samedi 18 mai 2019

Réduction des risques sécuritaires en Haïti et pays congénères

Réduction des risques sécuritaires en Haïti et pays congénères


Par Jean Laforest Visene de Lyvia Tulce

Mots-clés : Violence communautaire ; Groupes armés ; Sécurité communautaire ; Réforme du Secteur de Sécurité (RSS) ;

I.             DE LA NAISSANCE DU CVR

En 2006, il est initié en République d’Haïti une nouvelle approche de Désarmement, Démobilisation et de Réinsertion (DDR) de seconde génération. Cette approche est connue sous l’appellation de Programme Réduction de la Violence Communautaire(RVC) [1] plus populaire sous sa traduction  en anglaise « Community Violence Reduction (CVR) Programme ». Comme son origine le laisse supposé, un tel programme se focalise sur la prévention et la déconstruction de la violence armée [2]. Cette génération de DDR se proclamait être efficace afin d’adresser des problèmes de sécurité et de stabilité communautaire, en particulier ceux qui sont le fait de l’existence des facteurs et des vecteurs de la violence au sein de la communauté elle-même et plus spécifiquement en raison de la présence des groupes armés et/ou criminelles. Conçu dans un cadre multi-acteurs et interagissant et privilégiant une approche spécifique, elle est, de fond, un élément d’une  stratégie globale de réduction des violences communautaires ayant comme vecteurs et facteurs de fond l’extrême pauvreté, précarité et d’autres aléas humains majeurs.

Cette génération de DDR dite CVR[3] répond à des caractéristiques et à des spécificités internes de la violence dans des unités géographiques où la stratégie formaliste de DDR se révèlerait inefficace pour adresser les problèmes fondamentaux de sécurité et de stabilité dans un contexte d’effort de la communauté internationale pour appuyer un pays à résoudre des problèmes de conflits. Certaines critiques soutiennent, généralement, d’un résultat mitigé des programmes nationaux de DDR en matière de réelle assistance à la réinsertion et à la réintégration des ex-combattants, la récolte effective et ordonnée des armes illégales en circulation.  Certes, nous n’en discordons pas avec cet avis,  mais un fait est certain, il faut cadrer les interventions aux contextes et aléas systémiques, incluant la conceptualisation desdits programmes, le mode d’appropriation au niveau local, les conditions d’agir des parties, c’est-à-dire : décideurs, intervenants, société civile, bénéficiaires et institutions de suivi. Ces considérations sont autant valables tant pour les programme de DDR classique que  ceux appelés Programme de Sécurité Communautaire (PSC) et les secondes génération dites Réduction de la Violence Communautaire (RVC/CVR). Notons que ce dernier programme s’ambitionnait de porter un appui afin de compenser le déficit de service observé et de se focaliser des facteurs déterministes de la violence armée.

Vu les  visages nouveaux sous lesquels se présentent les conflits dans le monde l’innovation des stratégies visant la sécurité communautaire ou la réduction de la violence communautaire à travers des de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), conjugué de stratégie de réduction de l’extrême pauvreté et précarité humaine est une bonne chose. Voilà pourquoi nous estimons qu’il est important d’analyser les injonctions, les inconvénients et les risques de telles tendances. Ce qui, sans doute contribuera, à rendre plausible les forces, faiblesses, risques et opportunités de ce nouvelles tendance et aussi aider à avoir un bon niveau d’information et une  vraie motivation, de dégager une bonne vision afin de rendre l’approche plus efficace et plus efficiente.

Nous voudrions indiqué que nous notre réflexion est particulièrement une perspective RVC/CVR puisqu’elle est au paravent des autres stratégies subséquentes, y inclus les Programme de Sécurité Communautaire. (PRC), quoique initié dans un cadre d’action conjointe [4].

II.            AUX ENTENDEMENTS DE CET REGARD SUR LE CVR

De son initiation en République d’Haïti, en 2006, à son implémentation en République démocratique du Congo, en 2016, une décennie d’expérimentation de l’approche Réduction de la Violence Communautaire (RVC/CVR) s’est écoulée. Durant, (i) des schémas de CVR ont été élaborés ; (ii) des forces et des faiblesses dans leur expérimentation sont mis en relief ; (iii) des efforts de théorisation essayé d’adresser les écarts observés ont été élaborées. Analysant le statut de CVR en termes d’approche et de ses applications particulières, la nécessité d’une revisite de l’approche et d’incitation à une discussion constructive sur son développement et son expansion parait comme un besoin patent.  Certes, l’approche a fait ses preuves, mais les avancées en termes de cadrage méthodique et de pragmatisme par rapport aux buts resteraient à améliorer. 

Comment l’approche CVR peut être efficace au désengagement  et/ou dislocation des groupes armés et/ou criminelles, c’est-à-dire être un artisan du Désarmement et de la Démobilisation (DD) en passant par la création et l’animation d’un espace de  dialogue entre les acteurs en conflit,  la création d’un climat de confiance et la facilitation aux actions subséquente? Comment  peut-elle, par la suite appuyer le processus de Réinsertion / Réintégration (RR) des combattants démobilisés, ce qui voudrait dire être le tremplin de l’initiation du RR, d’appui à la coordination du transfert du suivi du processus RR au niveau communautaire? Comment elle peut contribuer à aux actions visant le contrôle et la circulation des armes (petits et grands calibre) dans les communautés ? Comment elle renforcer la capacité des communautés à prévenir et agir sur des facteurs et des vecteurs de la violence ? Telles sont les questions en filigrane de notre réflexion qui s’inspire, comme nous le disions, des ambitions au premier balbutiement de ce type de DDR. 

Nous soutenons, ici, que CVR est, en principe, un outil de DDR dans sa vision classique mais, au service d’une démarche de Sécurisation, de Stabilisation et de Développement devait se situer à une sphère plus ambitieuse et devrait faire preuve de plus d’imagination et de coopération à un niveau plus large. Au relief des velléités de CVR à travers les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CNSNU), la démarche de CVR ne s’est pas suffisamment structurée autant du programme DDR traditionnel. De ce fait, le CVR devait se poster comme un héritier   puisant dans la boîte à outils conçu pour la gestion du programme DDR traditionnel  ou s’assurer d’une version adaptée de ces outils pour une meilleure efficacité de ses interventions. Car, le système de suivi et d’évaluation mis en place pour le DDR classique (DDR de première génération) donne une certaine garantie de cadrage méthodologique du programme, ainsi que la gestion des risques dans sa mise en œuvre. Eu égard aux excursions observées dans les pratiques de CVR, une identification des formes de violence devant l’intéressé, un regard sur son champ d’intervention, son ordre philosophique et son opérationnalisation, et les facteurs et vecteurs de la violence à être priorisés et considérant les bonnes et mauvaises pratiques, nous faisons, en fin de texte, des propositions pour un recadrage de CVR aux regards des velléités et perspectives initiales de l’approche.

