lundi 22 décembre 2014

Utilité de la Sociologie

Utilité de la Sociologie

Par Jean Laforest Visené MA.-

« Si le sociologue peut contribuer à éclairer le prince à l’aider à mieux formuler les problèmes qui le concernent, il n’a pas à prendre des décisions à sa place ». Cette citation cadre bien l’utilité de la sociologie en tant que science positive revêtue aussi de caractéristique des sciences nomothétiques. Comme le dit le sociologue Henri Lévy-Bruhl, disant : « Il importe de maintenir une distinction nécessaire entre la science et ses applications» on estime que les efforts intellectuels dépensés dans toutes les branches du savoir de la sociologie ne devait pas être jugé sur la base de leur exploitation servile par les décideurs politique.

Il est vrai que si la science ne devait pas aboutir à une amélioration de la condition humaine, il ne vaudrait même pas une heure de peine. Mais ce n’est pas une raison de lapider les des sciences à perspectives pacifiques vis-à-vis des réalités qu’elles étudient, estimant qu’éthiquement ce n’est de leur finalité de prescrire des recettes de modification de leurs objets d’étude. C'est dans cette incompréhension que de la logique d’intervention que Robert Castel se demandait : « à quoi ça sert la sociologie ? ».
 
Toutefois, il a reconnu que l'idée de répondre à une demande sociale peut conduire le sociologue à transiger avec l'exigence d'objectivité en se laissant guider dans ses recherches par les demandeurs. Soulignons que la sociologie est à la fois une discipline intellectuelle dans son caractère de recherche fondamentale et une discipline utilitaire dans son caractère  de recherche appliquée.

Dans sa perspective de recherche fondamentale les sociologues cherchent uniquement à enrichir les outils et instrument pour parvenir à l’explication sociologique ce qui a pour finalité la recherche de l’harmonisation des démarches d’explication de la discipline et aussi confère un statu de reproductibilité de l’expérimentation. Elle l'est aussi par le fait qu'il y a une manière de collecter les données, de raisonner, d'argumenter, d'analyser et d'interpréter les informations pour que les résultats soient acceptés comme tels. Elle est, par contre, une profession / métier du fait que le spécialiste de la sociologie peut vendre ses compétences à des tiers.

Dans le premier cas, il s'agit de recherche fondamentale, alors que dans le second cas c'est de la recherche commanditée. Il faut donc distinguer les papiers de l'intellectuel sociologue de celui de l'expert sociologue. Tandis que le premier produit un jugement d'observateur, le second produit un jugement de prescripteur basé sur des valeurs référentielles et marchandes. Il faut préciser que l'expert sociologue, en dépit du fait qu'il est subordonné par ses commanditaires / patrons, n'est pas contraint pour autant de produire de jugements de valeurs. Cependant, il n'est pas, non plus, obligé d'avoir une distance axiologique dans son travail.

Jenny Alain a attiré l'attention sur les liaisons dangereuses entre la Science et la Politique. Cette liaison est dangereuse par le fait qu'elles relèvent de genres différents car la recherche de la vérité s'oppose aux fins poursuivies par le politique et les méthodes sont divergentes. Antoine Tine , pour sa part, dans une étude portant sur le multipartisme au Sénégal a montré comment le discours scientifique peut être bafoué par le fait que des chercheurs n'ont pas pu contenir leur préjugé idéologique. Leur évaluation reste superficielle, peu objective, manquant de distance axiologique.

En faisant de la sociologie un terrain de bataille politique, d'activisme social, le risque est évident que le discours livré pourrait être simplement des positions idéologiques, des convictions. Quand il est engagé comme expert  professionnel, la liberté intellectuelle du sociologue est hypothéquée et il doit produire un discours qui aille dans le sens du bénéfice de ses commanditaires. Il exerce, certes, un magistère fondé sur le savoir, mais il produit des faits normatifs, des qualifications et des déqualifications qui ont un statut de droit. Le discours de la vraie sociologie est celui du savant sociologue qui fait de la recherche fondamentale donc, uniquement pour l'avancement de la discipline.

Il est, certes, compréhensible que le principe de neutralité axiologique donne l'opportunité de qualifier la sociologie de science réfractaire, insouciante et même d’un produit doctrinal au service des classes dominantes, de l'idéologie impérialistes et des forces répressives qui entretiennent les conditions d'exploitation des masses.

