Intégration d’Haïti dans l’Union
Africaine :
Les En-dehors-internes sociojuridiques de cette démarche
Par Jean Laforest Visene
A la Conférence des Chefs
d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine qui s’est tenue à Addis-Abeba,
le 1er février 2012, Haïti, alors, membre observateur, avait formulé la requête
de devenir membre associée, à part entière, de l’Union africaine. La première
République noire indépendante de l’Histoire mondiale a obtenu le statut d’Etat Associé
en février 2015, mais pas un statut de membre de l’Union Africaine au même rang
que les pays membres situés géographiquement dans l’aire du continent Africain et
bénéficiant les mêmes avantages et privilèges.
Des observateurs et chercheurs croyaient
que la demande d’Haïti allait être abordée à la dernière session de l’UA qui s’est
tenu en 2016. Malheureusement, cette question n’a pas été au
menu de l’agenda de l’UA. Il semble qu’Haïti n’a même pas fait de suivi à ce
sujet, si ce dossier n’est pas tombé aux oubliettes des dossiers de la
diplomatie haïtienne. Accommodement diplomatique pour raison d’Etat, passation
de dossier maladroit puisqu’il a eu changement dans les reines de la diplomatie
haïtienne, calcul stratégique ! Nous nous intéressons peu à connaitre les
vrais raisons de ce manquement de la diplomatie haïtienne à ce sujet.
Toutefois nous avons estimé nécessaire
d’explorer le bienfondé et de l’audace de la démarche d’intégration d’Haïti
dans l’Union africaine au titre d’Etat associé, à part entière. Cette étude qui
est en cours d’Edition ayant pour titre : « Intégration d’Haïti dans l’Union Africaine : Les en-dehors-internes
sociojuridiques de cette démarche» permettra à l’intéressé d’avoir une compréhension
de cette porte-folio que la diplomatie haïtienne devait soutenir en raison de
son importance pour le progrès socio-économique et de la quête d’une plus
grande autonomie d’action du pays.
Faut-il comprendre que la démarche
est évocatrice puisqu’il s’agit d’un cas hors-normes et inédit : Un pays
en dehors de l’Afrique souhaitant intégrer dans une entité, qui, dans la lettre
vulgaire, serait réservée aux pays du continent.
Ce travail couvre trois thématiques,
ci-dessous formulée sous forme d’approche de la question d’intégration d’Haïti
dans l’Union Africaine (UA) :
·
La première thématique est le
qualificatif de l’intégration de la République d’Haïti dans l’Union Africaine. Pourrait-elle
être interprétée, simplement, à un acte de reconnaissance de l’appui d’Haïti à
la cause Africaine au travers des vitrines des relations internationales ou pourrait-elle
être motivée par un génome culturel et affectif entre Haïti et l’Afrique ?
·
La deuxième thématique est l’intérêt de cette
intégration tant pour la République d’Haïti que pour les Etats africains.
Offrira-t-elle plus d’opportunités de coopérations économiques et plus de
forces dans la défense des intérêts des concernés au niveau des vitrines de relations
internationales ?
·
La troisième thématique est la
qualité juridique de la République d’Haïti pour être admise au sein de l’Union
Africaine. Est-il possible dans la norme juridique actuelle qu’Haïti soit
accepté comme membre à part entière de l’Union africaine ? Si non,
qu’est-ce qui doit être fait pour y parvenir ?
Voilà pourquoi quand nous
évoquons dans le titre de notre travail le concept « En dehors-interne » nous faisons référence à trois aspects
fondamentaux du domaine du Droit en matière juridictionnel, à savoir : La
qualité, l’intérêt et l’instance.
En effet, l’admission de la
république d’Haïti peut être assimilée à celle de l’admission des Etats-Unis au
sein de l’Organisation Trans-Atlantique Nord (OTAN). Logiquement, l’OTAN devait
réunir que de pays du continent européen. Cependant, pour des raisons
stratégiques et de bonne amitié, les
Etats Unis y ont été admis.
Certes, Haïti ne pourra pas
être admise au sein de l’Union Africaine parce qu’elle représente une force
comme le sont les USA, mais elle semblait avoir témoigné de son amitié avec le continent
africain dont elle est, pour certains, une digne héritière et représentante
dans les Amériques. Le fait notable de cette comparaison est que les deux pays,
les USA et Haïti, intégreraient une organisation à caractère continental, dont
le privilège d’intégration est l’appartenance au continent. Or, tous deux ils se
situent en dehors des frontières géographiques de ces continents.
Ce travail ne
prétend pas faire l’apologie des relations internationales d’Haïti. Mais, il
cherche à investiguer certaines questions afin de comprendre la rationalité sous-jacentes à cette intégration
et le capital qu’elle est porteuse pour les concernés et plus spécifiquement
pour la République d’Haïti.
Couplant cette
recherche entre le domaine du Droit (D) et le domaine des Relations
Internationales (RI), ayant comme sous-disciplines tampons : Le droit
internationale et la coopération internationale, l’emphase est mise dans ce travail
sur trois questions fondamentales, à savoir :
a)
Qu’est-ce qui pourrait valoir
cette admission à Haïti au sein de l’union Africaine ?
b)
Quelles seront les nouvelles
ouvertures de coopération qui s’ouvreront à Haïti par cette admission ?
c)
Quelles sont les pôles de
coopérations les plus rationnelles qu’Haïti pourrait opter afin d’être
efficace, efficient et renforcer ses liens avec les pays africains et aménager
ses rapports avec d’autres grands acteurs internationaux ?
Ces interrogations
sont, en fait, les points fondamentaux de cette recherche, qui n’est pas exhaustive.
Le rapport de
la recherche est divisé en six chapitres. Ci-dessous, nous présentons la
topographie des chapitres.