Nous voudrions indiquer que cette réflexion n’a pas la prétention d’être complet mais cherche à soulever un vrai débat, réunissant non seulement praticiens, mais aussi gouvernants / décideurs, bénéficiaires, les acteurs de la sociétés civiles sur la posture que doit avoir un vrai programme CVR, de susciter un regard critique sur ses pratiques afin de raffiner la théorie de CVR et d'encourager praticiens et bénéficiaires à construire leur pédagogie d’identification des écarts dans leur programme, de déterminer eux-mêmes les réponses appropriées et de les implémenter.



De la république d’Haïti, cette approche et assimilées se sont étendues dans plusieurs pays par le biais  des missions de paix des Nations Unies et autres comme en République Centrafricaine, au Soudan, en Côte d’Ivoire, en République Démocratique du Congo, au Mali. Certes, des progrès théoriques ont été effectués sur le domaine philosophique et pratique de CVR. Cependant, vu la confusion sur le fond de CVR et parfois des actions vraisemblablement irrationalistes dans l’exécution du programme Réduction de la Violence Communautaire, n'est-il pas porté à croire, sans exagéré, qu’on est en train d’errer sur le rôle qui revient aux principes philosophiques dans la solution d'une pléthore de questions de Violence Armée au niveau communautaire qui seraient plutôt d'ordre contingent ?

C’est cette question pertinente qui nous pousse à rédiger ce texte afin d’attirer l’attention des décideurs et des praticiens sur le fond philosophique de CVR comme outil de DDR et de ses aspects pratiques en matière de soutien à la sécurisation et à la stabilisation. Sans vouloir être connaisseur ou suffisant en la matière, ni de vouloir donner de leçon à quiconque, nous nous sommes sentis tenu à partager nos appréhensions sur le contenu et les pratiques, les problèmes de cadrage méthodologique de CVR. Le manque ou non appropriation de documents de guidance et d’orientation à l’ancrage philosophique d’un programme DDR a frappé notre attention et nous avons voulu partagés nos préoccupations nourries des résultats obtenus sur la base d’une approche heuristique et des observations comparatives, nous permettant de faire un exercice de décryptage du fond et de la forme des pratiques en matière de CVR. 

L’intention première, ici, est de contribuer à revisiter le postulat d’implémentation de CVR et assimilées, d’inciter à une reconsidération de ses espoirs et de ses aspirations tout en l’adaptant aux besoins nouveaux et complexes en matière de maintien de paix et plus spécifiquement dans le domaine de sécurisation et de la stabilisation.  Le postulat de CVR est mis en évidence à travers les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations sur le mandat des missions de paix dans plusieurs pays. Voyons les intentions maintenant.


IV.         VELLÉITÉS INITIALES DE CVR

4.1.  A Travers les résolutions du CNSNU
Les velléités de CVR sont pour les premières fois décrites dans les résolutions 1702 (2006) et 1743 (2007) du Conseil de Sécurité des Nations Unies, relative à Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Certes, elles ne sont pas les seules à les décrire, mais historiquement elles constituent les fondamentaux pour avoir indiqué les conditionnements de l’avènement d’un programme CVR comme outil à travers d’une mission des Nations Unies.

 En effet dans la résolution 1702, le Conseil de Sécurité a dit constaté que « les conditions nécessaires à la mise en place des programmes classiques de désarmement, démobilisation et réintégration ne sont pas actuellement réunies en Haïti et qu’il faut des programmes différents pour répondre aux conditions locales, et pour favoriser la réalisation de l’objectif de désarmement, démobilisation et réintégration ». Basé sur ce constat, dans l’article 11 de la résolution le Conseil a demandé à la MINUSTAH, en étroite coordination avec le Gouvernement haïtien et les autres parties prenantes concernées, notamment les donateurs, « de réorienter ses efforts de désarmement, démobilisation et réintégration, afin de mieux réaliser cet objectif, en mettant en œuvre un programme complet de lutte contre la violence adapté aux conditions locales, comprenant notamment une aide aux initiatives visant à améliorer la gouvernance locale et à renforcer l’état de droit, et à offrir des possibilités d’emploi aux anciens membres des bandes et aux jeunes à risque ».

Dans sa résolution 1743, le Conseil a insisté sur la sur la nécessité d’adopter des mesures qui permettent de désarmer, démobiliser et réintégrer effectivement les éléments des bandes » et il a encouragé le Gouvernement haïtien, en coordination avec la communauté internationale, de redoubler d’efforts pour réorienter son action en faveur du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, et en mettant en œuvre un programme complet de lutte contre la violence adapté aux conditions locales, conformément aux dispositions de la résolution 1702 (2006) ».

Il faut souligner que l’esprit des autres résolutions du Conseil de Sécurité, demandant à une mission des Nations Unies d’appuyer la mise en place d’un programme Réduction de la Violence Communautaire, conserve les mêmes directives en termes de velléité. Il s’agit de :
(i)            Réorientation et adaptation du programme de DDR aux conditions locales en vue d’une meilleure efficacité et de plus efficient ;

(ii)           Élargir le cadre d’intervention de DDR sur des facteurs et des vecteurs de la violence liés à la présence des éléments et des groupes armés ;

(iii)         Renforcer le programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion ;

(iv)         L’amélioration du système institutionnel de prévention de la violence et de l’insécurité, le renforcement de l’état de droit, et le tarissement du réservoir de la violence communautaire par l’offre des possibilités d’emploi au personnes vulnérables pouvant être manipulé ou instrumentalisé dans la violence et/ou la criminalités des bandes armées.

Aux velléités s’ajouteraient : (i) Le désir de faire plus avec moins de budget (ii) La focalisation sur des zones prioritaires là où il y a plus de menace pour la sécurité et la stabilité[4] et (iii) de compenser les écarts de la phase de réinsertion réelle des démobilisés à la vie ordinaire et civile. Car comme le fait remarquer l’état de « démo » se présente bien souvent à l’ex-combattant comme un obstacle à la reprise d’une sociabilité normale[5].

4.2.Entrela violence dans son entièreté et la violence indiquée dans la résolution du CSNU 

Dans la préface du rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé, Madame Gro Harlem Brundtland, Directeur générale de l’organisation estime que la violence « est un problème complexe associé à des schémas de pensée et de comportement façonnés par de nombreuses forces qui s’exercent à l’intérieur de la famille et de la communauté, des forces qui peuvent aussi transcender les frontières nationales »[6] Par ailleurs, son organisation l’Organisation mondiale de la Santé, définit la violence est : « l’usage délibéré ou la menace d’usage délibéré de la force physique ou de la puissance contre soi-même, contre une autre personne ou contre un groupe ou une communauté´ qui entraine ou risque fort d’entrainer un traumatisme, un décès, un dommage moral, un mal développement ou une carence »[7].