Cependant, il faut qu'on dise que la recherche sociologique met aussi en évidence l'injustice dans la société. Cependant, en tant que science positive, elle ne la condamne pas, ne prend pas, non plus, de position au côté des victimes et n'ose pas, péremptoirement, proposer de recettes pour attaquer les maux sociaux. Ces perceptions de la sociologie, comme une science complice, sont des clichés idéologiques et la science doit les dépasser. Force est de faire valoir cette position méthodologique d'Auguste Comte qui précise qu'il revient au sociologue de découvrir par une observation neutre sans admirer ni maudire son objet d'étude.

Cette position de neutralité axiologique n'est pas pour autant complice de quoique ce soit. D'ailleurs comme l'explique Bourdieu, on ne peut pas tenir pour nul le message de la sociologie qui, en réalité, met à découvert le cycle des maux sociaux : problème, cause, effet, mutation / évolution. L'auteur précise qu'on ne peut pas ignorer « l'efficacité du message sociologique ». Il permet, d'après lui, à ceux qui souffrent de découvrir la possibilité d'imputer leur souffrance à des causes sociales. Par ailleurs, il faut noter qu'il revient aux décideurs politiques, aux activistes sociaux, à partir de l'évidence des faits présentés par la recherche sociologique de prendre les dispositions pour corriger les écarts constatés. Comme le pensait Lenine et Gramsci : « Rien n'est plus révolutionnaire que la vérité ». Dans ce cadre-là, le savant sociologue obéit lui aussi au principe de responsabilité sociale du chercheur.

Le rôle du sociologue est de faire le tri dans les mots, distinguant les attributs qui demandent à être écartés en raison d'une équivocité interne et ceux qui méritent d'être utilisés, moyennant parfois quelques précautions. Or toute sélection de traits pertinents enferme des présupposés théoriques : elle pose une distinction entre ce qui compte vraiment et ce qui ne compte pas, entre ce qui existe vraiment et ce qui n'existe pas, ou seulement de façon apparente.

 Jean Laforest Visene
Sociologue, MA Sc. Dev.
 Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
 Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email: visenejl@gmail.com
http://www.visenejl.blogspot.com

vendredi 19 décembre 2014

Entre consensus, ouverture ou partage de gâteau : Lequel sera le plus approprié pour qualifier le prochain gouvernement d'Haïti


Entre consensus, ouverture ou partage de gâteau : Lequel sera le plus approprié pour qualifier le prochain gouvernement d'Haïti

Par Jean Laforest Visené MA.-

Il ne fait aucun doute que le dialogue entre les différents acteurs est indispensable pour tenter de sortir Haïti de son bourbier. Mais quel dialogue, avec quels acteurs et quel degré représentativité ? Qu’on le qualifierait de « gouvernement de consensus » ou de « gouvernement d’ouverture » le processus sera vain si les interlocuteurs ne sont pas animés de bonnes intentions.

N’étant pas dans l’antichambre de la négociation on ne peut pas juger l’intention ou d’en avoir une perception plus ou moins avisée. Cependant, en analysant la configuration des acteurs qui y participent, en partant de la temporalité, du processus de représentativité, et des solutions envisagées à la crise et de la distance d’un groupe d’acteur on peut comprendre la préoccupation de plus d’un sur l’issue réel face à la crise socio-politique que connait actuellement le pays.

La première question à se pose est depuis quand a-t-on commencé le dialogue ? Certainement vous penser à l’accord d’El Rancho. Ensuite, pourquoi cet accord n’a-t-il pas pu déboucher sur la solution ? Certainement vous penser aux caractéristiques intrinsèque et sous-jacent de la crise. Par ailleurs y-a-t-il des expériences d’intermédiation socio-politique qui auraient servi de cadre de référence aux initiateurs de ce processus ? Qui sont effectivement les commanditaires de la solution ? Y-a-t-il une différence entre dialogue inter-haïtien et conférence nationale ?

Le concept de dialogue inter-haïtien s’insinuer l’idée de ce qu’on a appelle au Tchad et au Congo 1990 – 1992), « Conférence nationale souveraine (CNS). Ce fut un espace de dialogue qui permet aux différents acteurs d’horizon diverses, c’est-à-dire pas seulement les partis opposées ou en conflit, de discuter en profondeur des différents problèmes de leur environnement social. Au nombre de ces acteurs fugueraient des représentants des partis politiques, de la société civile, groupes professionnels, des forces de sécurité, des belligérants. Un autre aspect intéressant de cette démarche c’était représentativité géographique des participants et de l’intérêt des groupes d’acteurs en présence. Faisons par ailleurs remarquer que dans le cas du Congo le dialogue s’est étalé sur une année et demi environ. Malgré cela, toutes les questions socio-politiques n’ont pas été épuisées au point d’en trouver un consensus.

Revenons à notre série de question : vue le contexte socio-politique actuelle aura-ton la possibilité d’enclencher un vrai dialogue qui pourra déboucher sur des solutions fondamentale et durable sur la crise haïtienne ? Pourquoi a-t-on tous ce temps pour  donner un vrai ton au dialogue que moi j’oserai déjà considérer comme une posture négociation de sortie de crise ? Peut-on espérer grande chose de ces pourparlers ? Néanmoins si on poserait la question : qui représente le secteur paysan au niveau des pourparlers serait-il sérieux de dire que c’est Repons Peyizan, qui le représente ? Même si on l’accepterait comme vrai, par quel canal était-il désigné pour représenter ce secteur? Il en est de même pour les autres parties prenantes aux actuels pourparlers comme la société civile, l’Universitaire, les syndicats / ouvriers, etc.

Bref la société haïtienne est composée de groupe d’acteurs hétérogènes, le plus souvent ayant des intérêts divergents. Toute solution ne tenant pas compte de cette diversités d’intérêt en présence et sous-jacents à la crise, ne serait que provisoire. Un gouvernement de consensus signifiera la mise en place d’un pacte de gouvernabilité. Cela doit être l’aboutissement d’un accord global pas simplement un accord sur la formation du gouvernement mais et surtout sur le contenu du nouveau gouvernement. Ce serait naïf de la part de certains de commencer à se bagarrer pour savoir qui va avoir tel ou tel ministère ou secrétairerie d’Etat ? Qui va avoir telle ou telle direction générale ?

Jean Laforest Visene
Sociologue, MA Sc. Dev.
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email:
visenejl@gmail.com 
http://www.visenejl.blogspot.com

Quelle est la nature de la militance de la sociologie dans un pays comme Haïti ?


Quelle EST la nature de la militance de la sociologie dans un pays comme Haïti ?

Par Jean Laforest Visené, M.A.

Cet article n’a pas pour but de faire un historique de la contribution de la sociologie ou des sociologues, eux-mêmes à la lutte sociale, idéologique et politique en Haïti. En dépit de l’intérêt de la sociologie haïtienne pour la quête de liberté et de démocratie en Haïti, l’article se limite à rechercher l’utilité que peut avoir la sociologie et dans un contexte particulier comme celui dans lequel se trouve l’haïtisme. Nous reconnaissons, par contre, le rôle politique et idéologique joué, depuis, jadis, par d’éminents sociologues haïtiens dans la vie sociale et politique haïtienne.

Afin d’expliquer la nature de la militance de la sociologie en Haïti, nous faisons une typologie de l’art sociologique ; Ensuite, regardons, en quoi la connaissance sociologique peut être porteuse de germes de changement social ; Et enfin, nous analyserons les limites du savoir sociologique en raison de la « dyadicité » fonctionnelle et relationnelle du sociologue.

1.      Typologie des sociologies

Il est un fait qu’il y a plusieurs variantes dans l’exercice de la sociologie et que la réflexion sociologique est naturelle. Quel que soit le niveau de sociologie il faut aussi reconnaitre qu’elles ont toutes leur rôle et leur importance dans une vue globalisante de la réflexion sur l’objet d’étude de cette discipline. Qu’elles soient officieuses, ou officielles, académiques ou non conventionnelles, exercées consciemment ou inconsciemment, ces sociologies sont différentes et s’expriment à travers quatre principales variantes de la réflexion sociologique.

Les variantes sociologiques en question sont :

a)      Une sociologie populaire
Chaque membre d’une communauté en raison du processus de leur socialisation connaissent le cadre normatif régissant l’action des membres de la collectivité, les analysent et les interprètent afin de donner une réponse appropriée. C’est ce qui explique le fait que les membres des collectivités comprennent les moindres faits et gestes des autres membres de leur collectivité, agissent ou réagissent à leur demande. C’est ce qui explique aussi qu’ils ont des préjugés par rapport tout ce qui leur est socialement étranger.

Apprenant les mœurs, les us et coutumes, imprégnant les légendes et les mythes de sa collectivité, de  bref le cadre normatif de l’action social de son environnement, chaque individu sait quand il est en infraction avec les valeurs auxquelles il est lié à sa collectivité. Qu’on l’appelle sociologie du sens commun, sociologie native, sociologie portative, sociologie implicite ou sociologie latente cette compréhension de son cadre d’action social n’est autre qu’une sociologie du sens qui fait qu’on peut dire qu’il est un individu social.

b)      Une sociologie critique comme une forme de réflexivité intellectualisant sur la vie collective
Appelé aussi sociologie engagée ou sociologie engagé, cette variante a une  ambition missionnaire. Cette variante sociologique s’articule sur la thèse que le sociologue appartient a une société et qu’il y joue un rôle social. Dans cette perspective son travail ne se résume pas uniquement a décrire et a constater le problème, mais aussi et surtout a attirer l’attention sur les maux qui y sont liés et de les condamner. A titre d’exemple, la pauvreté, l’exclusion, les nouvelles évolutions des mœurs ou des valeurs familiales au regard de la morale.

c)      Une sociologie publique
A vocation normative dont la finalité est l’application ; Selon Bourawoy, la sociologie publique ne s'oppose pas à celui de la sociologie universitaire; il en est son  complément. Elle consiste, dit-il,  à faire des problèmes privés des questions publiques. C’est une sociologie un peu  caméraliste

 d)      Une sociologie académique ou universitaire, cognitive
A prétention savante, positive, impartiale ou neutre ; ayant une farouche place à la description.

A ces types de sociologie correspond quatre types de savoirs: ceux des "professionnels" les mieux formés de la discipline, les universitaires et chercheurs; les savoirs critiques; les savoirs ((appliqués)) concernant la mise en œuvre de politiques; et les savoirs "publics (2)".

2.      Induction militante naturelle du savoir sociologique

·         Aider la société à s’interroger sur elle-même ;
·         Nous sommes solidaire dans la réussite comme dans l’échec ;
·         Même nos plus simples gestes en tant qu’individu social et ou en interaction avec autrui est un intrant dans le social ;
·         Ce sont les individus qui construisent le réel social. Nous sommes des héritiers  du réels social passé et nous lèguerons à nos enfants, biologique ou spirituels, ce héritage, amplifié par notre vécu social Nous et le biotope socio-matériel participent au formatage des individus, des collectivités et des institutions ;
·         Un bonjour, un « mèd », un « gèt manman », une mauvaise mine, tout comme un sourire, un geste de magnanimité, un geste de fairplay peut ne pas avoir effet uniquement sur le destinataire qui lui-même est en interaction avec  autrui.
·         Que nous portons l’étampe des démons que nous avons-nous-même construit et nous les remodelons suivant un processus  qu’aucun individu, en soi, n’est pas maitre.
·         Nous sommes dans le film, à la fois comme acteurs et comme spectateur ;
·         Le réel social, harmonieux ou tumultueux, n’est pas une fatalité ;

La sociologie trouve son statut de militance dans le caractère libertaire de la connaissance. La sociologie en tant que science a pour responsabilité de  d’élucider les faits et les phénomènes, c’est-à-dire établir la vérité et rien que la vérité sur les réalités communautaires ou sociétaires. Le premier prophète chrétien a eu raison de dire à ses compatriote Juifs : « Vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira » (Jean 8 :32). La sociologie porteuse de la vérité scientifique sur l’échafaudage des réalités sociales les plus simples au plu complexe est une source de liberté. Car elle est la lumière de l’ombre des ténèbres de l’ignorance et ou de l’incompréhension. Voilà pourquoi la sociologie est considérée comme la science dérangeante. Et que plus d’un cherche à l’avilir et la ternir pour éviter qu’elle joue son vrai rôle en Haïti.

Connaissant que la sociologie est porteur de savoir pour faire prendre conscience à la masse chacun d’entre nous détient une partie du pouvoir et que chacun d’entre nous est géniteur de l’avenir, la sociologie n’est pas bien vu des acteurs malicieux, inconstant et incohérents.

Les esprits des morts que nous croyons qui hantent nos vies ont été créés par nous-mêmes et habitent en nous parce que nous en sommes leurs héritiers. Ils sont éternels à travers nous et continuerons à l’être à travers nos fils et nos filles.

Contrairement à ceux qui pense que la sociologie à un rôle de dénonciateur, et qu’elle doit être contre le système, je répondrai pour dire que la sociologie, ni avocat de la partie demanderesse, ni avocat de la partie défenderesse, non plus un procureur, non plus le juge qui prononce la sentence pour déterminer qui avait tort ou qui avait raison. Elle n’est ni à gauche, ni à droite, elle n’est ni socialiste ni capitaliste. Pire encore de la considérer comme une mercenaire, qui au gré d’un gain et/ou des intérêts épure les laideurs et/ou enhardissent les beautés.

