dimanche 29 janvier 2017

A la fois libre et prisonnier du social


A la fois libre et prisonnier du social

.- Par Jean Laforest Visene

Des gestes vraisemblablement simples, mais qui en disent beaucoup

Chaque soir la défunte Lyvia Tulce soir, une paysanne de Vilou une localité de la commune du département du sud d’Haïti, s’agenouillait devant son lit, fermait ses yeux, marmotte, l’aire serein et souriante, pendant plus d’une dizaine de minutes et plus. Pour clore son cérémonial, elle dirige les paumes de ses mains ver le ciel, puis vers sa bouche  pour donner une bise à chacune d’elles. Comme un rituel obligatoire, ce cérémonial sera répété le lendemain matin.

Ces gestes de Lyvia, posés dans son intimité, sont-ils isolé de son biotope socio-matériel ? En quoi cela est-il tributaire de sa socialisation et peut exprimer ses liens parentaux ? Dans la perspective d’une réponse à ces questions nous avons fait des observations dans l’environnement familiale de Lyvia et essayer de le relativisé à un niveau plus large.

Malgré eux pour le sociale

Prenons un autre cas, celui de Jean-Pierre et de Lydie deux jeunes adolescentes. Le premier est issu d’une famille pauvre, habitant dans un quartier réputé dangereux de la capitale haïtienne tandis que le second, est issu d’une famille du haut commerce et de l’oligarchie haïtienne. Participant aux festivités de leur paroisse, Nous avons constaté que Jean-Pierre est enfant-de-cœur. En raison de ce rôle de sacerdotal, nous avons constaté que lord du cérémonial, prend siège dans le haut lieu. Lydie, elle, membre du choral de l’église, prend siège dans un espace réservé et enviable en raison de ce rôle. Mais l’espace est plus près de la masse des fidèles. Nous avons constaté aussi que les tenue vestimentaire des deux individus sont différents l’une se l’autre.

Un fait est certain, chacune de ces fonctions entraine des privilèges sacerdotaux. Mais posons une question simple, mais fondamentalement axé sur le culturel et le social : En quoi le sexe de l’un ou de l’autre est déterminante pour pouvoir jouer le rôle. Quelle serait la réaction des fidèles de cette église catholique si un jour ils voient que Lydie joue le rôle sacerdoce d’enfant-de-cœur ?  En quoi, cela peut-il relativiser une perception sociale sexiste, discriminatoire sur le genre ? Pourquoi en dépit, de trait dominant du catholicisme dans le vodou haïtien, les deux pourraient être traités au même piédestal.

Le vivre-ensemble nous impose ses lois

Prenons un autre exemple, un en enfant né en Hatti, dans une famille pauvre, ou riche, noire ou de couleur, paysanne ou citadine, religieuse ou athée, de gauche, centriste, droite ou neutre … après avoir terminer son cursus classique décide d’entreprendre des études en économies. Il s’inscrit à une Faculté de la place où est enseigné l’économie. Pour être admis il doit participer a concours a travers lequel il rentre en compétition avec d’autres postulante. Aux termes de ce processus, il est admis à la faculté  examens il est admis, soit par mérite, résultant des savoir acquis au cours de processus académique, pédagogique et/ou de la vie courant, ou il est admis par la force de ses liens faibles. Intégrant la formation, il est reçu à la faculté selon les convenances, les usages, et le pratiques de l’institution. Avant d’etre accepté comme membre effectif de l’institution il doit satisfaire à certaines obligation fixé par l’administration de l’institution qui sera couronné par un cérémoniel académique.

Et alors nous nous libre ou esclave du sociale ?

Que révèlent ces trois cas typique ? Comment caractérisent-ils l’ancrage social de des concerné ?

Dans le cas de Lyvia, on peut dire même dans sa vie privée elle pose des actes qui témoignent de son appartenance social et de son cercle familiale. Elle n’a pas elle-même inventé les faits et geste que nous avons observé. Elle les a appris à travers des espaces sociaux qu’elle a transité que l’on peut qualifier de trajectoire socialisant : Sa famille, sa religion, sa communauté. Dans l’intimité de sa chambre, jusqu’à sa mort, elle exprime la force de la contrainte exercée par ses trajectoires. Cela témoigne qu’il y a certes dans le social des individualités, mais on reste et demeure individu social du fait même de notre exposition aux espaces sociaux. Cela témoigne également que même notre vie, même le plus privé qu’elle soit, est le prolongement de notre vie sociale ou publique.
 
Dans le cas de Lydie et de Jean Pierre on observe que malgré les différences entre leurs conditions socio-économiques, leur rang social et aussi leur fonction au sein de leur église cela ne pourra avoir aucune répercussion sur leur coopération en raison même d’une structuration institutionnelle qui échappe à leur control personnel et intéressé. Un autre aspect à souligner est qu’en dehors de leur petite société, il existe des cadres supra institutionnelles qui servent de trait d’union entre les pans de la société. Enfin, il existe dans le système de jeu du vivre ensemble, l’ordre social et culturel, l’ordre économique et l’ordre politique dont le premier est la prémices des deux secondes.

Dans le troisième cas, celui de l’étudiant en économie, on peut déduire trois choses : Premièrement, il ressort que chaque individu est un produit social et institutionnel ; Deuxièmement, il existe dans le social une infinité de mode de composition, de coopération et de fonctionnalité ; Troisièmement, on est tous lié du social restreint au tout social

Que conclure ?

            L’individu social est à la fois libre et prisonnier du social. Il est certainement assujetti au conditionnement de la règle sociale, mais il est doué de capacité d’agir sur sa réalité sociale et frayer son devenir. Certes, la conscience collective nous contraint d’agir et d’être de telle ou de telle autre manière, mais seul notre tréfonds pousse à poser, dans notre antichambre, des actes qui témoignent de notre filiation sociale. A la fois libre et esclave, l’individu social est condamné à vivre dans et pour la collectivité.

Jean Laforest Visene
Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti
Sociologue, M.A Sciences du Développement