Il est évident que la violence quel que soit la facette sous laquelle on la considère : dirigée contre soi-même, interpersonnelle, collective (OMS, 2002), qu’elle soit considérée dans ses dimensions  sociales, puis familiales, institutionnelles et subjectives[8] ordinaire ou construit ou hors-normes la violence se présente sous la forme de maltraitances physiques, psychologiques, abus sexuels, harcèlements, affrontements entre groupes, bref des formes d’action de rabaissement et de dénis des droit de la personne humaine. Quelque, son generis, sa nature, sa forme d’expression la violence mérite d’être adressée ou du moins d’être déviée, au regard des fondamentaux du droit mais aussi pour le bien-être de l’humanité. Mais, dans quel contexte et avec quel programme est rationnellement dédié à tel ou tel autre exercice ? C’est qui nous amené à aborder le domaine de compétence d’un programme réduction de la Violence communautaire dans un contexte de sécurisation et de stabilisation.

Fondamentalement, un programme de réduction des violence communautaires a une finalité d’agir sur la globalité de la violence quel que soit sa forme et son mode d’expression. Car ni l’un, ni l’autre peut conduire une manifestation de la violence ordinaire qui rend le vivre ensemble chaotique :

« Nous appuyant sur la théorie freudienne, force est de constater qu’il y a, à la base des pulsions, une violence irréductible. De fait « ...l’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité… L’homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagement, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer, ……,Violence contre violence, telle est la condition de survie de toute communauté humaine. Les impératifs de vivre ensemble, obligent les êtres humains à céder sur leur satisfaction immédiate, à faire le sacrifice de leur pulsion, pour la « shunter » dans des dispositifs de médiation symboliques. Le traitement de la violence par les sociétés humaines a toujours relevé de cette tentative jamais achevée de métabolisation. À l’immédiat de l’exigence pulsionnelle fait barrage la médiation du désir. L’homme est violence »[9]

Considérons que la violence est subjective et fait partie la nature humaine et de l’essence du vivre ensemble (communautaire et sociétaire), considérons qu’en raison de cette nature naturellement violente qui anime l’individu singulier ou pluriel qu’une la violence serait légitimement acceptable (Weber, 1919) pour entretenir l’existence et la cohabitation acceptable entre les individus et les groupes, toute autre forme de contrainte serait un motif d’agir en son contraire en sa contenance. D’un point de vue programmatique, le CVR est un moyen d’agir sur une forme de contrainte qui dévie la régulation normale de le vie collective. Il s’attaque à un sous-type de la violence globale celle générer par la présence ou l’existence d’individu ou de collectifs n’étant pas des dépositaires de la violence légitime mais s’en approprie des moyens de l’exercer et en sens contraire aux fondamentaux du droit général et des droits de la personne humaine.


Un programme de Réduction de la Violence Communautaire devrait être dirigé sur la base d’orientation philosophique de seconde zone qui découle, elle-même, d’un ordre de philosophies supérieures. Car, l’opérationnalisation d’un programme Réduction de la Violence Communautaire, à notre avis, devrait être circonscrite dans une philosophie spécifique d’un programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), des problèmes de sécurité et de stabilité liés à l’existence d’éléments et groupes armés et/ou criminels, ainsi que des problèmes d’incapacité de contrôle de la circulation et de l’usage abusive des armes dans l’espace concerné.

Cet ordre de philosophie et son opérationnalisation devaient s’inspirer de la vison stratégique du pays hôte et, si existe, de la lettre et de l’esprit des opérations de paix (OPs) et en étroit lien avec la stratégie internationale de support à stabilisation et de sécurisation (SISSS). D’ailleurs, la philosophie des OPs et de la SISSS découleraient d’une compréhension et d’une interprétation de la réalité du pays concerné en matière de besoins de « sécurité » et de « stabilisation ».

Incontestablement les concepts de Sécurité et de Stabilité sont les deux maitres mots qui devaient être les parapluies d’action d’un programme Réduction de la Violence Communautaire dans un contexte de support au rétablissement et au maintien de la paix. En effet, la violence communautaire, dans le contexte des pays reconnu, à tort ou à raison, comme une menace pour la sécurité internationale, est une résultante de multiples facteurs et est entretenue par plusieurs vecteurs. De ce fait, et en principe, en face d’une telle réalité de violence communautaire ancrée à une crise multidimensionnelle, nous sommes en présence d’une globalité de : (i) Problème complexe ; (ii) problème(s) cause(s) aigue(s) et ; (iii) les problèmes conséquences intense(s).

Normalement, en matière d’intervention, la solution idéale serait d’agir, principalement, sur le/les problème(s) cause(s), sans pour autant négligé les problèmes conséquences. Car, en agissant sur le dernier aspect seulement, cela reviendrait à créer un assistanat et un clientélisme qui n’en finirait pas. Et, même si on adresserait les facteurs causes, il faudrait que l’action soit ancrée dans une démarche programmatique et systématisant le développement de synergie synallagmatique interne et externe autour du problème dans sa globalité. 


VI.         OPÉRATIONNALISATIONDE LA PHILOSOPHIE STRATÉGIQUE DE CVR
            
Agir dans le cadre d’une philosophie stratégique de CVR, comme énoncée, plus haut, reviendrait à avoir : (i) D’abord, une stratégie en matière de Réduction de la Violence Communautaire, basée sur une évaluation ex-ante des besoins, indiquant les lignes de base de l’opérationnalisation ; (ii) Des plans opérationnels régionaux, incluant eux aussi leurs lignes de base ; (iii) Des allocations budgétaires régionales, basées sur les plans régionaux, eux-mêmes, bâtis sur la base des besoins réels, clairement définis, apprivoisés et rationalisant l’investissement; (iv) Déterminer` une cohérence interne d’exécution des projets, en synergie avec d’autres initiatives complémentaires ; (v) S’approprier des moyens et des capacités réels de contrôle Monitorage et d’Évaluation (M&E) des projets financés ; (vi) Une articulation des interventions autour d’une théorie de changement et de pérennité des acquis ; (vii) Et enfin, inscrire les actions dans une perspective des types d'explication probables et de propositions pratiques pour faciliter la cohérence et la comparabilité progressive des résultats.

En dehors d’un cadre objectif et rationnel, on risque de perdre l’ergonomique que suppose un tel programme et la conjecture paradigmatique qui doit le guider. En plus, une posture d’isolationniste ou de partenariat faible, est constatée dans certains milieux, pour des raisons diverses, est un autre un problème majeur.  Situant, le CVR à l’intérieur du DDR comme une démarche de résistance et/ou de survie, cette attitude pourrait contribuer à décroitre la réputation de l’approche de CVR en termes d’utilité et d’outils pouvant permettre aux Nations Unies de fournir une prestation de bons services aux communautés ayant le besoin de mise en place d’un pareil programme. L’agitation autour de CVR saute aux yeux de tout observateur, même peu curieux de la cuisine de CVR.

