mercredi 29 mai 2013

L’ACADEMIQUE HAITIENNE ET L’EVALUATION DU DEVELOPPEMENT ET DE LA DECENTRALISATION EN HAÏTI : FOCUS SUR LA VISITE DE L’ECOSOC EN HAITI


L’academique HaitienNE et l’Evaluation du Developpement et de la
                       décentralisation en Haïti : FOCUS sur la Visite de l’ECOSOC en HAITI

 Par : Jean Laforest Visene, M. A.

Cet article lance un vibrant appel à la consultation de l’académique haïtienne dans la formulation de l’opinion internationale sur la situation réelle d’Haïti,  en particulier sur la question de développement et de décentralisation.  Il invite aussi les universitaires et l’intelligentsia haïtienne à se constituer en groupe crédible et objectif pour l’interlocution avec des partenaires externes comme l’ECOSOC.

Le Conseil Economique et Social des Nations Unies, dont le sigle en anglais est ECOSOC (Economic and Social Council), cherche à identifier de nouvelles stratégies pour la mise en place d’une politique de décentralisation en Haïti.  En effet, une délégation du Groupe Consultatif Spécial sur Haïti (ou groupe consultatif ad hoc) (1) de l’ECOSOC a débuté ce mardi 28 mai 2013 une visite officielle en Haïti. La note  de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation En Haïti (MNUSTAH) indique clairement que l’objectif de cette visite est d’évaluer les efforts pour faciliter le développement d’Haïti. Par ailleurs, elle souligne que L’ECOSOC entend mettre sur pied de nouvelles stratégies pouvant permettre la mise en place d’une « politique effective de décentralisation ».

 Rappelons qu’en mai 2012, une délégation de 14 membres du groupe consultatif spécial sur Haïti du conseil économique et social des Nations-Unies (ECOSOC) avait effectué une visite dans le pays, en vue de réfléchir notamment sur la problématique du développement à long terme. Signalons également que le 8 novembre 2012 la République d'Haïti a été élue par l'Assemblée générale des Nations Unies, comme membre l’ECOSOC. Considérée comme un pays post-conflit, en voie de stabilisation, Haïti semble bénéficier d’une attention spéciale de l’ECOSOC.

 Notons que la délégation de l’ECOSOC sera reçue au Palais national par le Président Michel Joseph Martelly. Les membres de la délégation discuteront également avec des membres du gouvernement dont le ministre des affaires étrangères Pierre Richard Casimir. Ils se rendront dans le département du Sud, où ils  visiteront des projets de construction de logement et d’assistance légale. Au terme de la visite, la délégation tiendra une conférence de presse, le 31 mai 2013 à 10H30 au quartier général de la MINUSTAH à Logbase, sis à Clercine, (Route de l’aéroport, Port-au-Prince, Haïti).

Soulignons pour le lecteur que l’ECOSOC est l’un des six organes principaux de l'ONU, créé d'après de chapitre X de la Charte des Nations unies. Il est placé sous l'égide de l'Assemblée générale des Nations unies et a un rôle consultatif concernant les questions de coopération économique et sociale internationale. Son rôle est de :

·         Promouvoir l’élévation du niveau de vie, le plein emploi et le progrès économique et social ;
·         Trouver des solutions aux problèmes économiques, sociaux et sanitaires internationaux ;
·         Faciliter la coopération internationale dans les domaines de la culture et de l’éducation,
·         Favoriser le respect universel des droits de l’homme et des libertés fondamentales

 Périodiquement l’ECOSOC examine des questions économiques et sociales internationales et l’élabore des recommandations pratiques sur ces questions à l’intention des Etats membres et du système des Nations Unies dans son ensemble. Le Conseil est habilité à contribuer à la préparation et à l’organisation des grandes conférences internationales dans les domaines économique et social et dans d’autres domaines apparentés et à faciliter le suivi coordonné de ces conférences.

