mardi 11 octobre 2016

QUAND L’IMPITOYABLE MATHEW MET HAITI À GENOU !

Quand l’impitoyable Mathew met Haiti à genou !

Chers / chères amis /ies compatriotes victimes de l'ouragan Matthew, je vous présente mes sympathies et vous exprime mes vœux de prompt rétablissement. Nous sommes pétris dans notre chaire et notre âme. L’ouragan Matthew marquera à jamais notre être de vivant et restera dans les annales de l’histoire comme l’un des cyclones les plus dévastateurs ayant frappé la République d’Haïti.

En ce moment, le grand Sud du pays (département du Sud, de la Grand-Anse, Département des Nippes), est à genou. Cette région est en situation d’extrême urgence. En considérant l’ampleur du désastre, on peut dire que le relèvement ne sera pas facile. Mais, je suis sure étant courageux, un peuple de croyants, d’éternels combattants, et doué d’ingéniosité remarquable, cette épreuve sera surmontée et le pays tirera les leçons pour le futur. Sur ce dernier aspect, j’implore l’Université d’Haïti (Publique et privée) et l’Universitaire à fournir un accompagnement méthodique à la communauté.

Je crois qu’en ces moments difficiles, il est plus qu’un devoir que nous manifestions tous un cœur de bienveillance, beaucoup plus de générosité, plus de respect et de traitement en toute dignité à l’égard de nos proches parents, nos voisins et toute autre personne que cet évènement de la Nature mettra sur notre chemin.

Ensemble, épaule contre épaule nous pourrons constituer un rempart contre la catastrophe humanitaire qui guette la population après le passage de l’Ouragan Matthew. En effet, la famine, les risques d’épidémie comme cette flambée de choléra qui se manifeste, l’escalade de la violence, la déchéance humaine sont autant de maux sociaux opportunistes de l’extrême pauvreté dont l’habitant du Grand Sud risque de connaitre.

Je formule le souhait que les institutions étatiques puissent, cette fois, être à la hauteur de leur devoir de réponse. Que l’Etat puisse tirer les leçons de l’aide fournies lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010. On se souvient des débauches de cette gestion calamiteuse et catastrophique de l’aide internationale où les institutions étatiques étaient mises hors-jeu (1). Que l’Etat puisse aussi agencer méthodiquement l’Urgence au pas de Réhabilitation, du Relèvement et de la Reconstruction.

J’ai entendu des opinions profondément théologique pour interpréter ce de ce qui s’est passé. Voilà pourquoi je tiens à partager avec vous ma réflexion et compréhension personnelle de ce qui s’est passée. Permettez-moi de formuler les opinions entendues sous forme de question : Pourquoi sommes-nous si durement frappé par cet ouragan? Est-ce un châtiment infligé par le Theos, par Satan lui-même  ou par ses suppôts?  Est-ce le signe de la fin des temps ?

Sans vouloir être en collusion avec la spiritualité de l’Haïtien ni me poster comme un anti-croyant et/ou apostat, j’hypothèse que l’impact de ce qui s’est passé est à la mesure des éléments de causalités naturelles et non spirituelles. L’effet que nous avons observé est dû à des vecteurs objectifs tels que le positionnement géographique du pays ; les aléas liées aux changements climatique ; et aussi à l’inadaptation du mode d’occupation de l’espace aux conditionnalités normatives c’est à-dire les lois naturelles de notre environnement et enfin au niveau de préparation et d’éducation populaire pour prévenir et y faire face.

Ce qui s’est passé, comme toutes les autres catastrophes qui lui sont antérieure, ce n’est pas un châtiment infligé aux haïtiens par une quelconque force suprahumaine à cause d’indignes péchés commis par les haïtiens. Ce n’est pas non plus une fatalité. Certes, les manifestations de la Nature et ses évènements peuvent constituer une forme d’hostilité à l’occupation humaine de la terre. Mais, ce qu’on doit comprendre c’est que l’impact des manifestations et évènements de la Nature sur l’habitat humain est une indication du niveau d’appropriation de l’espace  par l’homme lui-même. Cet effet est aussi une indication de phénomène de société, en particulier du mode d’organisation sociale et institutionnelle.

L’hostilité de la Nature est un peu comparable à celle de la férocité d’un cheval à l’état sauvage, non encore dompté par l’homme pour lui servir. La différence est que le cheval peut être éduque pour qu’il se soumette à son maitre tandis que la Nature, pour ce qu’elle est, ne sera jamais être soumise à la volonté humaine. Dans cette perspective, ce que les scientifiques devaient s’atteler à découvrir pour l’occupant est comment l’homme pourrait faire des manifestations et évènements de la Nature des opportunités que des risques pour l’humain. On pourrait, entre autre, chercher à connaitre comment canaliser les énergies dégagées à l’utilisation humaine. Certainement, ce résultat ne s’obtiendra pas immédiatement, mais on peut y arriver.