Cette agitation, ci-dessus mentionnée, s’explique par plusieurs motivations : (i) Les ressources, en termes budgétaires, mobilisées pour le programme (ii) Ses atouts de visibilité (iii) Son chevauchement et/ou interrelation à d’autres piliers d’intervention, lu par certains comme une collusion et une menace pour leur existence ; (iv) en conséquence à cette dernière, un désir de rapatrier et/ou de dilution d’un tel le programme sous d’autres piliers ; (v) Absence de directive officielle, en terme de politique trans-institutionnelle, comme c’est le cas pour le DDR traditionnel à travers l’IDDRS qui fixe les modalités d’exécution d’un tel programme ; (vi) l’absence de cadre stratégique faisant du CVR un outil objectif de support au Programme National de DDR, établissant les lignes de bases de cette interaction. Tout cela concoure à affaiblir la contenance de complémentarité qui devait être aux avant-gardes d’une approche de CVR.

Se situant dans un contexte d’intervention dans une situation de crise complexe, de conflits et de violences communautaires multiformes, l’opérationnalisation du programme doit nécessairement être, non seulement méthodologique, mais aussi ouverts. Cette posture méthodologique sous-entendrait, la définition d’une stratégie, en amont et la recherche de développement de synergie, en aval et l’ouverture implique le développement d’un partenariat intelligent, efficace et efficient et de recherche de dividende d’accomplissement de service partage et réciproque au mandat des partenaires.

Faisons observer que l’initiation de l’approche CVR à contribuer à un regain d’espoir et de nouvelles dynamiques au / au travers du programme de DDR des Nations Unies, en appui au Programme nationaux de Désarmement Démobilisation et de Réinsertion. Un mauvais ancrage philosophique et/ou stratégique d’un tel programme risque de décevoir les espoirs et / ou d’altérer les aspirations initiaux.


Nous avons observé de très bonnes pratiques  qui tiennent compte de la philosophie de CVR dans son opérationnalisation aussi bien que de mauvaises pratiques. Entre autres exemples, illustrons, par certains projets mis e œuvre dans plusieurs missions des Nations Unies.

7.1. Bonnes pratiques

a)     Au Mali à travers la MINUSMA
Au Mali, à travers son entité « United Nations Mine Action Service (UNMAS) » la mission de stabilisation de Stabilisation des Nations Unies au Mali (MINUSMA) a mis en place un projet un projet adressant un aspect de la violence armée au niveau communautaire celui de la prolifération d’armes légères et de petit calibre (ALPC). Constatant que de nombreux incidents qui peuvent être attribués aux mauvaises pratiques de stockage des armes à feux dans les foyers et aux tensions intercommunautaires, UNMAS, à travers son partenaire DanChurchAid (DCA), a mis en œuvre un projet, de mars 2014 à juillet 2015 dans la région de Mopti, visant à améliorer la situation sécuritaire, ainsi que de réduire les tensions au sein et entre les communautés[10]. 

A travers ce projet, il a été d’abord fait une étude sur les armes légères et de petit calibre, et sur cette base une planification Communautaire de la Sécurité a été définie. Il a été réalisé des Sessions d’éducation aux risques des ALPC, la mise en place de comités de paix et de médiation et la distribution de boites de stockage d’armes à feu. Il est indiqué֖é que ce projet a permis une réduction significative des incidents de sécurité et des conflits intercommunautaires et aussi une baisse des incidents causés par les ALPC, le regain d’un sentiment de sécurité et une appropriation locale, incluant des femmes, facilitant la médiation, le plaidoyer et l’éducation aux risques des ALPC.

b)     Au soudan à travers UNAMID
Au Soudan du Sud, en 2011, l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) a conçu un programme RVC pour restaurer la stabilité socio-économique du pays et renforcer l’autorité de l’état. Le programme se base sur le principe que le CVR est un outil d’instauration des méthodes non violentes de résolution des conflits, de stabilisation et d’établissement d’un équilibre cohérent entre éléments de développement et sécurité politique et pour adresser la situation de précarité des jeunes qui constitue une menace pour la sécurité et la stabilisation.  C’est dans le cadre que le programme était conçu en vue de proposer davantage d’options lucratives à la jeunesse. En effet, « il offrait l’accès à diverses formations professionnelles ainsi qu’à des emplois temporaires grâce à la mise en place de projets communautaires à forte intensité de main d’œuvre ». La finalité recherchée était de rendre les jeunes plus productifs, à faciliter leur insertion dans des emplois bénéfiques à terme à l’économie et à encourager l’adoption de comportements favorisant la paix nationale. On rapporte que : « Près de 58 projets à destination de 9 000 jeunes ont été mis en œuvre dans 45 communautés, où les conditions s’améliorent petit à petit »[11].

De décembre 2016 à septembre 2017, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) avec comme partenaire d’Exécution la Fondation RINALDI, a mis en œuvre un projet de réinsertion socioprofessionnelle de 90 jeunes (filles et Garçons) en situation de rue à Port-au-Prince[12]. Ces jeunes ont été formés en Coupe-couture (14), Tailleur (6), Plomberie-électricité (11), Soudure (6), Cosmétologie (29), Menuiserie (16), Soudure (7) et Réfrigération (1). Pour une effectivité de de l’utilité l’apprentissage à la réinsertion des bénéficiaires et leur intégration sur le marché du travail, il a été identifié une cinquantaine d’ateliers/firmes disponibles à recevoir les jeunes en stage. Un accord a été signé entre le partenaire d’exécution 43 d’ateliers/firmes identifiées. 

Pour assurer la gestion des bénéficiaires, une base de données et mis à jour périodiquement. Et pour le faire dans le cadre du partenariat du Programme CVR en Haïti avec l’Université d’État d’Haïti (UEF), le partenaire d’exécution a fait appel à un groupe d’étudiants finissant de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH). En plus des outils de visibilité traditionnels, pour rendre visible l’action de la mission, le partenaire à créer du matériel illustratif et explicatif sur le centre de formation adressé au marché du travail et aussi a réalisé une journée porte ouverte pour faire visiter le centre de formation. En plus de différente activité de socialisation et d’appui psychosociales visant à déconstruire le potentiel de violence chez les bénéficiaires, il a été réalisé֖é avec eux des séances de formation pour apprendre à gérer un entretien de travail et sur le comportement à tenir dans le lieu de travail. Enfin les 90 bénéficiaires ont reçu chacun un kit professionnel les permettant de mutualiser leurs ressources en plus d’un appui à leur installation collective en activité génératrice de revenu.

A côté ces types de projet, il faut souligner des actions visant à rapprocher les communautés de la Police Nationale d’Haïti (PMH) et l’interaction du programme CVR dans le développement d’une Police communautaire et aussi l’appui à adresser le phénomène de justice expéditive par le manque d’accès à la justice qui poussent souvent les gens à se faire justice par le recours aux armes.

d)     En Côte d’Ivoire à travers l’UNOCI[13]
Connu sou l’appellation « Projets Réinsertion Communautaire (PRC) » the type hybride de CVR appliquée en République de la Cote d’Ivoire adressait le reliquat des combattants non pris en charge par le Programme national de DDR. Deux caractéristiques remarquables de ce type de CVR est le programme opérationnalise l’action de réinsertion en micro-projets et l’appui était essentiellement génération de revenus.  

A Abidjan en particulier nous avons observés les activités de support à la réinsertion des combattants où collectivement ils ont reçu un paquet constituant soit en un fonds de commerce sous forme de kit ou d’une activité de production / transformation. Un projet particulier qui a retenu notre attention est le micro-projet de collecte et de transformation des déchets au profit de 6 combattants d’Adjame. Dans ce projet, les bénéficiaires étaient équipés en matériel motorisé pour  collecter les déchets dans les ménages, un espace de stockage a été mis à leur disposition et ils ont été renforcer en trie et recyclage et transformation. Ce qui est intéressant dans ce projet est son utilité communautaire, sa visibilité et les possibilités d’identification précoce des signes de récidive par l’autorité.

e)     En Centrafrique à travers la MINUSCA[14]
En république Centrafricaine, initialement, le programme CVR était conçu comme une stratégie de pré-conditionnement au DDR, cherchant à inciter les particules des ex-Seleka, dissociés, et les Anti-Balaka à entrer dans un processus de désengagement et de réinsertion. Le traitement ou le support de CVR dans ce processus est adapté à la caractéristique de chaque groupe d’appartenance et des conditions individuelles. L’offre d’appui de CVR au DDR et à la réinsertion présente une contenance d’uniformisation des offres aux bénéficiaires. Ce qui confère une égalité des bénéfices du programme partout. Le concept global consiste par la formation des bénéficiaires, leur outillage par la provision de kit individuel et/ou collectif, et l’installation individuel ou mutualisé dans une activité génératrice de revenu. 

Appuyé par l’UNOPS qui est l’opérateur principal de la MINUSCA pour le programme, le processus est soutenu des Comités Locaux qui active les communautés pour permettre aux interventions de CVR de collecter des armes illégales circulant dans les communautés. Actuellement le programme CVR est considérer  comme un palliatif pour ceux qui ne répondent pas critère stricte de DDR classique. En effet, selon les critères c’est une arme un combattant.  Ce n’est pas par le fait d’être identifié comme étant membre d’un groupe qui confère seulement, l’éligibilité au programme. Dans le cas où l’individu ne remplit pas la condition principale de remise d’une arme, il est transféré directement au programme CVR pour le reste du processus.

7.2.Mauvaises pratiques
Il est observé ce qui suit : 
(i)            Les programme de CVR sont pour la plupart mis en place sur un fond d’appréciation, de compréhension et de perception trop individualisée, sans une véritable évaluation initiale, déterminant l’applicabilité de l’approche, les besoins réels, l’expectative ou les résultats probables, l’investissement nécessaire, proposant une formule d’intervention et établissant les lignes de bases pour l’évaluation post factum et ex-post ;

(ii)          En conséquence, au premier pré-conditionnement indiqué, les quelques stratégies en matière de Réduction de la Violence Communautaire, seraient biaisées et même s’il existait une théorie de changement elle est aussi biaisée ;

(iii)        Des plans opérationnels régionaux, incluant eux aussi leurs lignes de base proprement dits n’existent pas ;

(iv)          Des allocations budgétaires et les composantes d’interventions ne sont pas bâtis sur la base des besoins réels, clairement définis, apprivoisés et rationalisant l’investissement;

(v)           Il y a une déficit de cadre de partenariat claire et formel autour de la stratégie de CVR. Ce qui crée un problème de cohérence interne d’exécution des projets, de responsabilité et de redevabilité, de développement de synergie avec d’autres initiatives complémentaires, de pérennité et de continuum logique avec des actions futures de développement ;

(vi)          Un problème de collecte des informations quantitatives et qualitatives sur le programme en raison d’un déficit de vrai moyens et compétence en matière de contrôle Monitorage et d’Évaluation (M&E) des projets financés. Ce qui obstrue toute possibilité de compréhension de la cohérence et la comparabilité progressive des résultats.

Il est par ailleurs fait observer qu’il y a une agitation une autour de CVR et une perception et une interprétation non apprivoisée faisant d’elle, à la fois, une proie à chasser et un tour de Babel. N’ayant pas un contour opérationnel bien défini et ancré aux finalités de prévention et de réduction de la violence communautaire et du fait d’autres aléas qui entoure la dynamique des conflits, laisse entrouvert la porte à l’investissement destiné au CVR dans d’autres poches de mandat qui peut ne pas être au diapason des velléités de DDR/CVR.

Face à un tel constat, les ambitions et aspirations en matière d’approche de CVR sont hypothéquées et les investissements ne sont pas garantis de fournir les meilleurs résultats que possible. Il revient donc aux gouvernants, managers et au bailleurs de fonds d’exiger une meilleure conciliation entre la philosophie de CVR et son opérationnalisation ainsi qu’une application méthodologie de l’approche.  Que peut-on faire, concrètement, pour adresser ces écarts constatés, sans pour autant partir du néant ?


VIII.    POURUN RECADRAGE DE CVR AU REGARD DE SES VELLEITÉS INITIALES

Il n’est point, question, ici, d’imposer des dogmes en matière de pratique de réduction de la violence communautaire, c’est-à-dire, privilégiant des orientations s’inspirant, sans raisons, d’un  courant de pensée en matière de CVR, tout comme qu’il n’est pas question de croire qu’une école détiendrait une connaissance vraie intangible ou d'une vérité décisive, universelle, immuable et incontestable en matière de tel programme. Cette section permet de démarquer notre discours d’un criticisme stérile, mais plutôt d’exprimer un scepticisme béant. Car, pour nous, tout changement pragmatique ne s’opérerait qu’en analysant les fondements, l'étendue légitime et les limites des savoirs et des pratiques. Et par-dessus tout, la critique ne s'exerce pas tellement sur les productions de la raison mais, sur la raison elle-même. D’ailleurs, un tel état d’esprit serait contraire au sens d’ouverture intellectuelle, d’humilité et de jugement de composition qui doivent caractériser un observateur praticien.

Nous voudrions suggérer que là ou un tel programme est envisagé qu’il soit pédagogiquement orienté:
(i)            Que le programme soit l’objet de discussion avec la partie nationale sur le manière elle doit être intégré dans une démarche de sécurisation et de stabilisation prenant en compte les formes actuels du conflit, les aspects identitaires, les causes structurelles, les spécificités régionales incluant les aspect de l’extrême pauvreté et précarité des populations ainsi que les question genres (15). Nous sommes certain que qu’un tel programme devra être multidimensionnels, implémenté par un système multi-acteurs et contrôlé régulièrement et rigoureusement l’effectivité, l’efficience et l’efficacité de l’investissement. Par-dessus tout un tel programme doit inclure des aspect fort d’une stratégie de réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité aux aléas humains;

(ii)          Suite au consensus [16]entre la partie nationale, les principaux opérateurs et les bailleurs, qu’un document de type cahier d’orientation stratégique soit rédigé afin de clarifier la posture philosophique et opérationnelle de CVR et de ses contours, délimitant ainsi les limites de son champs de compétence et d’application  et lui proposant des modes de composition. A ce cahier d’orientation stratégique devrait s’ajouter un cahier programmatique en étape (plan) fixant les problèmes à résoudre, les solutions proposés, les buts et objectifs spécifiques par plan, les intrants à exploiter, les résultats attendus, les indicateurs de succès, les échéanciers, et le système managérial et administratif à mettre en place. Au niveau national, des entités comme le ministère de l’Intérieur / sécurité publique, ministère de la justice, ministère des Affaires sociales et ministère du Plan seraient les entités clés de la formalisation de la démarche ;

(iii)        Des documents de guidance et d’orientation spécifiques, détaillant les fondamentaux de la pratique de réduction de la violence communautaire et des mécanismes de responsabilité, de monitoring et d’évaluation (M&E), soient mise à la disposition des acteurs là où le programme doit être implémenté. Ici, se trouve un pan de collaboration essentiel de développement de partenariat avec l’Université locale et internationale autour du programme et du même coup renforcer l’expertise locale sur la stratégie de prévention et de réduction de la violence locale.

(iv)         Au niveau managériale et institutionnelle, les entités responsables de la définition de l’application de la politique de CVR doivent crée de véritables outils de communication, dont certains doivent avoir la posture de câbles officiel et obligatoire d’application,  clarifiant la définition du programme, sa politique, les aspects méthodologiques de son exécution, tout en mettant en exergue, les pôles de collaboration institutionnelle  avec d’autres secteurs, l’équipe du Pays des Nations Unies. Tous les  acteurs et opérateurs doivent être  entretenus et remémorés périodiquement sur les directives de la politique du programme ;

En plus des instruments mentionnés ci-dessus, nous suggèrerions d’ajouter :
(i)            La mise en place d’un système d’échange et de partage d’expériences, comme des conférences / réunions  trimestrielles réunissant les acteurs managériaux, les bailleurs, les opérateurs, les chercheurs et/ou praticiens, des critiques y inclus universitaires; Des formations pratiques et accélérées pour les pour les opérateurs technique et leur staff opérationnel des interventions de CVR. Dans la mesure du possible, avec le support d’un centre de formation en DDR de grande réputation, des séminaires internationaux peuvent être organisés les pour les décideurs et assimilés afin qu’ils puissent comprendre profondément la philosophie et les principes méthodologiques globaux de l’implémentation du CVR et les leçons apprises de son implémentation dans le contexte d’autres initiatives de ce genre ;

(ii)          L’établissement d’un vrai système de monitorage et d’évaluation (M&E) : évaluation programmatique par audits conjoints incluant gouvernement, principaux intermédiaires internationaux et Bailleurs  ; Des évaluateurs externe et l’encouragement à des études particulière de la part de centres spécialisés et d’universitaires.

Par ailleurs nous proposerions l’application de la démarche en trois étapes: 
(i)            Identifier le/les problème(s) tout en isolant ses/leurs causes profondes et les vecteurs et facteurs sur lesquels on doit agir pour résoudre le problème en toute rationalité ;

(ii)          Formuler des plans d’exécution des solutions retenues, les expérimenter à petite échelle (phase pilote), apporter les adaptations nécessaires, puis les déployer à une étendue plus large. ;

(iii)        Évaluer l’application de la résolution du/des problème(s) expérimenté(s) sur une petite échelle et tenant compte des paramètres à ajuster, puis l’appliquer à large échelle là où le/les problème(s) est/sont de même posture et que les causes, les facteurs et vecteurs sont quasi-identiques et que les mesures  de l’expérimentation préalable semblent s’avérer efficaces.

Se basant sur le principe de l’irréductibilité de la violence[17], l’imagination CVR en termes d’intervention doit analyser les types d’actions symboliques possible pour retenir les facteurs et vecteurs innées de la violence visible et de les contenir dans des transpositions réelles mais qu’elle s’exprime sous des formes virtuelles, moins nuisibles et expressives à l’existence collective.

On comprend bien que l’approche CVR repose sur des bases critiques. Chaque étape  depuis l’identification du problème et de ses causes, sa planification de l’agir, l’expérimentation et l’évaluation des impacts de la réponse doit être fondée sur de solides prospections. Il s’avère que l’appréciation du problème mérite un regard multidisciplinaire et que la réponse nécessite un éventail de compétences professionnelles, qu’il s’agisse de sociologues, d’anthropologues, d’économistes et d’experts en développement, de criminologues, de juristes, de psychothérapeutes, de professionnels de l’arts et bien d’autres.


IX.         EN GUISE DE CONCLUSION

Au cours de ce texte nous avons essayé de mettre de percevoir comment l’approche CVR CVR peut être une incitative au désengagement et ou un outil de dislocation des groupes armés et/ou criminelles ? Comment  peut-elle un appuyer le processus de réinsertion / réinsertion des combattant démobilisé ? Comment elle peut contribuer à aux actions visant le contrôle et la circulation des armes (petits et grands calibre) dans les communautés ? Comment elle renforcer la capacité des communautés à prévenir et agir sur des facteurs et des vecteurs de la violence ? Ce sont des questions de fond de l’opérationnalisation de CVR, inspirées de ses velléités philosophiques. Laquelle philosophie devrait permettre, pour reprendre une expression de l’OMS sur le rôle de la sécurité, doit permettre à l’individu (le bénéficiaire directe) et à la communauté (l’entité globale cible d’intervention) de réaliser ses aspirations[18].

Il est d’une évidence certaine, qu’au niveau de pays d’intervention, qu’il y a un besoin de mise en lumière des velléités de la perspective de Community Violence Reduction (CVR) Programme au regard des objectifs d’un programme de DDR. Mais, il est tout aussi compréhensible, dans chaque contexte il faut apprivoiser ces velléités aux besoins locaux constamment changeant. Même si l’esprit et la lettre de chaque programme peuvent être différents, néanmoins, l’essence et la substance ne devraient pas être aux antipodes de l’ordre philosophique de DDR.

Cependant l’efficacité et l’efficience d’un programme CVR dépend de beaucoup d’autres facteurs, tels que son ancrage dans un programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion, l’engagement effectif et compréhensif des acteurs et des partenaires, incluant les institutions managériales du programme, l’équipe des Nations Unies du pays, les institutions de sécurité, la société civile, les acteurs communautaires, les communautés ciblés et les bénéficiaires eux-mêmes. Ce qui sous-entend la mise en place des politiques et d’autres mesures pour attaquer au problème. 

Cependant, on peut faire plus que cela pour s’attaquer aux facteurs de risque de la violence. Car comme l’a affirmé l’OMS, la violence sous toutes ses formes est largement associée aux déterminants sociaux comme une gouvernance faible, un État de droit défaillant, les normes culturelles, sociales et de genre, le chômage / concentration de la pauvreté, les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, les évolutions sociales rapides, ainsi que les options éducatives limitées. Des facteurs de risque transversaux comme la facilité d’accès aux armes, qu’elles soient ou non à feu, et l’abus d’alcool sont également fortement associés à plusieurs types de violence[19]. Chercher à diminuer l’intensité des facteurs et appliquer des mesures sociales et éducatives pour agir sur les vecteurs sont des options pour y parvenir.

Toutefois, il faut signaler que les oscillations idéologiques autour des questions insurrectionnelles, fondées sur différences ethnocentriques fondamentalement construites et échelonnés sur une longue durée et développant une reflexe  d’opposants et ennemis permanent    sont de véritables menaces pour inscrire l’impact de CVR dans la durée, surtout dans les contextes de crise multidimensionnelle. Car, contrairement à certains pays où la pauvreté est le facteur déclencheur essentiel de la violence communautaire armée observée, il faudra tout un programme de déconstruction des vecteurs de la violence sur une longue durée. Ce qui rendrait plus important, encore, les attributions de la reprise des effets d’un tel programme, en ce qui a trait à la continuation des actions visant le développement de la cohabitation pacifique et l’effectivité d’un système de résolution pacifique des conflits et de tolérance des différences. 

X.           NOTE DE REFERENCE

(1)       Par Jean Laforest Visene de Lyvia Tulce, “To seeking philosophy and ideal schemes of the ddr second genration / community violence reduction programme”, Vendredi 12 mai 2017;  https://visenejl.blogspot.com/2017/05/to-seeking-philosophy-and-ideal-schemes.html;


(2)      Moritz Schuberth le nomme carrément “ armed violence reduction and prevention (AVRP)”. Il a indiqué que l’AVRP englobe à la fois la réduction de la violence et la prévention de la violence. Un tel programme met l’accent sur les causes socio-économiques de la violence, sur l'identification des facteurs de risque «qui contribuent à augmenter la probabilité qu'un individu commette un acte violent» et des facteurs de résilience «qui aident les individus dans des circonstances défavorables à surmonter l'adversité et à éviter la violence» Lorsque ces deux ensembles de facteurs ont identifiées, indique - t ’il, les interventions ciblées peuvent être axées sur la réduction des risques afin de prévenir la survenue de la violence armée. Voir son article intitulée “Disarmament, demobilization and reintegration in unconventional settings: the case of MINUSTAH’s community violence reduction” in INTERNATIONAL PEACEKEEPING, 2017, VOL. 24, NO. 3, 410–433, http://dx.doi.org/10.1080/13533312.2016.1277145;https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/13533312.2016.1277145?needAccess=true


(3)      De manière générale le cadre d’une stratégie Réduction de la violence communautaire est extrêmement large. Car la violence communautaire inclus tous les sous-types des catégories des violences interpersonnelles et collectives englobant les formes de violence exercées de gré ou de force, structurelle ou endémique, fondées sur des inégalités  des pratiques discriminatoires. Elle peut contenir la maltraitance des enfants, la violence exercée par le partenaire intime, la maltraitance des personnes âgées observées comme des pratiques collectives ou celle des membres de la famille, la violence des jeunes, les viols et les agressions sexuelles ainsi que la violence en milieu institutionnel. 

 

(4)       Faudrait-il préciser que le sigle CVR n’est pas à confondre dans le texte avec ce qu’on appelle dans plusieurs pays « Commission Vérité et Réconciliation » ou ce qu’on appelle « Cave à vin réfrigérée » qui ont aussi le même sigle : « CVR ».

(5)       Tandis que d’autres programme peut se concentrer sur des formes de violence comme la menace de pouvoir physique, verbal ou émotionnel, d'intimidation ou de harcèlement, qui infligent des tourments ou des souffrances d’ordre physique, mental / psychologique ou sexuel, la menace de tels actes, la contrainte ou autres privations de liberté, ou une atteinte au bien-être social d'un individu, le programme CVR s’adresse à des formes de violences liés à l’implication des armes à feu dans l’instrumentalisation et l’opérationnalisation de la violence.

(6)       Fofana Moussa, Réinsertion socio-économique des ex-combattants des Forces Nouvelles : Trajectoires risquées pour jeunes à risque, in « Condition pour la consolidation de la paix en Côte d’Ivoire » ICP Research, Barcelona, 2014, page 153.

(7)       Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Rapport mondial sur la violence et la sante´ : résumé », Bibliothèque de l’OMS, Genève, 2002.

(8)      Ibid., page 5.

(9)       Joseph Rouzel, « La violence ordinaire », ERES | « VST - Vie sociale et traitements », 2002/2 no  74 | pages 50 à 51, ISSN 0396-8669, https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2002-2-page-50.htm, p. 51.


(11)    Natasha Arora (traduit par Caroline Faure), « Les programme de Reduction de Violence communautaire », http://www.citeunie.com/programmes-de-reduction-de-violence-communautaire/, 6 mai 2017 ;

(12)    Informations collectées sur le terrain.

(13)   Observations et entretiens in situ.

(14)   Entretiens et témoignages collectés.

(15)    Françoise Nduwimana (Prepared by), “ United Nations Security Council Resolution 1325 (2000), on Women, Peace and Security, Understanding the Implications, Fulfilling the Obligations”, Office of the Special Adviser on Gender Issues and Advancement of Women (OSAGI), Department of Economic and Social Affairs (DESA), Economic Commission for Africa (ECA),http://www.un.org/womenwatch/osagi/cdrom/documents/Background_Paper_Africa.pdf.

