mercredi 19 septembre 2018

QUAND LE DROIT INTERNATIONAL SERT DE PARAVENT À LA DEMANTE D’INTEGRATION D’HAÏTI DANS L’UNION AFRICAINE!


Quand le Droit international sert de paravent à la demante d’integration d’Haïti dans l’Union Africaine!

Par Jean Laforest Visene @LT

L’enseignement du Droit International (DI) et des Relations Internationales (RI) est devenu essentiel dans la stratégie de développement et de renforcement des capacités internes d’un pays à avoir des relations extérieures intelligentes allant dans le sens de la défense et de la sauvegarde des intérêts nationaux, en étroite harmonie avec l’esprit de la convention de Vienne (Genève) sur les relations diplomatiques.

En ce sens, cet enseignement associé à la pratique et à la connaissance approfondie des différents espaces de connexion, permet aux pays de se parer aux différents aspects de développement, en particulier, celui d’interagir avec de grands ensembles d’acteurs en toute connaissance, tant des faits que du fond normatif et règlementaire des Relations Internationales. En fait, il s’agit du DI au service des RI qui propulserait les pays dans une autre ère de valeurs de relations extérieures. Ce système désuet d’affrontement est remplacé par une méthode pragmatique nouvelle c’est-à-dire les négociations et les changements décisifs.

Les RI, ayant été constituées en une discipline d’enseignement universitaire en 1919, avec la création de la chaire Woodrow Wilson à l’Université d’Aberystwyth, au Pays de Galles, sont en profonde interaction, pour ne pas dire complicité, avec des disciplines traditionnelles telles que le Droit, la Sociologie, l’Administration et la Gestion, l’Economie et les Sciences du Développement. Mais, de toutes ces disciplines, c’est avec le Droit qu’elles entretiennent la plus grande complicité. Bien qu’il faille avouer que le domaine des RI reste la chasse-gardée de la Science politique.

La complicité du DI et des RI est devenue de plus en plus grande au cours des décennies d’après l’institutionnalisation de l’enseignement des RI. En effet, l’ampleur des catastrophes provoquées par la première guerre mondiale (1914 – 1918), que l’on appelle la « Grande Guerre », a éveillé la conscience intellectuelle et inspiré les théoriciens de la praxis politique sur la nécessité d’approfondir la théorie de la politique internationale. En effet, la réflexion théorique, qui en découle, entendait fournir aux stratèges et décideurs politiques les moyens de poursuivre des idéaux de paix et de stabilité internationale sans recourir à l’exercice de la puissance brutale comme moyen de défense et de sauvegarde de leurs intérêts nationaux.

Certes, dans les conditions prévues par la charte des Nations Unies (article 41 et 42), l’usage de la force reste l’apanage de l’action internationale, pourvu qu’il soit conforme à la loi et aux traités internationaux signés. C’est un moyen, selon la norme des Relations Internationales qui peut permettre d’assurer la sécurité et la stabilité, la sécurité internationale et particulièrement de dissuader un « État voyou » à respecter la norme internationale. Certes, certains, se faisant passer pour des gardiens de paix et de la sécurité internationale en abuseraient, et l’utiliseraient comme l’instrument le plus efficace et le plus rapide pour défendre et protéger leurs propres intérêts nationaux. Souvent, des belligérants utilisent leur puissance dissuasive comme instrument de terreur pour intimider leurs adversaires. Contradictoirement, elle va à l’encontre des buts poursuivis et produit des effets très indésirables, fragilisant ainsi l’harmonie et le bien-être de la communauté internationale.
                          
Relevant d’un domaine très délicat, les rapports internationaux d’un état mériteraient d’être construits et adressés suivant un cadre théorique adapté au contexte et aux valeurs admises en la matière. En même temps qu’un ensemble social, désigné sous le nom d’État, doit chercher à défendre ses intérêts dans ses relations avec les autres États. Il est donc politiquement correct que cette défense d’intérêts respecte les règles internationales de droit.