Chapitre I. Méthodologie de la recherche : Dans ce chapitre nous avons présenté le
problème de la recherche, les théories explicatives et compréhensives du
problème de la recherche, le caractère épistémologique de notre démarche
d’enquête incluant les outils de collecte, d’analyse et d’interprétation des
données, ainsi que les limites de l’étude.
Chapitre II. Présentation de la République d’Haïti : Ici, nous avons
présenté la configuration socio-spatiale de la république d’Haïti, des aspects
historique, économique et culturels, incluant ses forces / atouts et ses
faiblesses. Ce chapitre est le pré-plaidoyer de la défense de la requête d’intégration
d’Haïti dans l’UA.
Chapitre III. Représentation diplomatique d’Haïti au niveau mondiale : Dans ce chapitre nous
avons tentée de faire un essai de compréhension de la représentation
diplomatique de la République d’Haïti par rapport à ses intentions et ambitions
d’intégration de l’Union Africaine. Cet exercice nous a permis de comprendre la
réalité de représentation diplomatique d’Haïti au niveau mondiale et de
formuler des recommandations de refonte de cette représentation eut égard aux
intentions et ambitions déclarées.
Chapitre IV. Faits et évènements marquants des relations
internationales entre la République d’Haïti et l’Afrique : Ce chapitre a permis
de mettre en évidence le combat que la République d’Haïti a mené au niveau
international en faveur de l’Afrique. Cette curiosité nous a permis d’aboutir à
l’interprétation du sens de la magnanimité des pays africains qui accepterait l’admission
de la République d’Haïti au sein de l’Union Africaine.
Chapitre V. Opportunités de l’admission de la République d’Haïti au
sein de l’Union Africaine (UA) : Au niveau de ce chapitre nous explorons les atouts que dispose
la République d’Haïti afin de faire de cette admission une fenêtre d’une autre
forme de représentation diplomatiques et de coopération internationale.
Chapitre VI. De la charte fondamentale de l’Union Africaine (UA) : Dans ce chapitre présentons la charte de
l’Unions africaine afin de cerner les forces et de faiblesses de ce cadre
juridiques dans le souci de déterminer les éléments de stratégie de soutenance
de la démarche d’intégration d’Haïti dans l’Union Africaine.
Les conclusions de l’étude montrent
qu’Haïti a, tant la qualité, que l’intérêt et l’instance pour souhaiter être intégrée
dans l’Union Africaine. Il y est ressorti aussi que les décideurs politiques d’Haïti
ont les moyens juridiques pour soutenir leur requête d’intégration, à part entière
dans l’UA. Le travail conclu que les
caractéristiques anthropologiques, les liens socio-historiques, diplomatiques
aussi bien que les affinités culturelles et humaines qui existent entre Haïti
et l’Afrique constituent un paravent sociojuridique fort en faveur de l’intégration,
à part entière, de la République d’Haïti dans l’Union Africaine.
De plus, l’attache et la rayure
anthropomorphique d’Haïti sont tellement fortes que nulle ne pourra, par effet
de composition avec d’autre civilisation, défaire le pays de son africanité qui
saute aux yeux des observateurs. C’est avec raison qu’Amadou Mahtar l’a
caricaturé ainsi dans ses propos élogieux à l’haïtiannité lors d’un colloque de
l’UNESCO à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti : « Les
africains devaient considérer l’histoire de la révolution haïtienne comme une
partie intégrante de leur histoire et s’efforcer de la mieux connaitre. Longtemps
après, dans les mornes d’Haïti, et sans doute aujourd’hui encore, nombreux sont
les paysans haïtiens qui pensaient qu’après leur mort, leur âme détachée du
corps retraverse l’océan pour aller reposer en paix sur la terre - mère d’Afrique ».
Nous estimons que l’intégration,
à part entière, de la République d’d’Haïti dans l’Union africaine pourrait
renforcer davantage les liens de coopération au développement et de commerce
extérieur entre l’Amérique et l’Afrique. Haïti sera le principal bénéficiaire
puisqu’elle pourrait devenir un pôle de composition de l’action de coopération
et de développement entre les intéressés. Les hommes d’affaires haïtiens auront
l’opportunité d’attirer en investissement associatifs leurs pairs des deux
continents.
En dépit du bien-fondé de cette
démarche, nous avons terminé notre ouvrage en évoquant quelques questions
importantes qui, certainement, sont importantes pour le suivi de cette
porte-folio de la diplomatie haïtienne. Quelle est le protocole afférant à la
démarche d’intégration d’Haïti dans l’Union africaine ? Quelle sont les
principaux obstacles à cette intégration ? Quels sont les risques associés à
une éventuelle intégration d’Haïti dans l’Union africaine ? Ces questions
pourraient être traitées dans la prochaine édition si le besoin demeure.
Les disciplines des sciences sociales et/ou
sciences humaines sont catégorisées en trois groupes : les sciences
positives, les sciences normatives et les disciplines spéculatives. Notons que
celles qu’on qualifie de sciences normatives sont celles dans la finalité est
l’application. De ce fait, elles produisent des prescriptions même si ses
recommandations ne sont pas contraignantes. Pour plus de détails voir www.visenjel.blogspot.com sur lequel vous trouverez deux articles qui approfondissent ces trois
catégorisations. Le premier article est : « Le jugement à travers le
discours » ; le deuxième est : « Le sociologue haïtien
entre la neutralité axiologique et l’activisme social ».
Professeur à l'Université d'Etat d'Haïti
Sociologue, M.A. Sciences du Développement
Membre fondateur du Collectif Educa-Dev (COED)
Email: visenejl@gmail.com
http://www.visenejl.blogspot.com