(16)   L’expérience haïtienne a montré l’importance d’un tel consensus, de la mise en place d’un système synergisme de suivi et aussi de garantie des bénéfices de la vitrine de visibilité qu’offre un tel programme. Moritz Schuberth (Op. Cit, page 418) relate des allégations de la partie nationales (commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion – CNDDR) qui à notre avis serait liés à un manque de recherche consensus, de coopération et de visibilité partagées sur ce programme. Car, ce n’est pas une bonne chose que les bénéficiaires, les opérateurs et bailleurs veulent entendre la partie nationale, indique que les travaux de sa commission "avaient été complètement sabotés et ceci par deux entités dont il était censé orienter et contrôler les résultats. Au point que d’accuser une partie d'agir contre les objectifs du gouvernement haïtien et en dehors du mandat qui lui a été attribué. Par ailleurs, Moritz Schuberth cite une évaluation réalisée par le ministère des Affaires étrangères du Canada qui : « reprochait au PNUD d'avoir créé des structures parallèles contournant les représentants locaux de la CNDDR ». En effet, après le retrait du PNUD de la gestion de la section conjointe DDR-PNUD/MINUSTAH, fin 2006, le PNUD a mis en place le programme que nous avons indiqué sous l’appellation « Programme de Sécurité Communautaire (PRC) » détaché et évoluant en vas clos du programme supporté par la MINUSTAH et, au départ, en dehors du. cadre nationale de DDR connu. Par contre, il semble que par la suite des efforts d’intégration dudit programme dans le cadre national de DDR et sous le contrôle de la CNDDR avaient été effectués. Nous voudrions souligné que le consensus pour nous signifie un compréhension éclairée des problèmes à résoudre et l’établissement des priorités commune et un ordonnancement de de l’exécution et du suivi.

(17)    Les travaux de John Lock, Sigmund Feud, Michel Foucault, ont mis en évidence un sous-bassement de résistance des vecteurs de la violence. Mais, elle loin d'être un problème social incontrôlable ou inéluctable de la condition humaine ou inévitable.

(18)    Organisation Mondiale de la Santé (09/1998), « Sécurité et promotion de la sécurité : Aspects conceptuels et opérationnels », Québec, éd. OMS, p. 8.

(19)    Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Résumé d’orientation,  rapport de situation 2014 sur la prévention de la violence dans le monde », Page 6, ©Organisation mondiale de la Santé 2014 WHO/NMH/NVI/14.2 


XI.         BIBLIOGRAPHIE

(1)    
Damien Hirschhorn, « Haïti : une intervention exemplaire ? La Réforme du Secteur de Sécurité en Haïti », Université Jean Moulin (Lyon 3), 2014. ;

(2)    
DOORWAYS II, « Manuel de formation du conseiller en développement communautaire : La Prévention et la Réaction face à la Violence Basée sur le Genre en Milieu Scolaire Agence Américaine pour le Développement International, Bureau des Femmes œuvrant dans le Développement, 2009.

(3)    
Fofana Moussa, Réinsertion socio-économique des ex-combattants des Forces Nouvelles : Trajectoires risquées pour jeunes à risque, in Condition pour la consolidation de la paix en Côte d’Ivoire ICP Research, Barcelona, 2014 ;

(4)    
Françoise Nduwimana (Prepared by), “ United Nations Security Council Resolution 1325 (2000), on Women, Peace and Security, Understanding the Implications, Fulfilling the Obligations”, Office of the Special Adviser on Gender Issues and Advancement of Women (OSAGI), Department of Economic and Social Affairs (DESA), Economic Commission for Africa (ECA),  http://www.un.org/womenwatch/osagi/cdrom/documents/Background_Paper_Africa.pdf

(5)    
Iffat Idris, “Lessons from DDR programmes”, in Helpdesk Research Report, 01.06.2016, http://gsdrc.org/wp-content/uploads/2016/06/HDQ1368.pdf pages 1 et 2;

(6)    
Jean Laforest Visene de Lyvia Tulce, “To seeking philosophy and ideal schemes of the ddr second genration / community violence reduction programme”, Vendredi 12 mai 2017;  https://visenejl.blogspot.com/2017/05/to-seeking-philosophy-and-ideal-schemes.html

(7)    
Joseph Rouzel, La violence ordinaire, « VST - Vie sociale et traitements », no 74, ERES 2002.

(8)    
Kofi A. Annan, United Nations Secretary-General (Endorsed by), “ Integrated disarmament, demobilization and reintegration standards ” December 2006; http://www.unddr.org/uploads/documents/IDDRS%20Foreword%20and%20Acknowledgements.pdf. http://cpwg.net/wp-content/uploads/sites/2/2013/08/UN-2006-IDDRS.pdf ;

(9)    

Moritz Schuberth, “Disarmament, demobilization and reintegration in unconventional settings: the case of MINUSTAH’s community violence reduction” in International peacekeeping, 2017, VOL. 24, NO. 3, 410–433, http://dx.doi.org/10.1080/13533312.2016.1277145https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/13533312.2016.1277145?needAccess=true

(10) 
« L’accompagnement social des condamnés et des sortants de prison », http://conference-consensus.justice.gouv.fr/wp-content/uploads/2013/01/fiche-15-accompagnement-social-sortants-prison.pdf, New York, 2008.

(11) 
Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, « Mesures carcérales et mesures non privatives de liberté: Réinsertion sociale » (Compilation d'outils d'évaluation de la justice pénale) https://www.unodc.org/documents/justice-and-prison-reform/cjat/Reinsertion_sociale.pdf

(12) 
“ Operational guide to the integrated disarmament, demobilization and reintegration  standards ”, http://www.unddr.org/uploads/documents/Operational%20Guide.pdf, UN 2014;

(13) 
Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Rapport mondial sur la violence et la sante´ : résumé », Bibliothèque de l’OMS, Genève, 2002.

(14) 
Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Sécurité et promotion de la sécurité : Aspects conceptuels et opérationnels », Québec, éd. OMS, 1998. 

(15) 
United Nations Department of Peacekeeping Operations, Office of Rule of Law and Security Institutions Disarmament, Demobilization and Reintegration Section (Report commissioned by), “ Second generation disarmament, demobilization and reintegration (ddr) practices in peace operations, A Contribution to the New Horizon Discussion on Challenges and Opportunities for UN Peacekeeping “, http://www.un.org/en/peacekeeping/documents/2GDDR_ENG_WITH_COVER.pdf United Nations 2010, Department of Peacekeeping Operations, 380, Madison Ave, 11th Floor New York, NY 10017, USA.

(16) 
United Nations Disarmament, Demobilization and Reintegration Resources Center,  What is DDR? ” http://www.unddr.org/what-is-ddr/introduction_1.aspxCopyright © 2019 UNDDR.org, All Rights Reserved.

(17) 
United Nations Mine Action Services (UNMAS), « Réduction de la violence armée dans la région de Mopti Mars 2014 – Juillet 2015 », https://www.humanitarianresponse.info/sites/www.humanitarianresponse.info/files/documents/files/fr_-_article_-_reduction_de_la_violence_armee_dans_la_region_de_mopti_-_septembre_2015.pdf  ;

(18) 
United Nations, Department of Peacekeeping Operations, Department of Field Support: “United Nations Peacekeeping Operations Principles and Guidelines”, http://www.un.org/en/peacekeeping/documents/capstone_eng.pdf, 2008.

(19) 
Re-orienting DDR to DDR Second generation (Second generation of ddr) in Haiti http://www.ssrresourcecentre.org/wp-content/uploads/2014/08/MINUSTAH_SECOND GENERATION OF DDR _strategy.pdf, September 2007.


                                                
Professeur Jean Laforest Visene de Lyvia Tulce
JLV@L.T