En dépit de cette circonscription de la défense des intérêts supérieurs d’un pays dans le giron de la règle de droit, il parait qu’il est bienséant de chercher les voies consensualistes afin de planter les bases d’une relation durable et profitable aux différents acteurs. Car, les rapports entre des ensembles sociaux qui ne siéent pas à la règle peuvent être les prédicats d’inimitié et d’instabilité. De ce fait, il faut penser l’action de composition, de coopération, de la peser dans la balance de la rationalité d’agir, de vivre et d’être ensemble en la liant à la norme internationale admise.

Qui, dans un ensemble social, dans une unité géographique déterminée pourrait contribuer à faire émerger une telle pensée, rationnelle en valeur, de l’agir social avec des ensembles sociaux de l’extérieur et ainsi s’assurer que l’issue s’inscrive dans une perspective de pérennisation de la stabilité internationale ? Certains répondraient immanquablement que c’est le décideur politique de cette unité qui a le gouvernail de l’État. D’autres diraient que c’est la communauté des acteurs politiques qui, en quelques sortes, cristallise les conditions internes de coopération avec l’extérieur. 

Par contre, d’autres encore pourraient dire que l’action de composition et de coopération d’un ensemble sociale dans une unité géographique déterminée est aussi déterminée par le peuple. Car, dans le monde moderne, c’est la dominance de la démocratie représentative qui prévaut dans presque tous les pays. De ce fait, les fauteuils de pouvoir et en conséquence les rênes de la diplomatie et des relations extérieures sont la propriété du peuple, qu’il confie aux décideurs politiques. De ce fait, la politique extérieure d’un État est conduite par des décideurs politiques certes, mais lesquels sont directement ou indirectement désignés par le peuple, que nous considérons comme leur géniteur politique. Ces décideurs politiques, considérés comme des opérateurs politiques, ne devraient faire que la transcription et la matérialisation des vœux et besoins du peuple dans leurs actes, dont la finalité ne devait être que la recherche et la défense des intérêts du peuple. 

Incontestablement, les uns et les autres sont indissociables de l’action de décision de composition et de coopération tant au niveau interne qu’externe d’un ensemble social d’une unité géographique. Il est important de noter que les décisions rationnelles sont souvent entravées par des aspects sous-jacents à la fonctionnalité des facteurs et des vecteurs politiques tant interne qu’externe ainsi que de la posture des acteurs – opérateurs politiques.  Nous ne prétendons pas que ces acteurs et les structures administratives de la politique extérieure ne peuvent que produire des jugements de valeur, qui crêperaient toujours avec le sensationnalisme et l’activisme malvoyant. Cependant, il est un fait que seuls des observateurs qui ont la hauteur de se poster dans la logique du principe de « neutralité axiologique » peuvent produire un jugement plus équilibré par rapport aux faits qui conditionnent l’action de composition et de coopération de l’ensemble social d’une unité géographique donnée avec d’autres ensembles sociaux.

Formellement à portée de prescription, l’ouvrage ayant pour titre : Intégration de la République d’Haïti dans l’Union Africaine : A la recherche des fondements ethno-juridiques, édité sous les auspices d’« Ecki Publications » en République Démocratique du Congo  est une recherche anthropo-socio-juridique qui situe la demande de la République d’Haïti dans la logique de Droit international empreinte d’une réflexion de neutralité et de distance axiologique. Le travail est motivé par le simple désir d’argumenter cette vision et de mettre en perspective les fondements sociojuridiques qui sont sous-jacents à la demande d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine. Ainsi, l’ambition ici est d’identifier, en termes de Droit International et des Relations Internationales, les critères juridiques d’intégration d’un pays dans l’UA, la qualité juridique de la demande, les intérêts de la République d’Haïti à poursuivre ses vœux d’intégration dans l’UA, les voies et moyens juridiques dont elle dispose, ainsi que les ouvertures que confèrerait à Haïti une éventuelle intégration à part entière dans l’UA.

L’ouvrage est divisé en quatre parties dont la première partie s’intitule : « A la recherche de la valeur heuristique du rapprochement de la République d’Haïti à l’Afrique » et la seconde : « Vers une compréhension des rapports historiques et diplomatiques entre Haïti et l’Afrique » la troisième partie : « Les alibis de la demande d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine » et la quatrième : « De l’interprétation du paradigme d’intégration d’Haïti dans l’Union africaine ».

