mercredi 9 mars 2011

Résumé du travail de recherche : « Conditions matérielles et techniques de travail des paysans de Vilou – 8ème section, communale de Maniche, Département du Sud d’Haïti »

Résumé du travail de recherche :
« Conditions matérielles et techniques de travail des paysans de Vilou – 8ème section communale de Maniche, Département du Sud d’Haïti »

Par Jean Laforest Visene

Ce travail porte sur le conditionnement de travail des agriculteurs de la localité de Vilou, situé à Maniche une commune du département du Sud d’Haïti. Cette recherche est motivée par l’intérêt du chercheur pour la question paysanne et aussi par sa conviction qu’il est convenable de poser les problèmes du milieu rural haïtien en tenant compte des spécificités de ses différentes unités géographiques du pays, même les plus petites. Voilà pourquoi le titre du travail est : « Conditions matérielles et techniques de travail des paysans de Vilou – 8ème section communale de Maniche (Département du Sud d’Haïti) ». Il a été présenté en juillet 2000 au Département de Sociologie et d’Anthropologie de la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti.

Cette recherche questionne la liaison entre les conditions de travail des agriculteurs de certaines localités du Département du Sud d’Haïti et le fait que bien qu’ils cultivent des produits vivriers comme le maïs, le mil, le pois etc., ils sont obligés, peu de temps après, d’en acheter ailleurs pour la consommation. Pour parvenir aux conclusions on a procédé à des recherches documentaires, des enquêtes de terrain et avons fait également des observations directes et indirectes. Vilou 8ème section communale de Maniche est une localité témoin pour établir une compréhension du conditionnement des agriculteurs dans le département.

Au cours des recherches on a noté que, la plupart des auteurs qui ont réfléchi aux problèmes qui secouent l’agriculture haïtienne, admettent que l’agriculteur haïtien, généralement, poursuit deux objectifs :
-       Produire pour la subsistance familiale ;
-       Trouver un surplus lui garantissant un certain revenu en espèce.

Les auteurs reconnaissent que, sont parmi les principaux obstacles qui ont rendu difficile l’atteinte de ces objectifs :
-       L’archaïsme technologique ;
-       Des pratiques agricoles primitives ;
-       Le mode de tenure de la terre, caractérisé par la dispersion des lopins de terre et la fragilité des titres de propriété ;
-       Des conditions climatiques défavorables et des intempéries ;
-       La stérilité de certaines terres ;
-       L’exode rural massif ;
-       le manque d’encadrement,

Les objectifs poursuivis dans cette recherche étaient les suivants :
-       Dégager des pistes de solution à certains problèmes agricoles ;
-       Faire une analyse critique des conditions matérielles et techniques de travail des agriculteurs de Vilou à la lumière des exigences scientifiques et techniques en matière de production agricole.

Pour poursuivre ces objectifs on a conçu un cadre théorique où on a discuté des points de vue de cinq théories qui ne sont pas des théories générales, mais spécifiques, dont quatre sont des théories ou des approches de développement régional. A ce niveau on a aussi tenté de faire une typologie de l’agriculture sous - développée dans une perspective traditionnelle. On a également conçu un cadre conceptuel où est figurée la définition opérationnelle des principaux concepts.

De ces cadres, théorique et conceptuel, on a déduit une hypothèse principale à savoir : « Il y a un écart évident entre les caractéristiques des agriculteurs de Vilou et celles  des agriculteurs modernes ». Pour faciliter la collecte et l’analyse des données, on a décomposé l’hypothèse principale en des hypothèses secondaires, visant à décrire les caractéristiques de l’agriculteur de Vilou, à savoir : le niveau d’instruction, l’encadrement reçu, la motivation pour l’acquisition du savoir scientifique et technique de l’agriculture moderne, le revenu annuel, le mode de possession de la terre, le mode de répartition des exploitations et enfin l’étendue des exploitations.

L’échantillon intentionnel est composé de 35 agriculteurs, dont les conditions, d’en faire partie, ont été ainsi définies :
-       Etre agriculteur à Vilou ;
-       Y travailler depuis au moins deux ans.

Le rapport de la recherche est composé de trois parties. Les deux premières subdivisées en deux chapitres et la troisième en trois. Dans la première partie on s’est évertué à présenter le contexte et le cadre de travail. Dans la deuxième partie on a cherché à opposer les caractéristiques de l’agriculteur traditionnel à celles de l’agriculteur moderne, en suivant l’évolution de l’agriculture sur une échelle globale à travers cinq périodes : l’époque de la préhistoire, l’époque des Gaulois, l’époque du moyen - Age, l’après Moyen-âge et l’époque contemporaine. Dans cette partie on a pris en compte quelques aspects qui ont contribué à la modernisation de l’agriculture française.

