Entre consensus, ouverture ou partage de gâteau :
Lequel sera le plus approprié pour qualifier le prochain gouvernement d'Haïti
Par Jean Laforest
Visené MA.-
Il ne fait aucun doute que le dialogue entre les
différents acteurs est indispensable pour tenter de sortir Haïti de son
bourbier. Mais quel dialogue, avec quels acteurs et quel degré représentativité ?
Qu’on le qualifierait de « gouvernement de consensus » ou de
« gouvernement d’ouverture » le processus sera vain si les interlocuteurs ne sont pas
animés de bonnes intentions.
N’étant pas dans l’antichambre de la négociation on ne
peut pas juger l’intention ou d’en avoir une perception plus ou moins avisée.
Cependant, en analysant la configuration des acteurs qui y participent, en
partant de la temporalité, du processus de représentativité, et des solutions envisagées
à la crise et de la distance d’un groupe d’acteur on peut comprendre la
préoccupation de plus d’un sur l’issue réel face à la crise socio-politique que
connait actuellement le pays.
La première question à se pose est depuis quand a-t-on commencé
le dialogue ? Certainement vous penser à l’accord d’El Rancho. Ensuite, pourquoi
cet accord n’a-t-il pas pu déboucher sur la solution ? Certainement vous
penser aux caractéristiques intrinsèque et sous-jacent de la crise. Par
ailleurs y-a-t-il des expériences d’intermédiation socio-politique qui auraient
servi de cadre de référence aux initiateurs de ce processus ? Qui sont effectivement
les commanditaires de la solution ? Y-a-t-il une différence entre dialogue
inter-haïtien et conférence nationale ?
Le concept de dialogue inter-haïtien s’insinuer l’idée de
ce qu’on a appelle au Tchad et au Congo 1990 – 1992), « Conférence nationale
souveraine (CNS). Ce fut un espace de dialogue qui permet aux différents
acteurs d’horizon diverses, c’est-à-dire pas seulement les partis opposées ou
en conflit, de discuter en profondeur des différents problèmes de leur
environnement social. Au nombre de ces acteurs fugueraient des représentants
des partis politiques, de la société civile, groupes professionnels, des forces
de sécurité, des belligérants. Un autre aspect intéressant de cette démarche c’était
représentativité géographique des participants et de l’intérêt des groupes
d’acteurs en présence. Faisons par ailleurs remarquer que dans le cas du Congo le
dialogue s’est étalé sur une année et demi environ. Malgré cela, toutes les
questions socio-politiques n’ont pas été épuisées au point d’en trouver un
consensus.
Revenons à notre série de question : vue le contexte
socio-politique actuelle aura-ton la possibilité d’enclencher un vrai dialogue
qui pourra déboucher sur des solutions fondamentale et durable sur la crise
haïtienne ? Pourquoi a-t-on tous ce temps pour donner un vrai ton au dialogue que moi j’oserai
déjà considérer comme une posture négociation de sortie de crise ? Peut-on
espérer grande chose de ces pourparlers ? Néanmoins si on poserait la
question : qui représente le secteur paysan au niveau des pourparlers serait-il
sérieux de dire que c’est Repons Peyizan, qui le représente ? Même si on l’accepterait
comme vrai, par quel canal était-il désigné pour représenter ce secteur?
Il en est de même pour les autres parties prenantes aux actuels pourparlers
comme la société civile, l’Universitaire, les syndicats / ouvriers, etc.
Bref la société haïtienne est composée de groupe
d’acteurs hétérogènes, le plus souvent ayant des intérêts divergents. Toute
solution ne tenant pas compte de cette diversités d’intérêt en présence et
sous-jacents à la crise, ne serait que provisoire. Un gouvernement de consensus
signifiera la mise en place d’un pacte de gouvernabilité. Cela doit être l’aboutissement
d’un accord global pas simplement un accord sur la formation du gouvernement
mais et surtout sur le contenu du nouveau gouvernement. Ce serait naïf de la
part de certains de commencer à se bagarrer pour savoir qui va avoir tel ou tel
ministère ou secrétairerie d’Etat ? Qui va avoir telle ou telle direction
générale ?
Jean Laforest Visene
Sociologue, MA Sc. Dev.
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Email: visenejl@gmail.com
http://www.visenejl.blogspot.com
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