La Première partie : A la recherche de la valeur heuristique du rapprochement de la République d’Haïti à l’Afrique est une des parties les plus importantes de la recherche puisqu’elle nous permet de définir les contours de cette étude, cherchant à comprendre et expliquer la démarche de la République d’Haïti en vue de son intégration dans l’Union Africaine (UA).

Cette partie met en relief le problème de l’intégration d’Haïti au regard du Droit International. Elle permet de contextualiser le problème de la recherche de la demande d’intégration, en isolant les opinions qui l’entourent et les conditions qui la rendraient incongrue. Par ailleurs, y sont exposées les bases de la qualification de la démarche de la République d’Haïti.

Chapitre 1.  De l’énoncée du contexte d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine : dans ce chapitre nous avons fait une contextualisation de la demande d’Haïti, tant par rapport à l’histoire du pays que sur des contextes géopolitiques et géostatiques qui ont une forte détermination sur la morphologie politico-administrative du pays. Nous y avons aussi jetez un bref coup - d’œil par rapport aux mêmes types d’alliances spécifiques que sous-entend cette démarche d’Haïti.

Chapitre 2. Paradigme de la demande d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine (UA): Dans ce chapitre, nous avons présenté le problème de la recherche et fait un choix stratégique de l’angle de traitement sur la base des questions fondamentales. Nous y avons aussi défini l’angle opérationnel.

Dans la deuxième partie intitulée : Vers une compréhension des rapports historiques et diplomatiques entre Haïti et l’Afrique, nous exposons les liens historico-culturels entre le peuple et les peuples d’Afrique. Nous y retraçons la trajectoire de l’haїtianité, partant de l’africanité de sa désillusion et de son syncrétisme en interaction avec d’autres cultures. Nous effleurons aussi des aspects emblématiques de l’épopée haïtienne qui a rendu la mère patrie « Afrique » fière d’Haïti, qui dans la littérature se réclame être sa fille.

Chapitre III. Présentation de la République d’Haïti. Ici, nous avons présenté la configuration socio-spatiale de la république d’Haïti, des aspects historiques, économiques et culturels, incluant ses forces / atouts et ses faiblesses. Ce chapitre est le pré-plaidoyer de la défense de la requête d’intégration d’Haïti dans l’UA.

Chapitre IV. Représentation diplomatique d’Haïti au niveau mondiale. Dans ce chapitre nous avons aussi exposé des parcelles d’informations mettant en valeur l’attrait de charme de l’échange entre Haïti et l’Afrique. Nous tentons ici de faire un essai de compréhension de la représentation diplomatique de la République d’Haïti par rapport à ses intentions et ambitions d’intégration de l’Union Africaine. Cet exercice nous a permis de comprendre la réalité de représentation diplomatique d’Haïti au niveau mondiale et de formuler des recommandations de refonte de cette représentation eut égard aux intentions et ambitions déclarées.

Dans la troisième partie : Les alibis de la demande d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine nous abordons les aspects fondamentaux de la demande d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine. Nous relatons des aspects du droit positif donnant à la république d’Haïti des apparats juridiques qui lui confèrent des droits quoique non évidents.

Nous avons, d’abord, procédé à une déconstruction de la charte fondamentale de l’UA, puis, exploré les failles de cette charte afin de faire ressortir des zones d’une défense juridiquement rationnelle et intrinsèquement ancrée dans le cadre normatif de l’institution.

Chapitre V. Faits et évènements marquants des Relations Internationales entre la République d’Haïti et l’Afrique : Ce chapitre a permis de mettre en évidence le combat que la République d’Haïti a mené au niveau international en faveur de l’Afrique. Cette curiosité nous a permis d’aboutir à l’interprétation du sens de la magnanimité des pays africains qui accepteraient l’admission de la République d’Haïti au sein de l’Union Africaine.

Chapitre VI. De la charte fondamentale de l’Union Africaine (UA) : Dans ce chapitre, nous présentons la charte de l’Union africaine afin de cerner les forces et les faiblesses de ce cadre juridiques, dans le souci de déterminer les éléments de stratégie de soutien de la démarche d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine.

