les besoins, même des ménages ordinaires soient, compris et  pris en compte dans des décisions de referme du secteur puissent discuter et aborder l'action.

3.2. Les différents piliers  à prendre en compte dans ce processus de reforme

L’approche pour parvenir à une vraie réforme doit être holistique. Cette approche doit prendre en compte les aspects suivant :
 
·         Le contrôle des armes,
·         La réforme de la justice ;
·         La réforme du système de détention et de correction
·         Création d’un service d’intelligence efficace ;
·         Le système de renouvellement du pouvoir politique en particulier les élections ;


Afin d’y parvenir il faudrait :

·         L’organisation de séminaire de diagnostic des besoins, réunissant tous les  acteurs et secteurs afin de connaitre l’ensemble des préoccupations des clients du secteur de sécurité ;
·         La création d’une structure de pilotage de la réforme proposée ;
·         La mise en place d’un comité technique de suivi ;
·         La mise en place de comité technique sectoriel constituant des entités de la sécurité, de la défense, de la justice, l’environnement,

4.       En guise de conclusion

Il est un fait qu’il n’y aura pas de de développement  en Haïti sans sécurité, de même qu’il n’y aura pas de développement sans paix. D’où la nécessité des réformes en profondeur, synonymes de refondation de l’état basée sur des principes véritablement transversaux-démocratiques, c’est-à-dire qui mettent à coté les pratiques populismes et pseudo-démocratiques pour donner le  pas à la rationalité démocratique.

La réforme du secteur de sécurité  fait partie de l’ABC de l’établissement d’un état de droit démocratique. La reforme permettra que les FS (Forces de Sécurité) composées de police et de service d’intelligence ou FDS (Forces de Défense et de Sécurité) incluant, à part les précités,  une force armée, soient efficaces, efficientes, abordables, respectant les  normes internationales et les droits de l’homme. Elle permettra aussi de créer les conditions pour qu’elles soient effectivement et rationnellement redevables aux autorités haïtiennes et aux habitants du pays : « Fini lame ak lapolis kraze zo ». En plus que la réforme doit faire l’objet d’une appropriation, elle doit tenir compte des dimensions:  politique, holistique et technique.

 Nous avons fait remarquer également que la réforme du secteur de sécurité en Haïti ne se résume pas uniquement à la refonte des FDS. La réforme devra être holistique comprenant aussi bien le secteur judiciaire que le secteur pénitentiaire. Le contrôle et la gouvernance démocratique est déjà reconnu par le droit haïtien (Voir la constitution en vigueur et les lois sur les forces de sécurités en Haïti). Elle y va de pair avec la réforme et le renforcement de la capacité de l’administration, la réforme de la justice et la réforme du système pénitentiaire.  Nous avons fait remarquer également qu’il faudrait qu’au niveau macro qu’une nouvelle vision de la sécurité soit dégagée qui prendrait en compte les nouveaux besoins locaux dans ce domaine.

Rappellerons quelques éléments de l’essence pour que cette réforme puisse être possible : La qualité de la vision et la dimension et le degré d’engagement du leadership ; L’adhésion des forces de Sécurité  et de Défense à la reforme; L’appropriation, à la base, par les autres structure en particulier la communauté ; La vision des relations que la population se fait de ses relations avec ces forces de sécurités de défense ; La volonté d’accompagnement des partenaires financier

Terminons par cette assertion pour dire que la réforme du secteur de sécurité est le fer de lance d'une véritable réforme du secteur démocratique. Dans un environnement où les forces de sécurité ne sont pas gouvernées et  contrôlées sur des bases démocratiques, on peut s’attendre à des pratiques occultant les vrais valeurs de la rationalité démocratique.

Jean Laforest Visene
Sociologue, M.A. es Sc. Développement
Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)
E-mail : visenejl@gl.com
Web page : www.visenjl.blogspot.com

QU’EST-CE QUE LA STRATEGIE « REDUCTION DE LA VIOLENCE COMMUNAUTAIRE (RVC) » ?


Qu’est-ce que la Stratégie « Réduction de la Violence Communautaire (RVC) » ?

Par Jean Laforest Visene, M.A.

 La stratégie ‘Réduction de la Violence communautaire fait partie de ce qu’on appelle : « seconde génération du Programme DDR » des Nation Unies. Elle est spécifique par rapport aux besoins des milieux en situation de violence aigue. En effet, son but n’est pas différent des programmes de type DDR Traditionnel à savoir : « Supporter le processus de paix, contribuer à créer un espace politique stable et un environnement sécuritaire » (1).

1.       Différences entre DDR classique et DDR seconde génération

Il y a trois différences fondamentales entre un programme DDR classique et un DDR de seconde génération, incluant la stratégie  Réduction de la Violence Communautaire. Ce sont :

·         La première se trouve au niveau de la stratégie d’intervention : Alors que le DDR classique privilégie une approche institutionnelle, la seconde génération : Réduction de la Violence Communautaire, comme son nom l’indique privilégie l’approche communautaire ayant donc la communauté comme le centre de ses actions. L’action se résumerait ainsi : « Tout pour et par la communauté ». C’est la communauté qui connait ses problèmes de sécurité, c’est elle qui connait les remèdes et c’est elle qui détermine quelle est l’appui externe nécessaire pour y parvenir.
 
·         La deuxième différence est le cible privilégié : Tandis que le DDR classique adresse le problème de la violence engendre par des groupes, belligérante, clairement identifiés et organisés, ayant un système de commandement avec qui on peut engager un processus de DDR, qui pourrait signer un accord de paix avec l’autre partie opposée, la seconde génération, quant à elle, adresse le problème de la violence engendre par : Des groupes armés indisciplinés ; des éléments armes qui fonctionnent en solo pour satisfaire leur besoins de base ; des jeunes à risque ou vulnérables ;  les adolescent sans tuteur pouvant être manipuler dans le cycle de la violence.

·         La troisième différence est le bénéficiaire principal du programme : Tandis que dans un programme DDR classique le bénéficiaire est le combattant et ses associés, dans le cas du DDR de seconde génération, c’est plutôt la communauté qui est le bénéficiaire. Le bénéfice est donc partagé. Cela évite aussi la critique qui fait savoir que le programme DDR ne fait que récompenser que les bourreaux, des gens qui ont fait des choses mauvaises tandis que, ceux qui en ont souffert ne sont pas prise en considération. Certains pensent même que le fait que le principal bénéficiaires est le bénéficiaire lui-même  est un incitatif pour que des gens cherchent à se procurer d’une arme pour en pouvoir devenir bénéficiaire.
 
2.       Quand le DDR seconde génération devient la panacée du DDR classique !
Il arrive parfois que le DDR classique n’est pas du tout possible, soit parce que les conditions politiques ne le permettent pas, soit en raison de la nature des bandes armée. C’était le cas, par exemple en Haïti, où la violence n’était entretenue que par des gangs armés composés en particulier de jeunes exploitant la violence comme une ressource pour satisfaire leur besoin. Il n’y avait pas d’interlocuteur, il n’avait pas de motivations politiques clairement exprimées, et non plus la possibilité de signature d’un accord de paix entre des groupes opposés.

Dans des situations similaires, à celles mentionnée, il reste comme panacée que la stratégie de réduction de la violence communautaire qui offre la possibilité de diminuer progressivement l’emprise des groupes armés sur la population. D’autant que cette stratégie donnent les moyens pour identifier, plus clairement les besoins des groupes armés communautaires, d’identifier leurs motivations et leurs intérêts, leur capacité et la manière de diminuer progressivement leur influence sur les communautés ou elles sont installées.

Idéalement, le travail de conscientisation et de responsabilisation active de la communauté peut ouvrir la porte à un nouveau type de désarmement que l’on appellerait le désarmement communautaire. C’est le cas, en Haïti où des jeunes avaient choisi de remettre, volontairement, leurs armes, sans exiger aucune contrepartie. Certainement après, ils ont été canalisés vers des projets de formation professionnelle de la RVC afin qu’ils puissent recevoir un accompagnement a la réinsertion communautaire.

Faudra-t-on reconnaitre que la stratégie “Réduction de la Violence Communautaire” Ressemble à la phase Réinsertion / réintégration dans un cadre de DDR classique. Mais en raison des faiblesses observées dans le passé dans l’exécution de cette phase, on peut compter sur la stratégie réduction de réduction de la violence communautaire pour être complémentaire à la phase réinsertion / réintégration d’un DDR classique, si les deux sont possibles dans un contexte de mission de maintien de paix.

