Quand l’impitoyable Mathew met Haiti à genou !
Chers / chères amis /ies
compatriotes victimes de l'ouragan Matthew, je vous présente mes sympathies et
vous exprime mes vœux de prompt rétablissement. Nous sommes pétris dans notre chaire
et notre âme. L’ouragan Matthew marquera à jamais notre être de vivant et
restera dans les annales de l’histoire comme l’un des cyclones les plus
dévastateurs ayant frappé la République d’Haïti.
En ce moment, le grand
Sud du pays (département du Sud, de la Grand-Anse, Département des Nippes), est
à genou. Cette région est en situation d’extrême urgence. En considérant
l’ampleur du désastre, on peut dire que le relèvement ne sera pas facile. Mais,
je suis sure étant courageux, un peuple de croyants, d’éternels combattants, et
doué d’ingéniosité remarquable, cette épreuve sera surmontée et le pays tirera
les leçons pour le futur. Sur ce dernier aspect, j’implore l’Université d’Haïti
(Publique et privée) et l’Universitaire à fournir un accompagnement méthodique à
la communauté.
Je crois qu’en ces
moments difficiles, il est plus qu’un devoir que nous manifestions tous un cœur
de bienveillance, beaucoup plus de générosité, plus de respect et de traitement
en toute dignité à l’égard de nos proches parents, nos voisins et toute autre
personne que cet évènement de la Nature mettra sur notre chemin.
Ensemble, épaule contre
épaule nous pourrons constituer un rempart contre la catastrophe humanitaire qui
guette la population après le passage de l’Ouragan Matthew. En effet, la
famine, les risques d’épidémie comme cette flambée de choléra qui se manifeste,
l’escalade de la violence, la déchéance humaine sont autant de maux sociaux opportunistes
de l’extrême pauvreté dont l’habitant du Grand Sud risque de connaitre.
Je formule le souhait que
les institutions étatiques puissent, cette fois, être à la hauteur de leur devoir
de réponse. Que l’Etat puisse tirer les leçons de l’aide fournies lors du
tremblement de terre du 12 janvier 2010. On se souvient des débauches de cette
gestion calamiteuse et catastrophique de l’aide internationale où les
institutions étatiques étaient mises hors-jeu (1). Que l’Etat puisse aussi
agencer méthodiquement l’Urgence au pas de Réhabilitation, du Relèvement et de
la Reconstruction.
J’ai entendu des opinions
profondément théologique pour interpréter ce de ce qui s’est passé. Voilà pourquoi
je tiens à partager avec vous ma réflexion et compréhension personnelle de ce
qui s’est passée. Permettez-moi de formuler les opinions entendues sous forme
de question : Pourquoi sommes-nous si durement frappé par cet ouragan?
Est-ce un châtiment infligé par le Theos, par Satan lui-même ou par ses suppôts? Est-ce le signe de la fin des temps ?
Sans vouloir être en
collusion avec la spiritualité de l’Haïtien ni me poster comme un anti-croyant
et/ou apostat, j’hypothèse que l’impact de ce qui s’est passé est à la mesure
des éléments de causalités naturelles et non spirituelles. L’effet que nous
avons observé est dû à des vecteurs objectifs tels que le positionnement géographique
du pays ; les aléas liées aux changements climatique ; et aussi à l’inadaptation
du mode d’occupation de l’espace aux conditionnalités normatives c’est à-dire
les lois naturelles de notre environnement et enfin au niveau de préparation et
d’éducation populaire pour prévenir et y faire face.
Ce qui s’est passé, comme toutes les autres
catastrophes qui lui sont antérieure, ce n’est pas un châtiment infligé aux
haïtiens par une quelconque force suprahumaine à cause d’indignes péchés commis
par les haïtiens. Ce n’est pas non plus une fatalité. Certes, les
manifestations de la Nature et ses évènements peuvent constituer une forme
d’hostilité à l’occupation humaine de la terre. Mais, ce qu’on doit comprendre
c’est que l’impact des manifestations et évènements de la Nature sur l’habitat
humain est une indication du niveau d’appropriation de l’espace par l’homme lui-même. Cet effet est aussi une
indication de phénomène de société, en particulier du mode d’organisation
sociale et institutionnelle.
L’hostilité de la Nature est un peu comparable
à celle de la férocité d’un cheval à l’état sauvage, non encore dompté par
l’homme pour lui servir. La différence est que le cheval peut être éduque pour
qu’il se soumette à son maitre tandis que la Nature, pour ce qu’elle est, ne sera
jamais être soumise à la volonté humaine. Dans cette perspective, ce que les
scientifiques devaient s’atteler à découvrir pour l’occupant est comment
l’homme pourrait faire des manifestations et évènements de la Nature des
opportunités que des risques pour l’humain. On pourrait, entre autre, chercher
à connaitre comment canaliser les énergies dégagées à l’utilisation humaine.
Certainement, ce résultat ne s’obtiendra pas immédiatement, mais on peut y
arriver.
Une chose est sûre, on ne peut pas lutter
contre la Nature. Il est même injuste, contre la morale universelle et l’intérêt
astronomique d’y penser. Cependant, on peut s’adapter à ses règles, soumettre à
ses lois afin de sortir des rayons de menace dont on y est soumis ou diminuer
les risques de fracas de ses manifestations et évènements sur l’humaine.
Faudrait-il qu’on souligne aussi que les
manifestations et évènements de la Nature que ce soit les cyclones/ouragans,
les tremblements de terre, les éruptions volcaniques etc. n’ont pas que des
effets négatifs. La littérature scientifique regorge de témoignage des effets
positifs de ces manifestations et évènements de la Nature (2). Ils témoignent de la
virilité de notre planète et contribuent à la régénérescence de la vie
terrestre. De ce fait, il faut que l’homme se pare aux éventuelles opportunités
des catastrophes naturelles pour améliorer le vécu humain.
Faudrait-il que je revienne sur un point
que j’ai mentionné plus haut : La question d’opportunité afin que je
puisse insister sur point d’éthique. Quand je parle d’opportunités que pourraient
offertes les catastrophes Naturelles, je déplore toutes les formes de mercenariat, de cupidité, et de
malséance dont postent certains acteurs marchants, politiques et même communautaires.
Il n’est anormal que des acteurs profitent
de ces situations de désarrois et de traumatisme pour s’enrichir à la va-vite.
Il est impensable que des représentants et serviteurs du peuple, exigent que
l’aide aux victimes soit détourné pour satisfaire leur mesquinerie. Certains d’entre
eux affirment qu’il faudra que l’aide leur permettre de changer leur véhicule
de service. Sous prétexte que ceux
qu’ils en disposent ne sont pas en état. Or, ils devaient être les premiers à
se servir de leur avoir propre pour atténuer la misère des victimes en cette
circonstance. Quelle indécence !
Pour une fois encore, la Nature nous a
éprouvés avec grand fracas qui démontre sa force, son impitoyable considération si l’occupant
de son espace ne s’adapte pas et ne se soumet pas à ses règles. Le dieu de la
chance n’existe pas quand on se trouve au mauvais endroit et au mauvais moment.
De ce fait, l’humain se trouve dans l’obligation de chercher à connaitre les règles
de la Nature et s’adapter continuellement à ses changements de son
environnement afin de minimiser les risques. La leçon des récentes catastrophes
qui ont frappées Haïti démontre que tout humain doit chercher à renforcer sa « communautarité » c’est-à-dire sa capacité
d’agir et de vivre ensemble face à la menace constante de catastrophes
naturelles qui s’abattent en tout temps sur son environnement
Il est certain, que personne, ni aucune
communauté ne pourra maitriser totalement les manifestations et évènements
prévisibles de la Nature. Cependant, grâce au progrès scientifiques et
cognitifs l’homme pourra amoindrir les risques d’impacts négatifs pour les
populations cibles. Il est certain aussi que les manifestations et évènements
de la Nature peuvent être l’objet d’instrumentalisation comme arme de guerre
par des artisans de la déstabilisation des peuples. Ils peuvent être aussi
l’objet d’intérêt de mercenaire cupide et avide d’argent. De ce fait, il faudra
que les nations envisagent de mettre au point des outils qui puissent indiquer
toute interaction humaine soit pour la provocation de catastrophe naturelle ou
l’augmentation de l’intensité d’une manifestation ou évènement de la Nature.
L’inquiétude est de mise puisque l’homme dispose de savoir et de moyens pouvant
lui permettre de manipuler et/ou transformer les manifestations, évènement et
forces de la Nature comme arme de guerre
contre ses cibles.
Je m’en voudrais de ne pas profiter de cette
occasion pour plaider en faveur d’un véritable programme d’Education à
l’environnement qui devra être inscrit dans le cursus scolaire haïtien. Ce
programme devra se focaliser sur les principaux risques dont Haïti sont la
cible.
Que le grand sud et les autres zones touchées
par l’Ouragan Matthew puissent se relever. Que la réponse soit à la mesure de l’effet
de l’Ouragan ! Que les institutions jouent leur rôle de fonction sociale
et utilisent les vrais mécanismes de réponse aux besoins des victimes ! Que
les citoyens de tout horizon appuient l’effort institutionnalisé visant à soulager
les victimes. Que la paix puisse revenir dans les foyers affectés.
Notes
_____________________
(1)
Le film du cinéaste
haïtien et ancien ministre de la Culture, Raoul Peck ayant pour
titre : » Assistance mortelle » réalisé en 2013, témoigne l’état
d’esprit de beaucoup d’acteurs durant ces moments difficiles du peuple haïtien.
(2) Des catastrophes naturelles à l'origine de la résurgence
d’espèces disparues, http://www.maxisciences.com/catastrophe-naturelle/des-catastrophes-naturelles-a-l-039-origine-de-la-resurgence-d-especes-disparues_art24175.html
Jean
Laforest Visene
Sociologue,
MA Sc. Dev.
Professeur à
l'Université d'Etat d'Haïti
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