lundi 9 janvier 2012

L’opérationnalisation de l’évaluation des projet socio-educatifs

L’opérationnalisation de l’évaluation des projet socio-educatifs

Par Jean Laforest Visene.-

Dans le cadre de l’aide au développement du pays beaucoup de bailleurs ont développé des programmes « socio-éducatifs », offrant à la fois la possibilité de formation professionnelle et socialisation des jeunes. Les deux premières relèves de l’urgence humanitaire alors que le dernier est, vraisemblablement, fondé sur le fait que la majorité de la population est constituée de jeune et du constat du manque de ressources qualifiées dans beaucoup de filière. Les événements du 12 janvier ont, certainement, mis en évidence les faiblesses du système éducatif haïtien dans ce domaine.

1.     Nécessité d’une évaluation des programme socio-éducatifs
Les programmes socio-éducatifs sont essentiels à la transformation l’haïtien d’aujourd’hui, afin de lui doter de compétences qualifiantes à jouer son rôle, à défendre ses droits et à remplir ses devoirs de citoyen. Ces interventions sont donc essentielles à l’accomplissement de l’homme haïtien et, en conséquence, contribueraient au progrès social et économique du pays. En dépit des motivations nobles de ces investissements financiers et humains, il est important d’attirer l’attention sur le fait que l’exécution de programme, en particulier ceux de formation professionnelle, demande un contrôle périodique et rigoureux. D’une part, ceci permettra d’identifier les obstacles à l’atteinte des objectifs, de mesurer leur impact sur le processus communautaire et à déterminer les inputs additionnels nécessaires. D’autre part, cet exercice permettra aussi d’évaluer la responsabilité des acteurs dans la gestion de l’aide au pays.

Précisons que la manière d’approcher les cibles dans le cadre de l’évaluation d’un programme socio-éducatif est fonction de leur propriété et de leur fonction dans la chaine du processus de programme. Voilà pourquoi les présupposés d’informations, que le protocole d’information devrait viser, doivent se baser sur des critères d’implication clairement établies et devrait être traité suivant un principe de primauté et de degré de responsabilité. Il s’agit pour nous de :

·         Les coordinations des projets ;
·         L’équipe pédagogique (Professeur, psychologue, travailleurs social) ;
·         Les bénéficiaires directs et ou indirects du programme ;
·          Les interlocuteurs de terrain ;
·         L’équipe de suivi-monitorage du programme au sein de la structure interne au bailleur ;
·         Les entités étatiques en lien logique avec le développement de ces programmes.

Voyons comment pourrait-on explorer ces différentes cibles dans un processus d’évaluation d’un programme de formation professionnelle et socio-éducatif !

2.     Coordination des projets
Comme nous l’avions dit, un programme est constitué d’un ensemble de projets inter-reliés dont l’effet combiné permet d’atteindre des buts et des objectifs.  Généralement les bailleurs utilisent des créneaux d’exécutions constituées par des pôles de partenaire pour l’implémentation de leur programme. Les coordinations dont nous mentionnons, ici, sont les différentes coordinations mises en place au sein des institutions bénéficiaires de ces fonds pour l’exécution du projet qui leur a été confié. Dans leur prospection, aux fins d’évaluation, il faudra prise en compte :

a)           Les principaux problèmes rencontrés dans l’exécution de leur projet et les réponses qui leurs ont été adressées ;

b)           Leur perception par rapport aux groupes-cibles du programme (les bénéficiaires directs) : Les qualités qui facilitent l’intégration du bénéficiaire au projet et celles qui constituent des obstacles à l’apprentissage ; Les types de motivation qui sont observés chez les bénéficiaires ;

c)            Leur implication dans le processus de sélection des bénéficiaires et la manière dont ils ont traité leur dossier ;

d)           La stratégie de formation qui a été définie ainsi que les outils pédagogiques, de contrôle et de suivi des activités : Formation professionnel ; aspect socioéducatif et thérapeutique ;

e)            Leur perception sur les forces et les faiblesses des ressources humaines disponibles sur le marché pour l’encadrement adéquat à l’exécution de ces types de projets ;

f)              Les leçons apprises et la contribution de ce programme au renforcement des capacités et de développement de l’institution ;

g)           Le degré de satisfaction du partenaire de son exécution des activités prévues dans le projet. Il pourra les classer dans des catégories suivante : Elevée, moyenne, faible et nulle ; 

h)            Les ressources mises à leur disposition pour l’exécution de leur projet en particulier les Ressources matérielles et financières.

i)              Le suivi qui est fait avec les bénéficiaires en termes de stratégie de sortie ? par exemple, les a-t-on placés en entreprises ? les a-t-on remis des kits ou installé en entreprise personnelle ou collectif qui leur permettrait d’utiliser de manière autonome les connaissances acquises ?

j)              L’encadrement reçu auprès de la structure de coordination du bailleur, ainsi qu’auprès des entités étatiques et des Collectivités Territoriales ;

k)            Leur suggestion pour une stratégie et un processus d’intervention plus approprié à la mise en œuvre d’un programme identique dans le futur.

3.     Bénéficiaires
En générale les bénéficiaires sont catégorisés en deux groupes : Les bénéficiaires directes et les bénéficiaires indirectes. Ils sont ceux qui fournissent des informations sans biais, lesquelles ne nécessitent pas un processus de triangulation pour les confirmer. Leurs informations sont essentielles pour l’efficacité budgétaire et l’amélioration de la qualité de l’offre. Il faudra saisir :

a)           Le type d’encadrement reçu auprès de l’équipe pédagogique et de la coordination du projet dont ils sont bénéficiaires ;
b)            Perception de la qualité de l’enseignement et des activités du programme ;
·                Volet de formation professionnelle ;
·                Volet de socialisation et appui psychosocial ;
·                Volet d’apprentissage des notions de lecture et écriture en langue créole et des notions de calcul de base ;
c)             Mesure de la satisfaction des bénéficiaires des services :
·                Allocation de transport ;
·                Assurance ;
·                Restauration
d)            Placement et kits ;
e)             Vérification de la réalisation des activités :
·                Animation socioculturelle ;
·                Création artistique ;
·                Expression de soi, counseling, écoute, de référence de référence et relation d’aide;
·                Excursion et sortie récréative ;
·                Lecture et écriture du créole ;
·                Encadrement en matière de création d’entreprise et d’obtention de contrat ;
·                Fournitures et matériels mis à la disposition de l’étudiant pour les activités d’apprentissage.
f)               Perception du bénéficiaire de l’impact du programme sur sa vie personnelle (son insertion socioprofessionnelle et communautaire) ;

4.     Les interlocuteurs de terrain
Dans la pratique de projet, on fait souvent avant de commencer un projet, de faire un inventaire des acteurs avec raccords au projet. Dans la plupart des cas ce sont les Leaders communautaires, les associations communautaires de base, et d’autre partenaire qui évolue dans le même secteur visé par le projet. Dans les projets de formations ils sont souvent associés au processus de sélection des au processus de sélection des bénéficiaires
a)            Perception sur le processus de sélection proprement dite ;
b)            Relation du bailleur avec eux après le processus de sélection ;
c)             Relation avec le centre de formation ;
d)            Perception sur le suivi communautaire des bénéficiaires ;
e)             Observation sur la situation des bénéficiaires en termes d’attitude et de comportement pendant la période de formation en comparaison avec leur situation antérieur.
f)               Proposition pour un meilleur processus d’identification et de suivi des bénéficiaires ;

5.     Equipe pédagogique
a)            Perception du staff sur le groupe des bénéficiaires ;
b)            Problèmes rencontrés avec les bénéficiaires et les solutions apportées ;
c)             Encadrement reçu de la coordination du programme ;
d)            Mesure de la compréhension du travail - Programme, outils et stratégie utilisés ;
e)             (facultatif) Traitement (salaire et relationnel).

6.     L’équipe de suivi-monitorage du programme
Bureau régional en charge du suivi de l’exécution du programme – Point focal en charge du suivi et unité finance du bailleur
a)            Le processus de sélection des bénéficiaires ;
b)            Les forces du partenaire ;
c)             Les faiblesses du partenaire ;
d)            La collaboration du partenaire et ses réponses à des demandes du bureau pour le suivi du programme ;
e)             Les constats sur le public-cible du programme ;
f)               Le programme ;
·                Curriculum ;
·                Contenu (Lien par rapport au groupe cible et au besoin du marché) ;
·                Stratégie d’enseignement et d’apprentissage.
g)            Mécanisme de mise en œuvre ;
h)             Rapports financier et narratif ;
i)               Relation de communication ;
j)               Classification des activités réalisées par le partenaire sur une échelle de 1 à 10 ;
k)             Type de motivation observé chez les bénéficiaires pour le programme ;
l)               Propositions pour une meilleure exécution d’un prochain programme.

7.     Les entités étatiques
L’Etat doit vérifier le lien entre le projet, la stratégie et les objectifs de développement du pays. Quelle stratégie sert d’orientation : celle des bailleurs ou celle du pays bénéficiaire ? Existe-il toujours une stratégie qui sert de cadre d’orientation ou d’adaptation des programmes des bailleurs pour le pays ? A quel niveau ces programmes sont endossés par l’Etat bénéficiaire ? Il est aisé de dire qu’on devait faire de telle ou de telle autre manière …. Mais, il faut toujours le placer dans son contexte. Ce n’est pas obligatoire d’attribuer des écueils dans certains projets qu’on devra l’attribuer à une volonté manifeste au détriment du pays.  C’est là le dilemme car il arrive souvent vouloir trop aider vous cause des ennuis.

8.     En guise de conclusion
En définitif une évaluation des programmes permettra de faire un état des lieux de leur contenu et de voir comment ces programmes s’adapte au paradigme de citoyen compétent, responsable et libre. Elle permettra également de définir une plus grande responsabilité de l’Etat Haïtien dans la gestion de l’aide externe au pays.

Jean Laforest Visene
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email: visenejl@gmail.com

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