Au niveau de la troisième partie intitulée : Conditions de travail agricole à Vilou, après avoir, dans un chapitre titré : Présentation de Vilou, exposé les caractéristiques historiques, géographiques, démographiques, économiques, politiques et culturelles de Vilou, on a dans un deuxième chapitre présenté de façon détaillée les caractéristiques de l’échantillon. Ensuite, on a procédé en utilisant une technique statistique dite test sur une proportion, à la vérification des hypothèses secondaires.

Les exigences de la technique statistique utilisée veulent que six des sept hypothèses descriptives secondaires soient confirmées. La seule à être infirmée est l’hypothèse portant sur la motivation des agriculteurs de Vilou pour l’acquisition du savoir scientifique et technique de l’agriculture moderne.

Au troisième chapitre intitulé : L’agriculture à Vilou - Traditionalisme et modernité, compte tenu des résultats de la vérification des hypothèses, on a essayé de situer l’agriculture de Vilou entre le traditionalisme et la modernité. On a démontré que tout concourt à faire de l’agriculture de Vilou une agriculture traditionnelle plutôt que moderne, puisqu’on n’y a trouvé :
-       Aucune structure donnant ou facilitant l’accès au crédit agricole ;
-       Aucun système d’irrigation malgré la disponibilité de l’eau de la  rivière de  Cavaillon ;
-       Aucun bureau, ni agent du Ministère de l’Agriculture à Maniche, voire à Vilou ;
-       Aucune école ou autres structures de formation ou d’initiation aux techniques d’initiation à l’agriculture moderne ;
-       Aucune institution commerciale donnant l’accès aux produits chimiques et / ou phytosanitaires utilisés dans l’agriculture moderne.

On conviendra que dans l’état actuel des choses, toute agriculture qui veut répondre aux besoins de sa population, particulièrement alimentaires, doit se conformer, même à un niveau minimal, à certaines exigences de la modernité.  Existe-il à Vilou des éléments qui permettent d’espérer ? L’analyse autorise à répondre par la négative. Et alors que faire pour corriger le cours de l‘histoire ?

S’inspirant de la vérification des hypothèses et de la grille d’observation, on a fait les recommandations suivantes :

1.    L’implantation de centres d’alphabétisation et de post - alphabétisation pouvant élever le niveau de l’éducation des agriculteurs;
2.    Création de centres d’enseignement agricole accessibles aux agriculteurs et \ ou futurs agriculteurs ;
3.    L’État doit fixer les conditions d’établissement en agriculture;
4.    On doit concevoir des modèles de références adaptés au conditionnement de la zone;
5.    Trouver un canal efficace de vulgarisation des modèles de référence;
           
A ce niveau le groupe de coopération française et du développement a fait observer que : « le changement ne peut intervenir que si les paysans ont accès à l’information et si celles-ci leur arrivent sous des formes pertinentes ». De son expérience il estime que les meilleurs résultats ont été obtenus lorsqu’un personnel compétent est mis en contact avec les agriculteurs.

6.    Donner aux agriculteurs l’accès au crédit, a des engrais et outils adaptés aux sols et aux cultures;
7.    Faciliter l'accès au titre de propriétaire à ceux qui travaillent la terre;
8.    Extension de la superficie des exploitations et l’intensification des cultures;
9.    L’amélioration des plantes cultivées ou leur remplacement par d’autres plus adaptées;
10. Opérer des travaux de protection du sol;

Précisons que l’action de L’Etat sur la terre, les outils  matériels  les plantes, doit-être une action concertée. L’action sur la terre visera essentiellement au maintien de la fertilité des sols, car la fertilité de la terre est la condition première de toute agriculture prospère. L’action sur la terre implique aussi une lutte contre certains procédés de cultures traditionnels, comme la pratique du brûlis. Il faut toutefois signaler que certaines méthodes modernes de culture sont inadaptées car ils ont été conçus pour d’autres sols et d’autres climats. L’action sur les outils matériels consiste à adapter les matériels de travail de l’agriculteur en fonction des considérations d’ordres physiques et économiques.  

11.  Fournir l’accès à des intrants qui facilite l’augmentation de la productivité du sol telle l’utilisation du composte, de la chaume etc.….;

Ce travail aura permis de cerner les facteurs de blocage de l’agriculture dans le département du Sud en mettant en évidence les écarts entre les conditions réelles de travail des paysans et les exigences de l’agriculture moderne.

Jean Laforest Visené
M.A Sciences du Développement

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire