jeudi 20 juin 2019

VIIème Colloque International des Sciences, Cultures et Technologies de l’Université d’Abomey-Calavi (Campus Universitaire d’Abomey-Calavi, 16 au 21 Septembre 2019)

VIIème Colloque International des Sciences, Cultures et Technologies de l’Université d’Abomey-Calavi
(Campus Universitaire d’Abomey-Calavi, 16 au 21 Septembre 2019)

Proposition de Panel Thématique :

Thème du Panel Les organisations non-gouvernementales et le développement : Comment Planifier ou Mesurer la Contribution des Organisations à But Non Lucratif au Développement en Afrique ?

Contexte
Pertinence des Organisations à But Non Lucratif (ONL)
Les organisations à but non lucratif sont perçues comme des gardiennes de la démocratie et de la décentralisation (Togola & Gerber, 2007), supposées assurer une forme moderne de système de gouvernance fondée sur les droits humains. A priori plus rassurantes lorsqu’il s’agit de faire ‘ce qui est juste’ (Kalb, 2006), les ONL s’efforcent de réduire la pauvreté dans leurs domaines et zones géographiques de concentration (Werker, Ahmed, & Ahmed, 2008).

Le terme ‘organisation à but non lucratif’ ou ‘non profits' est utilisé dans cette proposition pour désigner les organisations dont les missions sont sociales et qui ne poursuivent pas des profits institutionnels ou individuels. Ce groupe est constitué par exemple des organisations dites de la société civile, des organisations de bienfaisance, des fondations, des organisations non gouvernementales (ONG), des organisations bénévoles privées, des organisations et associations communautaires, religieuses, des mutuelles d’assistance, etc. Certaines sont publiques, et dans ce cas, généralement semi-autonomes. Ces organisations sont enregistrées dans les pays d’origine et facultativement dans les pays d’intervention. Tout en observant les règles publiques, les ONL fonctionnent indépendamment des dirigeants publics, et ne sont en principe ni gérées ni influencées par ces derniers.

Les ONL sont devenues une partie intégrante des politiques publiques et très visibles dans les programmations budgétaires nationales de pays industrialisés, en particulier à la sortie de la guerre froide même si elles étaient opérationnelles déjà depuis la révolution industrielle (Anheier, 2000, 2005) et notamment lors de la deuxième guerre mondiale (ex. CARE, Plan, World Learning).

Toutefois, quoiqu’étant à but non lucratif, ces organisations sont considérées par certains auteurs comme étant des entreprises (Bouckaert & Vandenhove, 1998; Martens & Seitz, 2015). En effet, l’essence d’une entreprise réside dans la création de valeur, de la transformation des ressources à la distribution des produits (Teegen, Doh, & Vachani, 2004). Par conséquent, les organisations à but non lucratif sont à juste titre des entreprises, bien qu’ici, le profit recherché, ou la valeur ajoutée, soit plutôt d’ordre social (Karlan, 2014). En réalité, ces organisations sont des contreparties ou des prolongements des multinationales et de gouvernements (Teegen et al., 2004). Dans tous les cas, leurs apports sociaux sont reconnus de tous comme le confirme l'attribution des prix Nobel de la paix 1997, 1999 et 2004 aux ONL ou à leurs leaders (Ayiro, 2010; Karlan, 2014; Mintzberg & Azevedo, 2012; Teegen et al., 2004). Malgré la reconnaissance des efforts des ONL, il se pose encore la question de savoir comment mesurer, programmer et documenter leurs contributions actuelles et futures au bien-être social, et même au préalable, la question de la pertinence de telles contributions. En la matière, des progrès existent, en général dans des pays relativement avancés tels que l’Australie.

Manifestement, bien que cela ne soit pas largement applicable, les organisations à but non lucratif se seraient révélées moins focalisées et ayant des missions immensurables comparativement aux organisations à but lucratif. Sur la base d’expériences locales et internationales, le gouvernement australien estime que la normalisation des cadres de performance, de risques et de redevabilité est l’une des solutions principales pour mieux programmer et comptabiliser les contributions du secteur des ONL (PC, 2010). Du point de vue des défis auxquels se butent les ONL, une étude menée sur le rôle des ONL dans l'agriculture au Bénin a établi que celles-ci ont besoin davantage de spécialisation, d'un cadre de performance adapté et d'un engagement à long terme des donateurs pour fournir les services requis (Brüntrup-Seidemann, 2011). Concernant les facteurs favorisants, les ONL seraient plus efficaces dans la résolution des problèmes sociaux que le gouvernement. Il est ainsi identifié que l’expansion des ONL est plus remarquable dans les pays où les gouvernements ont su établir une collaboration avec les ONL, en général les pays développés.

Cependant, le décompte des ONL est en général diffus, confus et mal tenu ou pas du tout tenu. Dès lors, leur contribution à la production du bien-être national est mal connue et donc non (ou peu) planifiable.

La création de la valeur par les ONL ainsi que la nature des contributions de ces ONL ne dépendent pas que de facteurs internes mais amplement de facteurs externes qui surpassent les frontières nationales et englobent des interconnexions historiques, géopolitiques et économiques au sens large Tignor (2007).

L’Afrique et les Organisations à but Non Lucratif
La mission, tout au moins prétendue, des ONL pourrait expliquer que l’Afrique en quête du développement, avec ses difficultés particulières de gouvernance des Etats, en soit le terrain d’un afflux impressionnant. Avec ces ONL, tout a tendance à passer par le ‘projet’ sous- entendu financement par des institutions, gouvernements et pays étrangers. Dans certains pays en crise humanitaire, le gouvernement retrouve ONL et bailleurs de fonds pour chaque détail de ses domaines de souveraineté comme par exemple : l’éducation scolaire, les infrastructures sociales, le déploiement et le fonctionnement des services publics, l’application des conventions internationales. Ainsi, des ONL et autres partenaires techniques et financiers deviennent assimilables parfois à des départements ministériels.

Les facteurs de l’accroissement exponentiel des ONL sont innombrables et incluent: le rôle présumé des ONL dans la cohésion et le bien-être social, l’extension de la démocratie infiltrée ou voulue, l’accroissement des technologies de communication, l’ingéniosité humaine en droits des personnes et des peuples, l’avènement de la responsabilité sociale des entreprises, la globalisation des solutions aux défis de développement, ainsi que la complexification et la diversification des défis à relever tels que la croissance démographique et la problématique de la jeunesse, la récurrence du chômage au plan mondial, les épidémies, les disparités sociales et géo-économiques, l’effervescence des conflits armés, les relations postcoloniales et politico-commerciales, etc. (Anheier, 2005; Tobey & Perera, 2012). En plus, la discrimination socioéconomique, l'instabilité politique, l'insécurité et les changements climatiques justifient la prolifération de mécanismes de solidarité tels que celui du secteur à but non lucratif (WBI, 2008, 2012a, 2012b) pour combler les lacunes du bien-être (Butcher, 2015; McMurray, Islam, Sarros, & Pirola-Merlo, 2012) en Afrique subsaharienne et en particulier en Afrique de l'Ouest (McGregor, 2014; VM, 2016).

Comme ailleurs, la problématique de la programmation et de la comptabilité des efforts des ONL se pose en Afrique. Le continent africain, ses organisations sous régionales (ex. : CEMAC, CEDEAO, SADC) ainsi que les états définissent des directives stratégiques pour le développement durable continental, sous régional et national. Il s’agit par exemple des stratégies nationales d’accélération de la croissance et de réduction de la pauvreté, du NEPAD et de l’Agenda 2063 - L’Afrique que nous voulons (CUA, 2015). Dans quelles mesures ces documents stratégiques comptabilisent les contributions actuelles ou futures des organisations à but non lucratif ? De l’autre côté, quels recours ces organisations font-elles à ces documents dans leurs propres programmations ? Par ailleurs, comment réussissent-elles à intégrer aux agendas (nationaux notamment), des domaines d’actions qui ne constituent pas a priori, des domaines de préoccupation nationale ?

Objectifs
Le Panel « Comment Planifier ou Mesurer la Contribution des Organisations à but non lucratif au Développement en Afrique ?» offre l’opportunité de la présentation et de l’analyse de recherches, expériences et évidences académiques et quasi-académiques qui permettent d’établir, de manière scientifique, les apports de ces organisations au processus de développement, en Afrique, sans un préjugé normatif sur la nature de ces apports.

Appel à contributions
Chercheurs, étudiants, cadres techniques des ONL nationales et internationales, experts d’institutions bilatérales et multilatérales, partenaires techniques et financiers (ou bailleurs de fonds), et fonctionnaires du secteur public, .. vous êtes cordialement conviés à ce panel thématique. Nous vous encourageons à vous inscrire pour présenter les résultats de vos recherches, travaux et expériences avérées soutenus par des données empiriques et une documentation pertinente permettant de répondre à une ou plusieurs des questions non exhaustives suivantes :
  1. Quels sont les apports authentifiés des organisations à but non lucratif dans des domaines définis comme prioritaires du bien-être social dans les agendas publics ou para-publics des pays ou sous-régions spécifiques de l’Afrique (avec une priorité pour l’Afrique de l’Ouest) ?
  2. Ce faisant, dans quelles mesures et sous quelles formes ces organisations contribuent-elles à l’agenda public des pays africains ou à des agendas parallèles ?
Dans quelles mesures et comment les ONL participent-elles à l’atteinte des objectifs de développement de l’Afrique ?
  1. Comment les apports des ONL sont-ils valorisés dans les processus de programmation et de comptabilisation (rapports) des progrès en matières de développement aux niveaux national et sous régionale (Afrique de l’Ouest en particulier) ou régional en Afrique ?
  2. Quelles formes de partenariat les pays africains devraient-ils établir avec les ONL pour obtenir et justifier de meilleures contributions de ces dernières au progrès du continent, de ses sous-régions et pays ?
  3. Quels rôles pour les ONL et quelles responsabilités pour les états africains ? Comment l’Afrique devrait-elle rendre les ONG mieux utiles à son cheminement vers le développement ?
A l’issue du colloque, les meilleurs papiers seront retenus pour un processus de valorisation scientifique (ouvrage, numéro spécial de revue, post sur le portail foradyn.org du LADyD, etc.).

Organisation
  • -  Résumés (500 mots maximum) aux adresses ci-dessous : au plus tard 10/07/2019
  • -  Feed-back aux auteurs : 20/07/2019
  • -  Texte complet des communications : au plus tard 30/08/2019
  • -  Fichier PowerPoint des exposés : au plus tard le 10/09/2019

    Comité scientifique du Panel
Président Rapporteurs
Membres

Prof. Roch MONGBO, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
Prof. Imorou ABOU BAKARI, Université d’Abomey-Calavi, Bénin Prof. Florent OKRY, Université Nationale d’Agriculture, Bénin

Prof. Rigobert TOSSOU, Université d’Abomey-Calavi, Bénin Prof. Anne FLOQUET, Université d’Abomey-Calavi, Bénin Prof. Simplice VODOUHE, Université d’Abomey-Calavi, Bénin Prof. Roch HOUNGNIHIN, Université d’Abomey-Calavi, Bénin Prof. Marc PONCELET, Université de Liège, Belgique

Prof. Issiaka KONE, Université Allassane Ouattara, Côte d’Ivoire Dr. Clément GBEHI, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
Dr. Edmond TOTIN, Université Nationale d’Agriculture, Bénin Dr. Nestor ALOKPAÏ, Université Nationale d’Agriculture, Bénin


Mme. Setcheme J M Mongbo, UNWOMEN, Bamako, Mali Mr. Florian FADONOUGBO, Université d’Abomey-Calavi Mme. Romule GBODJA, LADyD
gbodjar@yahoo.fr

ladyd.benin@gmail.com Téléphone : +229 96 71 60 53
Secrétariat du Panel Contacts

Bibliographie
Anheier, H. K. (2000). Managing non-profit organisations : Towards a new approach (Civil Society Working Paper series No. 1). Society. London, UK. http://doi.org/ISBN 0753013436
Anheier, H. K. (2005). Nonprofit Organizations: Theory, Management, Policy. (H. K. Anheier, Ed.), Taylor and Francis e-Library (Taylor and, Vol. 2printing). London and New York: Routledge. Retrieved from http://books.google.com/books?id=s_uzg-KoVyIC&pgis=1
Ayiro, L. P. (2010). entrepreneurship in HIV / AIDS management across the education sector in Kenya, 34(2), 167–182. http://doi.org/10.1108/03090591011024005
Bouckaert, L., & Vandenhove, J. (1998). Business Ethics and the Management of Non-Profit Institutions. Journal of Business Ethics17(9), 1073–1081. http://doi.org/10.1023/A:1006071416514
Brüntrup-Seidemann, S. (2011). Actual and potential roles of local NGOs in agricultural development in sub-Saharan Africa. Quarterly Journal of International Agriculture,50(1), 65–78.
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Karlan, D. (2014). Innovation, Inclusion and Trust: The Role of Non-Profit Organisations in Microfinance. Woking, United Kingdom. http://doi.org/ISBN: 978-1-906273-54-5
Martens, J., & Seitz, K. (2015). Philanthropic Power and Development: Who Shapes The Agenda? (ISBN 978-3-943126–21-1). MISEREOR, Evangelischer Entwicklungsdienst, Global Policy Forum. Aachen/Berlin/Bonn/New York. Retrieved from https://www.brot- fuer-die- welt.de/fileadmin/mediapool/2_Downloads/Fachinformationen/Sonstiges/study_phila nthropic_power_and_development.pdf
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Werker, E., Ahmed, F. Z., & Ahmed, Z. (2008). What Do Nongovernmental Organizations Do ? Journal of Economic Perspectives (Vol. 22). http://doi.org/10.1257/jep.22.2.73