En aout 2009, lors de la session de fonds de l’ECOSOC,  les Etats Membres ont fait état du rôle de cette institution dans le maintien de la paix et dans la reconstruction dans les pays post-conflit (2). Dans son récent  rapport sur l’ECOSOC (3), le Secrétaire général de l’ONU a fait valoir qu’une  collaboration effective entre l’ECOSOF et le Conseil de sécurité est important.  Car, selon lui : conflit et violence sont de sérieux handicaps pour le développement. Le Secrétaire général souligne qu’au moins 1/5 de la population mondiale vit dans un pays ayant des problèmes de violence intense, des conflits politiques significatifs, de l’insécurité et dans une société fragile. D’où, la nécessité pour que l’ECOSOC et le Conseil de sécurité collaborent ensemble pour archiver des progrès significatifs dans des pays post-conflit et ainsi s’assurer de la durabilité de la paix et l’enclenchement d’un développement durable dans ces pays.

 Le paragraphe 22 du rapport précité (4) estime que pour jouer, plus efficacement, son rôle de leader d’opinion, le conseil doit s’appuyer sur l’expertise, les meilleures connaissances et compétences disponibles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du système des Nations Unies. Il précise également que le Comité de Développement de Politique  (CDP) et d'autres organismes pourraient être renforcés comme plates-formes pour le Conseil  en se connectant avec les universités, les experts et les scientifiques.

 Se référant à ce paragraphe, nous espérons que la délégation du Groupe Consultatif Spécial sur Haïti, en visite dans le pays, puisse faire l’effort de rencontrer aussi des scientifiques et des universitaires haïtiens, des  centres universitaires et facultaires.  Car, seul l’académique est souvent objectif et ne cherche pas à occulter le réel.  Cette consultation est à notre avis essentielle pour que les membres de la délégation puissent connaitre, plus en profondeur, la réalité actuelle d’Haïti. Quoique la classe universitaire et intellectuelle haïtienne est médiocrement structurée, nous estimons que l’opinion de l’académique haïtienne  permettrait à la délégation de formuler des propositions plus avisées sur la manière à rendre effective le développement et la décentralisation en Haïti.

 Par ailleurs, nous lançons un vibrant appel aux l’universitaires haïtiens et l’intelligentsia haïtienne à structurer et se constituer en des groupes crédibles et objectifs pouvant aider au développement d’une opinion avisée sur la situation réelle du pays. Car, bien des intellectuels haïtiens vivent en autarcie idéologique et scientifique et ne fréquente aucun espace de discussion, de concertation et de partage de connaissances. Dans ce contexte, il est difficile pour des acteurs externes de compter sur l’universitaire et la classe intellectuelle pour comprendre mieux Haïti et se construire une opinion plus proche de la vérité. Si cela ne se fait pas, la porte restera toujours ouverte qu’à des individualistes, des affairistes et des mercantiles qui ne ratent aucune occasion pour duper, par des artifices de supercheries intellectuelles,  l’opinion internationale sur la question d’Haïti.

Note et références

(1)     Notons que le 7 mai 1999,  dans sa résolution 1999/4, le  Conseil économique et social  a créé un groupe Consultatif ad Hoc sur Haïti dont ses membre ont fait des visites et séjours de travail dans le pays. Le Groupe avait pour fonction de formuler des recommandations sur la manière de faire en sorte que l’aide apportée par la communauté internationale à Haïti soit suffisante, cohérente, bien coordonnée et efficace. Dans sa la résolution des Nations Unies  résolution 2006/10  le groupe a été chargé « de suivre la situation de près et de formuler des conseils concernant la stratégie de développement à long terme d’Haïti en vue de promouvoir le relèvement et la stabilité sur les plans social et économique, en accordant une attention particulière à la nécessité d’assurer un appui international cohérent et durable à Haïti, compte tenu des priorités de développement national à long terme. Pour plus de détail cliquez sur le lien internet suivant : http://www.un.org/fr/ecosoc/adhocmech/haiti.shtml.
(2)     Nations Unies, « L'ECOSOC termine avec succès sa session de fond de 2009»,  http://www.un.int/wcm/, 4 août 2009.
(3)     Economic and Social Council,” Implementation of General Assembly Resolution 61/16 on the Strengthening of the Economic and Social Council”, Report of the Secretary-General,  4 February 2013. Page 12 et 13.  Voir la version électronique : http://www.un.org/en/ecosoc/
(4)     Economic and Social Council” ibid, page 8.

 
Jean Laforest Visene
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email :
visenejl@gmail.com   

http://www.visenejl.blogspot.com