Dans la quatrième partie : De l’interprétation du paradigme d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine, nous avons essayé d’idéologiser et de schématiser la pensée de l’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine. Car, de façon naturelle, cette demande est en lien avec une vision du monde (des pratiques, des croyances) partagée par l’ensemble social haïtien. Elle est clairement décryptée, mise à jour par les décideurs politiques et alors traduit dans les vœux de politique interne.

Chapitre VII : La démarche d’intégration d’Haïti dans l’UA : Au-Delà des Concepts : Dans ce chapitre, nous avons porté nos regards sur des concepts sous-jacents à la thématique d’intégration.

Chapitre VIII : L’intégration d’Haïti dans l’UA au regard des grandes doctrines de Relations Internationales. Dans ce chapitre, nous avons apprécié à la loupe la demande d’Haïti face aux grands courants de pensées en matière de Relation Internationales :   Le réalisme, le libéralisme, le marxisme, le structuralisme et autres.

Chapitre IX : Demande d’Intégration d’Haïti dans l’UA : Des vœux de noblesse ethno-juridiques bafoués par la mécanique. Dans ce chapitre, nous apprécions la demande d’intégration en tenant compte des aspects non seulement juridiques, mais aussi de la mécanique qui est mise en place pour faire atterrir la vision que sous-entendrait une telle demande.

Le contenu de l’ouvrage couvre trois aspects fondamentaux du domaine du Droit en matière juridictionnel, à savoir : La qualité, l’intérêt et l’instance. En effet, au regard des principes généraux du droit, en matière juridique, les deux premiers éléments constituent les conditions de recevabilité d’une affaire. C’est le principe de la rationalité du « droit d'agir ». Le droit d'agir en justice suppose notamment que le demandeur possède un titre ou un droit particulier pour pouvoir intenter l’action et l’intérêt légitime qui peut être matériel ou moral ou ressortir de la loi. L'existence de ces deux éléments est essentielle pour qu'il existe un droit d’agir en justice. Certainement, pour agir en justice il faudrait qu’il existe une instance de décision judiciaire. Ces conditions existent- elles ?

A défaut de l’existence de ces conditions, il y aurait la possibilité pour les opposants de soulever ce qu’on appelle dans le jargon juridique « une fin de non-recevoir » ? En effet, en instance, celui qui invoque une fin de non-recevoir n'a pas à justifier de l'existence d'un quelconque grief ou préjudice, contrairement aux exceptions de nullité. Sauf, qu’une fin de non-recevoir est susceptible d'être régularisée. L'irrecevabilité sera donc écartée si sa cause a disparu au moment où le juge statue. Comment Haïti peut-elle se préparer à cette éventualité ?

Nous n’avons certainement aucun intérêt à mettre sous la loupe de l’intellect les forces et faiblesses de la République d’Haïti, de l’Afrique et de la posture internationale en matière de Relations Internationales coopération afin d’accomplir une forme d’activisme. Cependant, dans les en-dessous de ce travail et la vision utilitariste de la réflexion académique l’activisme s’est involontairement inscrit. Mais, elle n’est pas au top de ma motivation intellectuelle et universitaire.

Nous osons dire que cette réflexion souscrivant à une démarche compréhensive et explicative, relate ce qui est et ce qui pourrait découler de cette intégration d’Haïti dans l’Union Africaine. Les faits historiques et les arguments sociojuridiques concourent à cette conviction de bonne foi et de probité.

Nous espérons que ce travail conçu au diapason des Sciences Juridiques, des Relations Internationales, des Sciences du développement de l’Anthropologie et de la Sociologie haïtienne puisse être utile et avoir un avis rationnel sur la question de la démarche d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine. Qu’il soit une référence pour les décideurs, les opérateurs et les lecteurs en vue d’une meilleure compréhension des rapports du Droit Internationale (DI) et des Relations Internationales (RI), pour l’identification des atouts de la coopération consensuelle et réglementaire devant aboutir à un Haïti et une Afrique plus sûre, plus stables et plus coopératives.

L’ouvrage, édité cette année (2018), sera mis en vente à travers les plates-formes virtuelles et les vitrines librairies en Haïti et dans plusieurs pays africains.

Jean Laforest Visene @LT
Sociologue, Juriste, MA Sc. Dev.
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti