dimanche 20 mars 2011

Incurie des protestations collectives en Haïti : Essai de compréhension sur la base d’analyse d’événements sociopolitiques durant la 1ère moitié du 20ème siècle

INCURIE DES Protestations collectives en Haïti : Essai de comprÉhension sur la base d’analyse d’ÉvÉnements sociopolitiques durant la PREMIERE moitiÉ du 20ème siÈcle

. - Par VJL

*** Les protestations sont inséparables de la « nature humaine », inhérentes à la vie sociale, ou de l’état social, pour ainsi dire irréductibles, quelque soit l’environnement considéré. Souvent, elles traduisent des insatisfactions ou des différences idéologiques profondes. Malgré cet état de fait, un des présupposés de l’utilité des protestations dans une collectivité est qu’elles peuvent déboucher sur le progrès véritable et développent les capacités communautaires de discussion et de tolérance active. Surtout, quand elles sont bien menées. Cependant, si elles relèvent de divergences inconciliables et de mobiles indomptables on doit s’attendre à un bing-bang en permanence.

Haïti, la première république noire indépendante du monde, connait, depuis sa fondation, des périodes de tumultes politiques remarquables à cet état de bing bang. Ces fracas persistants et percutants sont le plus souvent, en rupture avec les intérêts supérieurs de la nation. De ce fait, ils handicapent le progrès social, politique et économique du pays. Haïti. « Un pays  qui recommence  à chaque événement» écrivit-on dans l’une des éditions de 1929 du Journal « Le temps ». Ce qui dénote que les protestations collectives en Haïti sont des jeux à somme nulle dont la signifiance est : l’échec, augmentation des rancœurs sociaux, distanciation des groupuscules et parcellarisation identitaire ; affaiblissement et ou déchéance des institutions locales, dépendance externe de la gouvernance locale. Dans ce cas, on peut même oser parler des protestations d’Haïti comme le résultat d’un jeu à somme négative.

Est-ce les événements qu’il faut indexer ou le fondement ou la nature des protestations qui les accouchent ou d’autres aléas en concubinage avec ces protestations ? La tranche de l’histoire d’Haïti, allant de 1900 à 1956, est intéressante si l’on veut trouver une réponse à cette question. Dans ce papier, nous divisons cette tranche d’histoire en quatre périodes. La première s’étale du 14 décembre 1902 au 2 août  1911 ; La deuxième, du 14 Août 1911 au 27 Juillet 1915 ; La troisième, du 28 juillet 1915 au 15 Mai 1941 et ; La quatrième, du 16 mai 1941 au 14 juin 1957. Cette division historique se base sur l’aire politique du moment et le dénouement politique qui s’en suit.

       I.    CONTOURS METHODOLOGIQUES

Afin d’éviter toute confusion, nous tenons à souligner que le terme incurie réfère dans ce texte aux résultats qui tendent vers –ص des différentes protestations collectives de la période considérée. Nous notons à travers elles  ce qu’on pourrait qualifier d’inattention, de distraction, d’étourderie, d’inadvertance, de mégarde, de  négligence, d’imprudence et de légèreté. Voilà pourquoi à travers cette analyse nous poursuivons deux objectifs :
-       Dégager les motivations des protestations collectives et les modes d’appropriation du pouvoir qui en résultent;
-       Comprendre les conjectures sociales qui les entourent.

L’analyse s’articule autour d’une question centrale : Pourquoi les protestations, dites collectives, en Haïti n’ont jamais permis à poser les bases pour un véritable changement social dans le pays ? Dans une perspective d’hypothèse, à travers les différentes protestations que nous considérons ici, nous ambitionnons d’isoler la volonté du macro-social haïtien de changement de la gouvernance politique et économique de l’individualisme, du « groupisme» opportuniste et d’une possible main invisible extraterritoriale. Nous mettons ces mouvements en relation avec trois variables : Premièrement, l’organisation politique d’avant-garde qui de toute évidence parait très faible ; Deuxièmement, l’état de l’élite haïtienne qui semble-t-il n’a pas su se mobiliser à des moments politiques précis ; Troisièmement, la crédulité et le sensationnalisme de la classe populaire.

Nous essayons de classer les protestations collectives de la période considérée dans l’une de ces cinq catégories d’états suivantes : Altercation ; chicane ; controverse ; contestation ou conflit. Nous faisons cette catégorisation parce que, pour nous, toutes les protestations collectives d’Haïti n’ont pas toujours débuché sur un conflit à proprement parlé. Car, d’un point de vue technique un conflit est l’ultime intensité d’affrontement, une série de heurts où chacun exprime son hostilité et son intention de faire céder l’ « ennemi ». Notons bien, ici, qu’on parle d’ennemi et non d’adversaire deux termes qui expriment l’intensité de l’opposition entre les acteurs. Si dans les quatre premières catégories classificatoires on peut qualifier les opposants d’adversaires, dans la cinquième, ils sont plus que des adversaires, donc des ennemis.

D’une manière simpliste, précisons que nous considérons comme altercation les protestations qui visent à évincer l’homme à la commande du pouvoir politique  sans pourtant viser le changement de la politique, alors que la chicane, elle, recèle des discordances de vue sur la conduite du pouvoir dans la même frontière idéologique du pouvoir en place. Quand à la controverse, elle implique une opposition en dehors des frontières idéologiques du pouvoir en place. Elle vise nécessairement un radical changement de régime politique.

Quand à la contestation, contrairement à la controverse, ne vise pas, en partance, à l’évincement du régime politique en place. Elle est plutôt revendicative, en ce sens qu’elle exige une prise en considération de ses idéaux. Le découchage du régime n’est que l’ultime moyen pour parvenir à la satisfaction de ses idéaux. Enfin le conflit implique des antagonismes touffus entre les acteurs c’est-à-dire ceux qui produisent les contestations et ceux qui sont les cibles. Cette catégorie implique l’opposition d’intérêts politiques et/ou économiques et même de régionalisme culturels entre les parties en conflit. Il faut souligner aussi que dans cette catégorie la confrontation est inévitable et les groupes concurrents ne ménagent l’usage des armes reprochables par la morale politique.

Enfin, faisons remarquer que les qualificatifs des différentes protestations prennent en compte :
-       Le nombre d’affrontement recensé entre les groupes rivaux (NARGR) ;
-       Le nombre de mort et / ou blessés directement lié à ces mouvements (NM/BPP) ;
-       L’étendue territoriale du mouvement de protestation (ETMP) ;
-       Le front des protestations et les types d’armes utilisés (FPTAU) ;
-       L’appartenance idéologique des protestataires et / ou statut du chef de fil (AIP/SCF) ;
-       Les finalités exprimées par les protestataires (FEP) ;
-       La durée des mouvements de protestation (DMP).

Ainsi, les protestations collectives seront cataloguées suivants les critères fixés dans le tableau ci-dessous :

Indicateur
Catégorie
Altercation
Chicane
Controverse
Contestation
Conflit
NARGR
> 2
> 3
> 3 <
< 3 et plus
< 4 et plus
NM/BPP




< 10
ETMP
Non Objet
Non Objet
Non Objet
Au moins 1 département
Au moins 2 départements
FPTAU
Prise d’armes par un groupe limité d’adversaire
Scission idéologique à l’intérieur du parti au pouvoir
Pamphlet ; accusation ; réquisitoire ; diatribe

Communication sociale ; Rassemblement et / ou Manifestation publique
Communication politique ; Incitation au soulèvement populaire ; Groupe armé clairement identifié ; Usage des armes légères et / ou lourdes ; meurtre, enlèvement / emprisonnement ; Attaque des intérêts du groupe adverse
AIP/SCF
Intra ou extra groupe
Intra groupe
Extra groupe
Intra ou extra groupe
Extra groupe
FEP
Evincement du timonier
Expression publique de divergence sur la conduite du pouvoir
Dissolution du régime en place
Recherche de satisfaction des revendications
Dissolution du régime en place et expression d’alternative de remplacement
DMP
Spontanée
momentanée
1 à 30 jours
1 à 12 mois
Plus de 3 mois




L’évidence de notre analyse se base sur une théorie que nous appelons la  « théorie des enjeux » ou de confrontation d’intérêts divergents. Les potentiels protagonistes sont repartis en deux groupes A et B auxquels ils ont chacun trois possibilités de comportements : La Coopération (C) ; l’Evitement (E) ; la Défection (D). Le croisement  de ces trois options donne neuf boucles d’action de composition :
a)    Coopération de A / Coopération B (CA/CB) ;
b)    Coopération de A / Evitement B (CA/EB) ;
c)    Coopération de A / Défection  de B (CA/DB) ;
d)    Evitement de B /Coopération A (EB/CA) ;
e)    Evitement de B / Evitement A (EA/EB) ;
f)     Evitement de B / Défection de A  (EB /DA);
g)    Défection de B / Coopération de A (EB / EA) ;
h)   Défection de A /Evitement de B ( DA/EB);
i)     Défection de A / Défection B (DA/DB).

Même si les différentes protestations collectives d’Haïti sont toutes confinées dans l’univers d’intérêts politiques, de concurrence économique, de rivalités sociales, elles ne déboucheraient sur un conflit que si les protagonistes choisissent mutuellement que l’option de défection c’est à-dire : Défection de A / Défection B (DA/DB). Malgré ce choix, si elles étaient exercées dans le cadre d’un contrat social, son impact s’amoindrirait. Qu’elles en soient la résultante ou le prolongement d’une lutte de classe ou de groupuscule à l’intérieur, qu’elle en soit le signe de la faiblesse ou l’absence normes assez fortes pour assurer une coopération solide de l’intérieur comme de l’extérieur il est curieux de comprendre pourquoi beaucoup de protestations collectives en Haïti ont certes abouti au changement des timorés mais, pas de la politique de l’Etat.

Nous sommes d’avis que la manifestation ultime des protestations collectives est le conflit et celui-ci est une des options pour parvenir à la résolution si on l’inscrit dans une vision fonctionnaliste et marxiste de la société haïtienne. On croyait qu’on pouvait appliquer selon la perspective d’Alexis Clerel de  Tocqueville, la stratégie de moyennisation sociale pour parvenir à des changements en profondeur dans une société. Soulignons que cette théorie s’inscrit dans une perspective d’avènement démocratique et propose comme recette l’affaiblissement des clivages traditionnels, une augmentation de la mobilité sociale et un accroissement des effectifs de la classe moyenne. D’après cette thèse cette moyennisation sociale permettrait l’émergence d’une multitude d’homme pareils, qui sans être ni riche ni pauvre, possède assez de bien pour désirer l’ordre et n’ont pas assez pour exciter l’envie. Mais la question est de savoir pourquoi cette thèse n’a jamais été vérifiée positivement en Haïti. Est-ce parce qu’il manquait un travail de construction de la conscience collective  ou parce qu’elle n’est pas adaptée aux spécificités haïtiennes ?

 Nous limitons notre mise en perspective à certains faits qui permettraient d’aboutir notre démarche de compréhension. ……****

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Sommaire de l'analyse

I.    CONTOURS METHODOLOGIQUES

II.    Des protestations Sous le regime de Nord Alexis au départ du Président Antoine Simon
2.1.        De la présidence de Nord Alexis
2.2.        Les protestations collectives sous le régime d’Antoine Simon
2.3.        Observations sur la période allant du 14 décembre 1902 au 2 aout 1915

III.    De Cincinnatus Leconte  à Villebrun Guillaume Sam

3.1.        Contexte diplomatique houleux et regorgement du cacoïsme sous le président Leconte
3.2.        De Tancrède Auguste aux gouvernements éphémères
3.3.        La période des présidents éphémères
3.4.        Observations sur la période allant du 14 aout 1911 au 27 juillet 1915

IV.    Les protestations collectives de 1915 à 1934

4.1.        L’élection de Philippe Sudre Dardiguenave à la légitimation de l’occupation
4.2.        Des protestations collectives sous l’occupation américaine
4.3.      Observations sur la période allant du 28 juillet 1915 au 15 mai 1941

V.    Les protestations collectives après l’occupation américaine de 1934 à 1956
5.1.        Les protestations sous Sténio Vincent
5.2.        Protestation collectives de Dumarsais Estimé à Paul Eugène Magloire
5.3.        Observations sur la période allant du 16 mai 1941 au 14 juin 1957

VI.    conclUSION
Jean Laforest Visené
Sociologue, M.A. Sciences du Développement

L’Université en Haïti :Entre Cathédrales de la foi, Instrumentalisation / Victimisation politico-idéologique et Palace de la Science

L’Université en Haïti :
Entre Cathédrales de la foi, Instrumentalisation / Victimisation politico-idéologique et Palace de la Science

Cette analyse se situe dans le sillage du débat public sur  l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) que nous appelons volontairement : L’Université d’Haïti. Nous y  proposons une lecture des crises récurrentes qui rongent les entités facultaires de l’UEH. Nous avons  fait appel à deux concepts nouveaux : Celui de « Biotope socio-matériel » et celui de «Pratiques Champwelo-masochiste » qui tendent à devenir une représentation de l’imprégnation collective de l’être haïtien. Notre base théorique d’explication de la réalité actuelle de l’UEH est  la théorie du « constructivisme social ». A partir des constats nous énonçons que : « Tout  ‘’réel social’’ manifeste l’imprégnation de son conditionnement socio-matériel, et son intensité dépend de facteurs circonstanciés, conjoncturels / temporels ou permanents qui en sont les déterminants». Une approche pluridisciplinaire et sur des bases pluridimensionnelles,  est nécessaire pour saisir l’enracinement de la crise de l’Université d’Haïti en particulier et de la société haïtienne en général.

. - Par Jean Laforest Visene

****Ce papier est un essai de compréhension de la condition de l’université haïtienne et de  l’expression de l’universitaire dans ses formulations. Il établit une correspondance entre l’état de l’université haïtienne, l’étoffe de l’universitaire du milieu et  le « biotope socio-matériel» du pays. Analysé  sous un rapport de boucle d’interactions permanentes, le biotope socio-matériel haïtien et l’université ont chacun d’eux des potentialités de détermination et de contagion réciproque. L’université, sous-entité dans l’entité globalisante à savoir le biotope socio-matériel, n’aurait pas eu le dessus d’imposer son étoffe. Elle aurait  plutôt un rapport d’influence nulle dans cette relation. Devrait-on comprendre ce résultat  comme une perversion de la fonction de l’université ou comme un ordre naturel des choses lié à la structuration sociale d’Haïti ? D’un point de vue positivisme sociologique, doit-on parler d’effet de contagion, au point de considérer ce conditionnement comme étant le symptôme d’une pathologie ? Sous un angle comparatif, ne devrait-ont pas simplement faire le constat d’une anormalité dans la normalité institutionnelle ? Est-ce possible de tenter une généralisation si pathologie existe ?

Ce papier, appuyer sur des considérations sur le milieu social haïtien ; les contraintes de l’idéologie sur l’activité du scientifique ; et certains facteurs circonstanciés, aboutie à deux postulats. Bien avant, il passe en revue certains faits et hypothèses relatifs à la crise de l’Université d’Etat d’Haïti. Enfin, il explore certains éléments  pour une redéfinition du rôle de l’université et de l’universitaire haïtien dans le contexte actuel du pays  qui cherche sa voie de stabilité politique, économique et sociale.

  1. Condition universitaire en Haïti : Questionnement et hypothèses
Est-il éthiquement convenable qu’un universitaire use des espaces de débats et de construction de savoir scientifique, dont il a accès, pour faire œuvre de vulgarisation de foi et de conviction politique ? Pourrait-on établir un distinguo entre le leader religieux et l’homme de science, si la fonction de ce dernier vise à construire la morale plutôt que l’« épistèmê » de la posture scientifique ? Qu’en est-il de l’universitaire qui se contenterait de dire à ses interlocuteurs : « Je pense que …, Je crois que …. » sans pouvoir faire la preuve de son « je crois » et de « son je pense » ? Que diriez-vous d’un professeur d’université qui use de son chair pour faire de l’apostolat et / ou pour inviter ses étudiants à pratiquer sa religion et / ou ses rituels? Ne serait-ce pas plus grave s’il s’agirait d’un responsable académique de rang de : Recteur, Vice-recteur, Doyen, Vice-Doyen, Chef de Département, qui abuserait de sa fonction académique pour prescrire ses convictions idéologiques, ses règles en matière de religion, et ses choix par rapport à la posture physique (habillement, galure et autre) ?

En référence à l’actualité universitaire d’Haïti, on se questionne aussi sur des positionnements des acteurs universitaires d’Haïti : Etudiants, Professeurs et Cadres administratifs, face à des problèmes que leur entité universitaire confronte. En tout premier lieu, on se pose la question s’il était un écart que l’universitaire ait ses positions politiques et idéologiques ? Lui est-il interdit d’avoir ou de soutenir des revendications sociales ? S’il y en aurait écart de positionnement, ne serait-il le fait que l’espace universitaire en ferait les frais et que leur formulation n’a pas fait valoir l’institution universitaire ? Les positionnements constatés, que ce soit dans la crise de l’université que ce soit dans l’engagement  dans l’expression des demandes sociales, portent-ils l’empreinte de l’étoffe d’universitaire ou ne ressemblent-ils pas, de manière simiesque, à des modes de gestion habituellement observées dans le règlement des conflits à l’intérieur des cathédrales de la foi en Haïti ? Dans une telle conjecture, est-il possible de faire une démarcation entre la mission des Cathédrales de la foi et de la mode et celle de l’Université ? En d’autres termes, peut-on et / ou doit-on faire une séparation nette et claire entre le discours du pratiquant religieux et celui de l’universitaire ?

Par rapport à cette crise de l’université en Haïti, nous avons retenu dans le débat médiatique deux hypothèses intéressantes :

1.    La crise ayant l’empreinte de l’infantilisme, de l’opportunisme et de la manipulation politique ;
2.    La crise comme étant l’évidence de l’échec de la société civile, du désespoir et de l’aventurisme caractérisé par un déni de responsabilité.

Dans une perspective de généralisation beaucoup plus large, nous postulons que : La condition universitaire en Haïti est déterminée par des facteurs socioculturels, les qualités institutionnelles du pays et l’insécurité des droits du citoyen.

Afin d’approfondir cette thématique, en particulier de voir la commodité ainsi que l’inconfort de la fonction d’universitaire et de la mission de son entité, nous projetterons notre regard sur :

·         L’influence du milieu sur notre vision du monde et des choses ;
·         Les contraintes de la production scientifique au regard de l’idéologie ;
·         L’identification d’ombres de subjectivité à travers la crise de l’université en Haït et sa relation avec le milieu ;
·         Le questionnement de certains excès de dévoiements constatés au sein de l’université en Haïti.
·         La responsabilité sociale de l’universitaire haïtien dans le contexte social actuel, en y intégrant la mission de son entité ;

Bien avant le développement, apportons des précisions sur la formulation du titre du papier et le sens des concepts qui y figurent. ……****

A lire la suite.  Suivez les annonces sur ce site pour savoir où vous pouvez le trouver.

Sommaire
1.    Condition universitaire en Haïti : Questionnement et hypothèses

2.    Précision thématique et conceptuelle ;

3.    Universitaire, milieu et idéologie

a)   L’ « universitaire’ homme » et son milieu
b)   Le scientifique au carrefour de l’idéologie et de la science

4.    Ombre de subjectivité et relativité de faits universitaires au biotope socio-matériel d’Haïti

a)    Discours je crois…, je pense …
b)   Formulation de positionnement sans posture universitaire
c)   Comprendre le jeu des acteurs et les enjeux de la crise de l’Université d’Haïti;
d)   De nouveaux postulats sur la crise de l’Université au regard du biotope socio-matériel haïtien
e)   Entre parenthèse : Excédent de dévoiement au sein de l’Université haïtienne

5.    Que devraient être le rôle social de l’université et de l’universitaire haïtien

a)   Meilleure compréhension de la réalité et renforcement de capacités communautaires
b)   Rationaliser l’agir-social

6.    En guise de conclusion

Jean Laforest Visené
Sociologue, M.A. Sciences du Développement

mercredi 9 mars 2011

Résumé du travail de recherche en Développement - « Condition rurale en Haïti : Questionnement et stratégie de changement »

Résumé du travail de recherche en Développement 
 «  Condition rurale en Haïti : Questionnement et stratégie de changement »

Par Jean Laforest Visené

Le travail de recherche portant le titre : « Condition rurale en Haïti : Questionnement et stratégie de changement » a été présenté en avril 2003 au Département des Sciences du Développement de la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti. Elle a été présentée pour couronner un cursus d’étude de masters en Sciences du Développement. Le travail part de l’idée que pour des pays comme Haïti dont la principale activité économique reste l’agriculture, l’amélioration de la condition rurale peut provenir des actions en amont ou en aval sur certains de ses secteurs clés comme l’agriculture.

Le rapport de ce travail est divisé en deux parties. La première : « Implication méthodologique » est subdivisée en deux chapitres et la deuxième partie : « La condition rurale en Haïti » en trois. Dans la première partie on s’évertué à présenter le cadre méthodologique du travail. Au niveau de la deuxième partie on montre que la condition rurale en Haïti est le résultat d’une coopération technique au développement bafouée et que la démarche qu’il faudrait adopter pour améliorer les conditions d’existence des ruraux du pays devrait être celle du développement rural intégré. Les différents chapitres du travail présentent le profil suivant :

Chapitre premier.- Cadre du travail

Dans ce chapitre est exposé la problématique, le domaine de la recherche et la revue de la littérature. Après avoir exposé le problème, on présente le point de vue de certains auteurs qui ont réfléchi sur la condition paysanne en Haïti. On a noté avec intérêt qu’ils ont surtout insisté sur les problèmes qui secouent l’agriculture haïtienne. En ce qui concerne cette activité, ils admettent que l’agriculteur haïtien, généralement, poursuit deux objectifs :
-       Produire pour la subsistance familiale ;
-       Trouver un surplus lui garantissant un certain revenu en espèce.

Les auteurs reconnaissent que, sont parmi les principales causes de la condition rurale et agricole en Haïti :
-       L’archaïsme technologique ;
-       Des pratiques agricoles primitives ;
-       Le mode de tenure de la terre, caractérisé par la dispersion des lopins de terre et la fragilité des titres de propriété ;
-       Des conditions climatiques défavorables et des intempéries ;
-       La stérilité de certaines terres ;
-       L’exode rural massif ;
-       Le manque d’encadrement ;
-       Et enfin, une mauvaise orientation des activités de coopération avec le milieu rural.

Chapitre II. - Cadre théorique et conceptuel

Dans ce chapitre on présente les objectifs, les hypothèses travail, les théories et la définition de quelques concepts, les méthodes et techniques de recherche, la méthode de traitement et d’analyse des données

Dans ce cadre théorique et conceptuel on discute des points de vue de plusieurs théoriciens qui, pour la plupart ont développé des théories spécifiques au développement et/ou sous-développement, dont quatre d’entre elles sont des théories ou des approches de développement régional. On a aussi tenté de faire une typologie de l’agriculture sous - développée dans une perspective traditionnelle. On a également conçu un cadre conceptuel où est figurée la définition opérationnelle de divers concepts utilisés dans ce travail.

On a retenu comme variable : le niveau d’instruction, l’encadrement reçu, la motivation pour l’acquisition du savoir scientifique et technique de l’agriculture durable, le revenu annuel, le mode de possession de la terre, le mode de répartition des exploitations, l’étendue des exploitations et enfin, l’orientation et / ou utilisation des fonds de coopération destinés au développement du milieu rural  haïtien.

Il faut signaler qu’on a procédé à des recherches documentaires, des enquêtes de terrain et également à des observations directes et indirectes.

Chapitre III. - Conditions de vie, en particulier agricole, en milieu rural haïtien : Le cas de Vilou

Au  niveau de ce chapitre on a présenté les conditions de vie dans une communauté rurale. On y relate le cadre physique et socio - économique de la zone, les activités socio - sanitaires et socio-éducatives, ainsi que les caractéristiques de ses agriculteurs.

On a également présenté un modèle de vérification des propositions secondaires. L’analyse des données de l’enquête de terrain a permis de comprendre qu’aucune démarche n’a été définie pour résoudre les problèmes du milieu. Si tel n’était pas le cas l’activité principale du paysan de Vilou aurait pu lui permettre de mener une vie meilleure. L’absence d’une démarche et d’encadrement a fait de son activité un fardeau pour lui.

Chapitre IV. - La condition rurale et agricole en Haïti : Résultat d’une coopération technique au  développement bafouée

Au niveau de ce chapitre on produit des remarques sur les conditions d’existence des ruraux haïtiens. Précisons qu’on n’a présenté que les difficiles conditions matérielles d’existence du paysan haïtien  qui ont trait à la terre, à la pauvreté, à la production agricole, aux conditions sanitaires, à l’éducation formelle et non formelle et au phénomène migratoire. On a tenu compte de certaines considérations qui ont amené non seulement à la conception du développement rural, mais aussi à l’application de ses différentes démarches dans beaucoup de pays.

Après avoir présenté les différents niveaux de pauvreté observés dans le milieu rural haïtien et essayé de dégager ses différentes causes, on a jeté un coup - d’œil sur quelques projets de développement rural en Haïti. Dans cette perspective on a porté les regards sur le projet pilote de Marbial, le projet d’Extension Agricole qui fût institué par le Service Coopératif Inter-Américain de Production agricole (SICPA), le Poté-colé programme, de la « Haytian American Development Organisation » (HADO), le projet coopératif de la Plaine du Cul-de-sac, le Projet de Développement régional Intégré de Petit-Goâve à Petit-Trou-de-Nippes (D.R.I.P.P.) et le projet de Cacao de MEDA. On s’est évertué à questionner le pourquoi des résultats  difficiles ou l’échec complet dans la réalisation de ces projets. Quel est le poids de la corruption, de la dilapidation des fonds  et du clientélisme dans ces résultats ? S’agit-il d’une résistance psychologique du paysan haïtien non propice au développement ou du mode de parachutage des projets ? Toutes ces questions sont abordées dans ce chapitre.

Chapitre V. - L’amélioration de la condition rurale en Haïti et le  développement rural intégré

Dans ce dernier chapitre après avoir analysé les données empiriques et porté les regards sur l’organisation du travail en milieu paysan et l’encadrement fourni aux résidents de ce milieu, on a conclu que la condition agricole en Haïti est handicapée de toute pièce et tournée vers le passéisme. Cette situation, a-t-on estimé, contribue à empirer les conditions de vie dans le milieu rural haïtien. Comment intervenir pour redresser cette situation ? Cette question constitue le pivot de ce chapitre. Après avoir fait des considérations d’ordre interne, d’une part, tiré des conclusions sur les différents projets qui ont été réalisés dans le milieu rural haïtien, d’autre part, on a présenté aussi dans ce chapitre la démarche du développement rural intégré comme la panacée. Après l’avoir défini, on a considéré l’avènement du Développement Rural Intégré, ses objectifs et sa stratégie, ses objectifs, ses règles méthodologiques, ses principes moteurs d’intervention, ses facteurs d’échec, et enfin ses avantages et ses  limites.

Pour effectuer ce travail universitaire, il a été conçu un modèle d’analyse formé d’un cadre conceptuel, où on a donné la définition opérationnelle des concepts fondamentaux de l’étude et d’un cadre théorique dans lequel sont figurées plusieurs théories relatives au développement rural en général et agricole en particulier. De ces cadres, conceptuel et théorique, On a formulé deux hypothèses principales ainsi formulées :
-       L’inexistence d’un plan national de développement rural est la cause principale de l’échec des projets ruraux de développement en Haïti.
-       La démarche du développement rural intégré répond mieux à une nécessité pour parvenir à l’amélioration de la condition rurale en Haïti.

Pour parvenir à la vérification de nos hypothèses on a mis un ancrage spécial sur des considérations agricoles. Car, il est évident que l’agriculture reste jusqu’à présent l’activité économique la plus importante en milieu rural haïtien. Pour cela, on a également conçu des propositions hypothétiques se rapportant aux caractéristiques des agriculteurs haïtiens. Lesquelles caractéristiques qui ont été vérifiées au niveau d’une localité agricole et renforcées par nos recherches documentaires.
           
Ce travail, qui questionne la condition rurale en Haïti et qui cherche à proposer une stratégie de changement, rentre dans le champ de la sociologie rurale et celui du développement rural. Il a montré que le développement rural, en particulier agricole, en Haïti est bafoué par le fait qu’aucune démarche adéquate n’a été définie pour y parvenir. Il a permis d’aboutir à cette conclusion : Le renversement des conditions d’existence difficiles des paysans haïtiens nécessite une intervention coordonnée et intégrée.

Au cours de ce travail, il a été démontré que le milieu rural haïtien connaît d’énormes difficultés qui, vraisemblablement, constitueraient un cercle vicieux pour son développement. Il a été prouvé que bon nombre de ruraux ne disposent pas de ressources nécessaires pour satisfaire leurs besoins. N’était-il pas opportun d’avoir cherché les moyens en vue du redressement de cette situation indésirable ? Certainement ! Ce travail tout au moins suscite une nouvelle réflexion sur les conditions de vie des ruraux haïtiens. Conscients de la gravité de la situation, on a opté pour l’application de la démarche du développement rural intégré pour intervenir en milieu rural en Haïti.

Alors que cherchera à faire l’application de la démarche pour éradiquer la pauvreté en milieu rural haïtien ? Il faut :
-       Harmoniser les programmes et les politiques de développement avec les véritables besoins des ruraux;
-       Impliquer et/ou rendre  autonome ces derniers dans la prise de la décision d’intervenir, dans l’élaboration et l’exécution des projets de développement local ;
-       Augmenter le volume de l’aide au développement du milieu rural; orienter l’aide vers des industries de transformation des produits locaux;
-       Donner aux paysans l’accès à des crédits de production, soit en espèce, soit en nature. A ce niveau il faut préciser qu’il faut développer dans la paysannerie haïtienne une mentalité propice au crédit. Car le paysan semblerait être méfiant vis-à-vis des structures financières formelles.

Dans la même ligne d’action pour améliorer les conditions d’existence en milieu rural, il faut également :
-       Faciliter l’accès des produits ruraux aux marchés internes et externes;
-        S’assurer que l’aide alimentaire ne détruise pas la production matérielle et spirituelle locale. En ce sens, l’aide doit être située dans une perspective de complémentarité de la demande locale en matière de produits alimentaire;
-       Considérer le milieu comme un tout indissociable.

Etant donné que le mal développement fonctionne comme un cercle vicieux, il faudrait que les actions soient concordantes et soient menées en temps opportun dans les domaines de la santé ; de l’éducation ; de l’harmonisation de la question genre et développement, ce qui implique l’égalité des chances pour les deux sexes de donner leur participation ; la protection de l’environnement ; de l’aménagement du territoire ; de la promotion de l’artisanat ; de l’organisation du  tourisme rural. On ne saurait ne pas mentionner qu’un programme de contrôle entre population et ressources disponibles est d’une importance capitale. Ce qui implique que, le contrôle des naissances et des décès est nécessaire dans le cadre d’une telle démarche.

Au terme d’un véritable chantier de développement rural intégré, on devrait noter dans le milieu rural haïtien trois points principaux: Durabilité, Équité, Compétitivité. On espère que ce travail fournira aux décideurs des pistes d’intervention pour parvenir à la satisfaction des besoins essentiels des ruraux et en particulier pour enclencher une véritable réforme agraire dans les différentes régions agricoles du pays comme le veut la constitution du 29 mars 1987 en ses articles 247 et 249.  Le travail conclut par cette question : Comment concilier la démarche du développement rural intégré avec les objectifs macro-économiques du pays ?

Jean Laforest Visené
M.A Sciences du Développement