3.      De l’académique naïf a une forme pathologie de la pratique sociologique

Le rôle de la sociologie n’est que celui de l’observateur neutre, impartial qui dit le mot de la vérité sur les faits humains collectifs, qui met en évidence d’une manière accessible, c’est-à-dire visible et compréhensible, les faits et les prénommes sociaux qui ne le sont pas immédiatement. En approfondissant des faits et des phénomènes, que peut-être beaucoup connaisse déjà, il joue une partition sociale très importante dans le processus de la résolution des problèmes sociaux.

  Il est vrai que le sociologue est un homme de la caverne. Comme tout citoyen, il fait partie de la société c’est-adire qu’il est a l’intérieur, a la fois comme acteur (interagit), spectateur (a ses jugements de valeurs ou intéresses) et observateur (qui doit dire le mot du réel social observée selon un cadre scientifiquement établit, circonscrit dans les limites de la position de pouvoir observer) (1). Donc l’exercice de la profession de sociologue n’enlève pas au sociologue son rôle s’activisme social. Mais dans sa fonction de sociologue il doit faire l’effort d’être au dessus de ses intérêts sociaux, de ses valeurs et de ses préjugés non scientifiques. Il revient à l’acteur social de savoir comme exploiter la connaissance offerte par la sociologie pour affiner et aviser sa position d’acteur social.

La sociologie c’est une science, ayant, certes, son caractère limitatif en raison de la nature de son objet d’étude, elle demeurera une science ! La pratique faisant du sociologue a la fois un scientifique et un activiste politique et/ou social est une forme d’existence pathologique de la discipline. En dépit, de cette cela, nous reconnaissons que ce n’est pas l’activisme n’est pas le principal problème de la sociologie. Bien qu’il peut être un positionnement stratégique pour comprendre les dessous de la chose sociale.

Tenant compte du degré de l’illettrisme masse qui existe en Haïti et des limites des mass-médias on se demande si la militance de la sociologie ne resterait pas un outil de la défense de la société civile uniquement dans ses potentialités si les sociologues ne participent pas eux-mêmes activement a la défense des droits, en particulier de ceux qui en sont les plus faibles.  

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(1)   De ce fait le discours du sociologue peut porter l’empreinte des contingences politiques et historiques.87
(2)   Michael Burawoy, Pour la sociologie publique, http://socio-logos.revues.org/11

 
Jean Laforest Visene
Sociologue, MA Sc. Dev.
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email:
visenejl@gmail.com 
http://www.visenejl.blogspot.com

lundi 11 août 2014

Choisir des bénéficiaires des programmes D‘apaisement social visant la resolution ds problemes de Violence : Proposition d’un modèle de selection

Choisir des bénéficiaires des programmes D‘apaisement social visant la resolution ds problemes de Violence : Proposition d’un modèle de selection

Par Jean Laforest Visene. -

L’outil d’identification et le processus méthodologique que nous proposons ici visent à diminuer la marge de risques que les projets d’un programme d’apaisement social visant la prévention et/ou de Réduction de la Violence Communautaire et/ou urbaine n’atteignent pas leur vraie cible. Car, comme l’avise le proverbe haïtien « Sót ki bay enbesil ki pa pran » (En créole haïtien) [Traduction française : Les sots donnent, sauf les imbéciles qui ne prennent pas]. On comprend aisément que l’absence des lignes de base et critères clairs et objectifs de choix des bénéficiaires laissent la porte ouverte à une interprétation du programme comme étant une illusion de perspective et en final n’aura qu’un effet/impact nul et même pourra créer un cercle vicieux pour la résolution du problème.

Les éléments de la méthodologie d’identification et de sélection des bénéficiaires qui sont ici proposés  les critères, concernent les projets adressés aux jeunes à risques et autres groupes vulnérables comme les femmes et les enfants dont leur condition nécessitent une prise en charge pour résoudre la violence urbaine. Dans plusieurs pays nous avons constaté que le paquet du programme offert comprend des projets, a Haute Intensité de Main-d’œuvre (HIMO), des projets d’infrastructures sociocommunautaires, des projets de formation professionnelle, des activités génératrices de revenu et/incubation en entreprise et des placements en emploi. Considérant que les deux premiers types de projets mentionnés sont beaucoup plus à effet globalisant plus qu’individualisant, cherchant à restaurer le tissu social et de développer une culture de cohabitation pacifique entre les membres d’un même milieu, nous  centrons notre analyse sur les trois derniers type de projet.

I.                    Nécessité de linkage théorique des critères d’identification des bénéficiaires

Les critères d’identification doivent être strictement liés à la démarche théorique du programme ainsi qu’aux finalités de tel programme. Voilà pourquoi nous privilégiions deux éléments fondamentaux :

·         L’association et la manipulation dans le cycle de la violence ;
·         Le degré de vulnérabilité qui prédispose au réservoir des groupes et des bandes.

Nous suggérons que la théorie de changement de tels programmes établisse des liens directs entre le cycle spiral des réseaux, la satisfaction des besoins de base et la dynamique ainsi que les potentialités de migration de la violence communautaire. Voilà pourquoi les programmes devraient s’accommoder à des éléments objectifs d’identification des bénéficiaires dans ses zones cibles. Car, en principe de tel programme cherche à briser, non seulement la vase mais aussi, les drains de conduis à la vase, le programme adressent tant les éléments qui sont impliqués dans les groupes et les bandes en raison de leur vulnérabilité économique et sociale mais aussi, des groupes spécifiques (Femmes, enfants et jeunes à risques) qui peuvent constituer un réservoir de recrutement et/ou de soutien aux bandes et groupes armés.

Le processus d’identification des bénéficiaires que nous proposons prend en compte l’histoire sociale de l’individu, c’est-à-dire des relations sociales avec les groupes et/ou bandes armés,  des questions monétaires (revenu et dépenses); et de multiples autres aspects comme la sécurité alimentaire, les conditions de vie, l’accès aux services de base, le statut socio-économique, la possession de biens et de moyens de production.

Divisés en critères universelles, critères spécifiques et critères liés à l’histoire sociale, la proposition est agencée de manière à éviter la stigmatisation des bénéficiaires de tel programme.

II.                  Critères d’identification des bénéficiaires

a)      Critères universelles d’éligibilité

Universellement, c’est-à-dire dans toutes les zones cibles d’un  programme apaisement social visant la prévention et la réduction de la violence communautaire, les bénéficiaires devaient répondre aux critères suivants :

·         Une tranche d’âge en se référant à la statistique non seulement de la vulnérabilité mais aussi de l’implication des membres de la communauté dans la dynamique de violence ;

·         Le niveau de scolarité, prenant en compte la question de l’inégalité des chances des membres de la population devant l’enseignement. Ce serait préférable  que les bénéficiaires soient sélectionné parmi ceux qui n’ont pas bouclé ses études classique et/ou ceux qui soient déscolarisé ou non-scolarisé ;

·         Pour que cela ait un impact géographiquement mesurable, il faudra délimiter claire l’aire de couverture du programme. Par exemple on doit délimiter claire l’aire de résidence des bénéficiaires tout en tenant compte des durées de résidence. Ce dernier permettra de limiter que ce type de programme au un effet de mouvement de population vers des zones bénéficiaires de tels programme;

·         Il faudra que la personne soit sans emploi et/ou activités génératrice de revenu. La pérennité est à considère en évaluant ce critère.  Car ce n’est pas parce que la personne est occupée qui fait qu’il ne soit pas vulnérable.

·         Il faudra aussi éviter de faire de ces programmes des clientes de certains opportunistes qui ne cherchent que des occasions de manière malicieuse. Voilà pourquoi il serait conseillé de mettre des garde-fous. Par exemple ceux qui ont bénéficié d’activités génératrices de revenu de programme assimilés ou de programmes de DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion), ou en attente d’un de tel programme ou encore en attente d’être intégré dans les Forces de Défense et de Sécurité  d’en faire partie.

·         Eviter que le programme ne soit pas en collusion avec des procédures judiciaires. Par exemple il faudrait que les bénéficiaires ne fassent pas l’objet de poursuite judiciaire au moment du programme ;

·         Il est constaté dans certains programmes des cas d’abandons pour des motivations d’indisponibilité. Il serait important de s’assurer que les bénéficiaires signe un document d’engagement de disponibilité durant toute la durée du projet concerné ;

·         Enfin les bénéficiaires devraient s’engager à s’impliquer dans des activités de promotion de la paix et de multiplication des effets de ces projets dans sa communauté. Se postant ainsi comme des Peer-helper pour les futurs bénéficiaires.

b)      Critères spécifiques de choix

Les critères spécifiques permettront de choisir les bénéficiaires sur la base du degré de vulnérabilité des candidats aux projets offerts par le programme.  Ils se basent sur la mesure spécifique des dimensions du conditionnement de la pauvreté de l’individu[1] qui le rend plus vulnérable et/ou manipulable dans le cycle de la violence communautaire et /ou urbaine.

Ces critères se basent principalement sur des dimensions de la pauvreté du candidat comme : Possession de biens et moyens de production ; Composition du, ménage; Revenu ; Conditions d’habitation ; Statut scolaire et professionnel ; Sécurité alimentaire ; Accès aux services de base et au crédit ; Dépenses ; Apparence physique et habillement.

Le tableau, ci-dessous, présente les critères de mesure et comment ils  pourront être évalués et/ou exploités dans le processus de sélection.

#
Dimension
Critère de mesure
%
1.        
Possession de biens et moyens de production
·         Activités économiques ;
·         Possession de biens matériels;
·         Possession de biens de luxe ;
·         Possession de  radios ;
·         Possession de la terre et/ou autre moyen de production;
·         Possession d’intrants de production comme volaille (poules et..) vaches etc.;
·         Possession d’un téléphone portable et/ou fixe ;
·         Equipement de travail de la terre ;
·         Possession de de transport et/ou mode de transport utilisé;
 
 
2.        
Accommodation de ménage
·         Célibataire dépendance parentale ;
·         Célibataire en solitude ;
·         Famille monoparentale
·         Veuf ou veuve avec revenu ;
·         Veuf ou veuve sans revenu
·         Orphelin sans soutien;
·         En relation conjugale, sans enfant ;
·         En relation conjugale avec enfant ;
·         En relation conjugale avec plusieurs enfants ;
 
 
3.        
Revenu / satisfaction des besoins d base
·         Vivre avec son revenu mensuel ;
·         Vivre avec l’aide de parents ou connaissance
·         Vivre de la mendicité.
 
 
4.        
Conditions d’habitation
·         Maison en Brèches / paille ou en mur de béton ;
·         Superficie de l’habitat ;
·         Statut : Propriétaire, location ou donation ;
·         Ne pas avoir de foyer ;
·         Nombre de pièces comparé au nombre de personnes dans le ménage.
 
 
5.        
Scolarisation / Statut Professionnel
·         Niveau de scolarité atteint;
·         Profession;
·         Emploi.
 
 
6.        
Sécurité alimentaire
·         Mode de restauration : Restaurant, cuisson à domicile, ou fourni par des tiers ;
·         Nombre de repas par jour ;
·         Personne présentant des signes de malnutrition ;
·         Famille avec une femme enceinte ou plusieurs enfants sévèrement malnutris.
 
 
7.        
Accès aux services de base et au crédit
·         Ménage ayant un compte d’épargne ;
·         Parent bénéficiant actuellement d’un prêt d’une institution ;
·         Avoir personnellement bénéficié d’un crédit bancaire dans le passé.
 
 
8.        
Dépenses
·         Capacité ou incapacité d’acheter les aliments de base.
·         Capacité de faire des dépenses de luxe.
 
 
9.        
Apparence physique et habillement
·         Style d’habillement et de coiffure ;
·         Possession de décoratif d’habillement comme lunette de marque, bijoux précieux ou autre.
 
 

c)       Critères liés à l’histoire sociale de l’individu

La démarche empruntée ici n’est ni historiographique, ni policière. Elle permet simplement d’établir une relation déductive entre le vécu des individus et des paramètres de la violence communautaire et/ou urvaine. Car c’est l’histoire des gens qui font société. En tissant entre eux, au quotidien comme dans la durée, des liens de toutes natures, les individus deviennent et deviendrons ce qu’ils en sont et seront aujourd’hui et demain.  Une telle appréhension relationnelle des vécus individuels et des destins collectifs, permettra de poser les liens les facteurs de violence au niveau communautaire et/ou urbaine et le cheminement des individus dans la société.

Les dimensions sociales que nous proposons de privilégier, ici sont liées au parcours migratoire du candidat au programme, les héritages en termes de pratique socioprofessionnel de ses parents, ses relations sociales et ses connaissances de la violence.

Le tableau, ci-dessous donne des indications, plus pou moins sommaire, sur la manière dont ces dimensions peuvent être évaluées.