Une chose est sûre, on ne peut pas lutter contre la Nature. Il est même injuste, contre la morale universelle et l’intérêt astronomique d’y penser. Cependant, on peut s’adapter à ses règles, soumettre à ses lois afin de sortir des rayons de menace dont on y est soumis ou diminuer les risques de fracas de ses manifestations et évènements sur l’humaine.

Faudrait-il qu’on souligne aussi que les manifestations et évènements de la Nature que ce soit les cyclones/ouragans, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques etc. n’ont pas que des effets négatifs. La littérature scientifique regorge de témoignage des effets positifs de ces manifestations et évènements de la Nature (2). Ils témoignent de la virilité de notre planète et contribuent à la régénérescence de la vie terrestre. De ce fait, il faut que l’homme se pare aux éventuelles opportunités des catastrophes naturelles pour améliorer le vécu humain.

Faudrait-il que je revienne sur un point que j’ai mentionné plus haut : La question d’opportunité afin que je puisse insister sur point d’éthique. Quand je parle d’opportunités que pourraient offertes les catastrophes Naturelles, je déplore toutes  les formes de mercenariat, de cupidité, et de malséance dont postent certains acteurs marchants, politiques et même communautaires.

Il n’est anormal que des acteurs profitent de ces situations de désarrois et de traumatisme pour s’enrichir à la va-vite. Il est impensable que des représentants et serviteurs du peuple, exigent que l’aide aux victimes soit détourné pour satisfaire leur mesquinerie. Certains d’entre eux affirment qu’il faudra que l’aide leur permettre de changer leur véhicule de service. Sous prétexte  que ceux qu’ils en disposent ne sont pas en état. Or, ils devaient être les premiers à se servir de leur avoir propre pour atténuer la misère des victimes en cette circonstance. Quelle indécence !

Pour une fois encore, la Nature nous a éprouvés avec grand fracas qui démontre sa force,  son impitoyable considération si l’occupant de son espace ne s’adapte pas et ne se soumet pas à ses règles. Le dieu de la chance n’existe pas quand on se trouve au mauvais endroit et au mauvais moment. De ce fait, l’humain se trouve dans l’obligation de chercher à connaitre les règles de la Nature et s’adapter continuellement à ses changements de son environnement afin de minimiser les risques. La leçon des récentes catastrophes qui ont frappées Haïti démontre que tout humain doit chercher à renforcer sa « communautarité » c’est-à-dire sa capacité d’agir et de vivre ensemble face à la menace constante de catastrophes naturelles qui s’abattent en tout temps sur son environnement


Il est certain, que personne, ni aucune communauté ne pourra maitriser totalement les manifestations et évènements prévisibles de la Nature. Cependant, grâce au progrès scientifiques et cognitifs l’homme pourra amoindrir les risques d’impacts négatifs pour les populations cibles. Il est certain aussi que les manifestations et évènements de la Nature peuvent être l’objet d’instrumentalisation comme arme de guerre par des artisans de la déstabilisation des peuples. Ils peuvent être aussi l’objet d’intérêt de mercenaire cupide et avide d’argent. De ce fait, il faudra que les nations envisagent de mettre au point des outils qui puissent indiquer toute interaction humaine soit pour la provocation de catastrophe naturelle ou l’augmentation de l’intensité d’une manifestation ou évènement de la Nature. L’inquiétude est de mise puisque l’homme dispose de savoir et de moyens pouvant lui permettre de manipuler et/ou transformer les manifestations, évènement et forces de la Nature  comme arme de guerre contre ses cibles.

Je m’en voudrais de ne pas profiter de cette occasion pour plaider en faveur d’un véritable programme d’Education à l’environnement qui devra être inscrit dans le cursus scolaire haïtien. Ce programme devra se focaliser sur les principaux risques dont Haïti sont la cible.

Que le grand sud et les autres zones touchées par l’Ouragan Matthew puissent se relever. Que la réponse soit à la mesure de l’effet de l’Ouragan ! Que les institutions jouent leur rôle de fonction sociale et utilisent les vrais mécanismes de réponse aux besoins des victimes ! Que les citoyens de tout horizon appuient l’effort institutionnalisé visant à soulager les victimes. Que la paix puisse revenir dans les foyers affectés.

Notes
_____________________
(1)     Le film du cinéaste haïtien  et ancien ministre de la Culture, Raoul Peck ayant pour titre : » Assistance mortelle » réalisé en 2013, témoigne l’état d’esprit de beaucoup d’acteurs durant ces moments difficiles du peuple haïtien.
(2)     Des catastrophes naturelles à l'origine de la résurgence d’espèces disparues, http://www.maxisciences.com/catastrophe-naturelle/des-catastrophes-naturelles-a-l-039-origine-de-la-resurgence-d-especes-disparues_art24175.html

Jean Laforest Visene
Sociologue, MA Sc. Dev.
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email:
visenejl@gmail.com