3.       Avantage et limite de la stratégie Réduction de la violence communautaire
Un avantage que nous estimons judicieux de signaler de la stratégie réduction de la Violence Communautaire sur le DDR classique, est qu’elle offre la possibilité de lier le programme à des stratégies plus larges de consolidation de la paix et de développement. Ensuite, elle est à cheval entre le DDR classique et la Réforme du Secteur de Sécurité (RSS). De ce fait elle donne de plus grande opportunité de stratégie de sortie plus pérenne.

Notons que la stratégie « Réduction de la violence communautaire » a été initiée, pour la première fois en milieu « Peace Keeping Mission » des Nations Unies, en Haïti entre 2007. Mais le programme a pris véritablement une extension vers les années 2010. Les évaluations du programme, conduites par des partenaires d’évaluation externe, montrent qu’il a eu certains petits problèmes durant sa période d’installation entre 2007 et 2009. Mais ces problèmes ont été bien ficelles à partir de 2010 (2). Actuellement un programme similaire, adapté, est en train d’être testée au Soudan du Sud, au Congo et en Côte-d’Ivoire. Notons que la Banque Mondiale a aussi fait une expérience similaire dans un programme adressant la problématique des jeunes à risque et/ou associés à la violence en Timor-Leste (3).

En termes de limite, la stratégie Réduction de la Violence Communautaire n’adresse pas les autres formes de violence supra-communautaire, telle que la violence institutionnelle ou d’Etat, le grand banditisme, l’émotionnel et le passionnel et autres. Comme son nom l’indique, elle adresse les types de violence dont leurs germes sont ancrés soient des pratiques communautaires/ socio-culturelles, soient lies à des carences et ou des besoins sociaux des membres  la communauté. Voilà pourquoi elle appuie le développement au sein des communautés une culture favorable à la paix et à la résolution pacifique des conflits et aussi elle aide à la satisfaction de certains besoins de base qui sont des vecteurs de la violence communautaire.

4.       En guise de conclusion
Le processus Réduction de la Violence communautaire n’est pas, une fois pour toute, acquis, conquis, et constaté. Donc, il n’existe pas une formule « ceteris paribus » comme si « toute chose étant égale ailleurs, une solution passe-partout sera appliquée. Voilà pourquoi il revient toujours aux acteurs de comprendre le concept, d’analyser la situation problématique et de définir une stratégie adaptée.  Dans les résolutions des Nations Unies où l’on propose la mise en œuvre de la stratégie Réduction de la Violence Communautaire on insiste sur le fait que l’équipe de la mission doit aider le gouvernement à définir une stratégie Réduction de la Violence Communautaire et à lui donner l’appui en expertise pour la mettre en œuvre. Le fait même d’insister dans les résolutions que  les objectifs et priorités des Nations Unies et, partant, de sa configuration, ses activités et ressources connexes devraient être adaptés au fil du temps à la situation sur le terrain » dénote la nécessité que les différents concepts des missions de paix doivent être analysés au fur et à mesure afin qu’ils soient adaptés au réel social global. D’où la nécessité aussi que le concept « Réduction de la Violence Communautaire » soit réactualisé périodiquement, en redéfinissant notamment ses éléments d’opérations et ses critères de choix.

Notes

(1) Department of Peacekeeping Operations,  SECOND GENERATION DISARMAMENT, DEMOBILIZATION AND REINTEGRATION, (DDR) PRACTICES IN PEACE OPERATIONS : A Contribution to the New Horizon Discussion on Challenges and Opportunities for UN Peacekeeping, http://www.un.org/en/peacekeeping/documents/2GDDR_ENG_WITH_COVER.pdf, © United Nations 2010,  380, Madison Ave, 11th Floor, New York, NY 10017, USA January 2010, page 3.
(2) Pour des détails sur le contenu programme voir: Jean Laforest Visene, « linkag Of the Community Reduction Violence approach in Haiti”, http://visenejl.blogspot.com/, mars 2014.
(3) Banque Mondiale (BM), “Timor Leste - Youth Development Project
http://www.worldbank.org/projects/P106220/timor-leste-youth-development-project?lang=en.

 Jean Laforest Visene
Sociologue, M.A. es Sc. Développement
Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)
E-mail : visenejl@gl.com
Web page : www.visenjl.blogspot.com