#
Dimension
Critère de mesure
Cote
1.        
Parcours migratoire 
·         Zones d’origine ;
·         Zone de transit ou de résidence à des périodes subséquentes ;
 
 
2.        
Activités professionnelles des parents
·         Type d’activités
 
3.        
Relation sociale 
·         Membre d’association sociocommunautaire ;
·         Membre de mouvement ou de parti politique.
·         Membre d’association socio-professionnelle.
 
 
4.        
Connaissance de la violence
·         Savoir manipuler une arme à feu ;
·         Pratique de la chasse ;
·         Avoir vu des scènes de violence ;
·         Avoir été victime de la violence ;
·         Avoir eu un proche parent victime de la violence
 
 
 
Le modèle proposé étant conçu de manière pro-objective, le processus et les critères d’identification doivent être adaptés selon les besoins et les obstacles à les appliquer. Néanmoins, ces changements doivent respecter les liens théoriques du changement préconisé par le programme de référence.
 
III.                Processus de Sélection et de validation

La sélection des bénéficiaires pourra se faire suivant un triple processus : Administratif ; Communautaire et ; Mixte.

a)      Processus administratif

D’abord il faudra créer une structure stratégique pour la définition des grandes orientations du programme dans le respect de l’appropriation au niveau local et suivant les axes prioritaires définis par les autorités gouvernementale. A cette structure s’adjoindra une structure technique qui assure le contrôle de la mise ouvre de la vision stratégique du programme.  Tous le processus administratif devrait être entériné au niveau stratégique et technique. L’approbation des critères théoriques d’identification des bénéficiaires deviendraient le fondement du processus administratif. Ces structures s’assureront que lesdits critères soient suivis et/ou amendés en fonction de l’évolution de la dynamique sociale.

b)      Processus  communautaire

Le processus communautaire d’identification des bénéficiaires est le plus participatif que possible. Il est déterminé par le biais de groupes spécifiques incluant les autorités locales, les leaders communautaires, des Notables et/ou chef de village, des autorités religieuses, des associations et organisations communautaires de base, des acteurs humanitaires et/ou partenaires affiliés au système des Nations et d’autres activistes communautaires.

 Afin d’assurer une participation motivante un système de quota à candidature pourrait être envisagé et attribuer aux partenaires crédibles identifiés dans le milieu. Au travers de leur système de travail et/ou d’intervention dans les communautés cibles ces acteurs pourraient identifier des potentiels bénéficiaires qu’ils orienteront vers le système de réception des candidatures. D’un autre côté, des facilitateurs communautaires préposés à la réception des candidatures feraient le profilage des candidate à travers d’un formulaire bien conçu.  Par la suite, le formulaire de profilage rempli devait être transféré à un système de data du programme qui se chargerait du traitement informatisé des dossiers.

c)       Processus mixte

Le processus mixte  combinera les critères administratifs aux critères communautaires. A ce niveau les bogues et/ou erreur de système de collecte et traitement pourraient être corrigés.

d)      Système informatique d’analyse de critères et particularité de traitement

Les données permettant d’évaluer la correspondance du statut du candidat au profil recherché seront saisies dans une base de données et traitée avec un programme informatique  sur Microsoft  Access.  Ce système permettra d’augmenter l’objectivité et la neutralité dans la sélection.

IV.                En guise de conclusion

La mise en place et l’utilisation d’un système de sélection objectif des bénéficiaires des projets d’un programme d’apaisement social visant la prévention et/ou de Réduction de la Violence Communautaire et/ou urbaine permettra d’éviter des reproches, non seulement de la part des Auditeurs mais aussi, des membres des communautés cibles du programme.  Le processus et les outils doivent être testés au début du programme et adaptés selon les observations de terrain.

Enfin faisons remarque, qu’en dépit du fait que le programme cherche à diminuer les potentialités de la violence dans les communautés, le processus d’identification des bénéficiaires devrait tenir compte, par exemple, des personnes frappées d’incapacité physique, même si cette incapacité n’est pas strictement liée à leur association ou affectation dans le cycle de la violence communautaire. Cela permettrait d’éviter que de tels programme sont fait pour récompenser les bandits, et en le faisant on encouragerait tacitement les gens à être de la sorte.

 
Jean Laforest Visene

Sociologue, M.A. es Sc. Développement
Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)
E-mail : visenejl@gl.com
Web page : www.visenjl.blogspot.com



[1] Voir : L’article de Florence Morestin, Patricia Grant & Valéry Ridde (Université de Montréal, Canada), « Les critères et les processus d’identification des pauvres en tant que bénéficiaires de programmes dans les pays en développement »,